9.1.3 Sh 2 : L’Image Spéculaire de la M.A.S. : l’Institution Totalitaire

P.Chavaroche nous dit que, dans ces M.A.S. où prévaut l’imago maternelle, « se réalise peut-être ce fantasme de fusion qui anime le psychotique, ce désir inconscient de retour dans une matrice originelle ou toute différence, toute séparation est abolie. Il peut également s’agir d’un fantasme autistique, d’une unité émotionnellement neutre, d’une abolition de tout mouvement pulsionnel qui efface le désir de chacun ». Or, « il n’est pas possible, à moins d’un système totalitaire qui réduirait [chacun...] à un modèle standard, de réaliser ce voeu du ’tous pareils’ » (1996, p. 76). A moins d’un système totalitaire... effectivement. Et c’est bien la présence de ce dernier, dans les murs mêmes de la M.A.S., qu’il s’agit pour nous de questionner ; c’est là l’objet de notre deuxième sous-hypothèse, dont le libellé est le suivant :

A la violence du traumatisme [de la confrontation au handicap] répondrait une impossibilité de mise en travail de ce lieu idéal par l’imaginaire, dans l’espace littéraire utopique, qui signerait l’impossibilité pour l’utopie de se déployer sur l’aire transitionnelle qui garantit son potentiel élaborateur et se caractériserait par un passage brut de la sphère du fantasme dans celle de la réalité matérielle.

Cette incapacité de mise en pensée et de mobilisation de l’imaginaire trouverait ses symptômes dans la réalité matérielle, dans le recours à un modèle architectural externe très stéréotypé... emprunté aux lieux de l’enfermement : le modèle de l’institution totalitaire, reprise spéculaire du lieu idéal de bonheur recherché.

Afin de discuter du bien fondé de cette proposition, nous nous proposons d’examiner dans un premier temps la validité de la relation spéculaire que nous supposons entre la M.A.S. et le modèle goffmanien, pour ensuite tenter d’en identifier l’origine, conformément à la première partie de notre sous-hypothèse.