Nous donnerons ici une image des limites et du contexte géographique de notre étude. Le plateau centre-anatolien est constitué de différentes régions qui seront examinées successivement. Ce court chapitre présentera également les paysages et la zone géographique de notre étude.
L’ensemble du plateau est relativement élevé (1132m) :
‘« Cette valeur exprime bien la massivité et la faible aération du relief de la péninsule, où des chaînes périphériques enserrent de hauts plateaux intérieurs. » 14 ’Le plateau est délimité au nord par la chaîne Ponthique, hauteurs qui bordent la rive méridionale de la mer Noire, au sud par le Taurus et ses contreforts, à l'est par le cours de l'Euphrate, à l'ouest la limite géographique, plus difficile à tracer, se trouve dans les piedmonts des hauts plateaux de Phrygie. La zone délimitée comprend les villes actuelles d’Eskişehir à Afyon, Konya, Niğde, Sivas, Tokat et Ankara 15 . Elle inclut les provinces administratives (vilayet) d’Ankara, Yozgat, une partie de celle de Sivas, Kırşehir, Nevşehir, Kayseri, Niğde, une partie de celles de Konya et d'Eskişehir 16 . Plusieurs sites se trouvent hors de cette zone, car il est difficile de ne pas tenir compte des trouvailles extérieures au plateau car celui-ci était un lieu de passages et d'échanges. Les délimitations culturelles sont difficilement perceptibles, la répartition d'un type de céramique ne suffisant pas à circonscrire une région. Nos connaissances restent succinctes, il est impossible d’établir des frontières entre les différents états qui occupent le plateau mais seulement des régions d’occupation. Cependant nous pouvons fixer des limites géographiques, ensuite il est possible de déterminer si les différences internes correspondent aux régions historiques que nous évoquerons dans notre thèse.
Les circulations entre le plateau et la côte de la mer Noire à travers les chaînes Pontiques se font par les vallées du Kızılırmak (Halys) et du Yeşilırmak. Le Kızılırmak prend sa source dans les montagnes de l'est, décrit une large courbe à travers la partie septentrionale du plateau central avant d'obliquer vers le nord et de se jeter dans la mer Noire entre Samsun et Sinop 17 . Les chaînes Pontiques possèdent de nombreuses ressources minières. Au nord, la limite du plateau est plus proche de la côte qu’au sud. Les dénivelées y sont bien inférieures, les chaînes Pontiques faisant partie d’un système montagneux abrupt, massif mais certainement plus "ouvert" que le Taurus par un système de nombreuses vallées transversales se dirigeant vers la mer Noire. Les monts Pontiques apparaissent discontinus et formés d'alignements parallèles, séparés par des vallées longitudinales 18 . La chaîne Pontique s'élève progressivement de l’ouest vers l'est où les versants tournés vers le littoral deviennent très abrupts.
La partie septentrionale du plateau entre la Sakarya à l'ouest et la région de Sivas à l'est est plus compartimentée, par des chaînes de montagnes et de nombreuses plaines bien irriguées. La zone ouest comporte par les villes actuelles d'Eskişehir, d'Ankara et d'Afyon, drainée par de nombreux fleuves dont le Porsuk et la Sakarya. Elle est formée de plateaux élevés. L'altitude des plaines, plateaux et reliefs résiduels de l'Anatolie intérieure dépasse 1000 m. La ligne de base des plateaux, formée par le fond des plaines intérieures, se trouve dans la partie sud, aux alentours de 1000 m. Ankara est à 850 mètres, Eskişehir à 788 et Afyon à 1021. Cette zone intègre l'ensemble des plateaux intérieurs et les massifs de Kırşehir et d'Ankara au nord ; seule la Cappadoce, qu'on peut considérer comme appartenant aux plateaux intérieurs en termes hydrographiques, échappe à cette région.
La partie méridionale autour du Tuz Gölü est constituée de plaines steppiques avec à l'est des contreforts montagneux. La Cappadoce méridionale est parcourue par des plaines alluviales qui implique une fertilité très importante dans ces régions.
De Niğde à Sivas, des reliefs assez élevés forment la limite est du territoire considéré. Ils appartiennent au bassin versant du fleuve Kızılırmak, incluant Kayseri. Sivas, située dans une vallée, se trouve à 1285 mètres. Les sommets de la chaîne du Taurus ont une altitude moyenne de 2000 mètres, qui culmine à 3585 mètres aux monts Bolkar au sud-est de la région centrale. Le Taurus, la barrière montagneuse méridionale, chaîne karstique très boisée, présente deux passages : les Portes Ciliciennes 19 entre le plateau, Ulukışla, et la plaine côtière, Tarse et les gorges d'Alahan et la vallée du Göksü entre le plateau, Karaman, et la plaine, Silifke. Cette chaîne est riche en minerais : fer et argent ou plomb argentifère (Bulgar Maden). En terme de "barrières", le Taurus est plus "haut", et surtout moins traversé par des vallées, donc plus "fermé" que la chaîne Pontique.
Les liaisons entre le plateau et l'Anatolie occidentale sont facilitées par de larges vallées est-ouest notamment du Menderes et du Gediz, plus au nord. Entre Afyon et Konya, limite ouest de notre zone de travail, se trouvent plusieurs lacs d'importance variable. Les lacs de Pisidie, la plaine de Konya et la région du Tuz Gölü, forment un même ensemble géographique : les dépressions intérieures de l'Anatolie centrale. L'altitude du fond de ces dépressions lacustres se situe autour de 1000 m. Elles s’insinuent au cœur des plateaux, où elles creusent des plaines qui reçoivent le drainage des plateaux, sauf au nord de cette zone, qui appartient, au nord-ouest au bassin du Porsuk, et au nord au bassin du Kızılırmak. Le bassin hydrographique de l'Anatolie comprend des rivières qui ne coulent pas vers la mer, mais dans des dépressions qui sont souvent reliées entre elles parfois plus encaissées et s'organisent en drainage orienté au nord, vers la mer Noire.
KUZUCUOĞLU, ROBERTS, 1998, 8.
Cf. Pl. 3. Emplacement des entités politiques évoquées.
Cf. Pl. 4. Découpage administratif de 1971. DEWDNEY, 1971, Fig. 1.
BITTEL, 1976, 4.
HOGARTH, 1902, 15.
THOMIN, 1928.