10.3 De l’Architectural au Psychique : la problématique du Cadre

Comment traiter de la question du cadre, sans faire référence au texte princeps qui en propose l’abord psychanalytique ? Opérant, au sein de la situation analytique, la distinction entre le processus et le cadre, J.Bleger (1966) nous invite dans Psychanalyse du cadre psychanalytique à être attentif à la dialectique qui s’instaure entre ces deux composantes, la première – le processus – étant l’ensemble des variables, des phénomènes constitutifs de la relation thérapeutique reposant sur le champ transféro-contre-transférentiel, la seconde – le cadre – renvoyant aux constantes qui permettent le déploiement du processus. Dans ce but, le cadre, nous dit-il, se doit donc d’être un non-processus, « ni ambigu, ni fluctuant, ni altéré » (ibid., p. 273)... « il est l’implicite dont dépend l’explicite » (ibid., p. 259).

Au nombre des constantes du cadre, l’auteur range les dimensions spatiale et temporelle, dont on sait maintenant dans les M.A.S. le rôle hypertrophié que remplit la première, tout en figeant la seconde. Pour ce qui est du cadre institutionnel, qui nous occupe ici, on retrouve bien cette distinction et cette dialectique que pose le texte princeps de J.Bleger, et l’importance de l’espace est maintes fois notée par ses suiveurs. Ainsi, J.P.Pinel (1994) compte parmi les principaux constituants du cadre institutionnel, l’organisation et la découpe spatio-temporelle. De même J.C.Rouchy explique qu’en institution, le « lieu [...] a bien entendu une importance réelle et symbolique. Selon que ce sera un espace clos, privé, spécifique dans son utilisation, ou un lieu de passage, un carrefour entre les autres lieux du service » (1990, p. 23) le processus thérapeutique n’y subira pas les mêmes aléas. Nous allons voir que pour ce qui concerne les M.A.S., l’imaginaire même qui y est attaché et qui révèle la présence enkystée du refoulé originel dépasse largement ces seules contingences.

Il s’impose alors de reprendre ce que nos analyses ont dégagé de ce qu’il en est des liens existant entre dispositif de prise en charge thérapeutique et espace de/dans les institutions, pour examiner comment la question du cadre vient s’y (op)poser, d’une façon qui nous semble tout à fait déterminante.