2. 2. 2. 4. Les autres sites

A la suite de plusieurs fouilles, sont apparus les premiers rapports généraux 302 rendant compte des progrès de la recherche. Autour du temple d’Auguste à Ankara, dans la zone sud-ouest, est apparue de la céramique phrygienne, semblable à celle du tumulus III de Gordion, et à celle de Pazarlı et d’Alişar, peut-être du VIIe siècle. A Çankırıkapı, la céramique phrygienne plus ancienne ressemble à celle de Troie VII b 303 . En 1946, les fouilles de plusieurs tumuli à Ankara 304 débutent ; elles durent jusqu’à nos jours 305 . Plusieurs trouvailles sont issues de fouilles dans la ville même, notamment quelques objets en bronze 306 de l’époque phrygienne. Un relief de Cybèle du VIe siècle a été mis au jour dans le quartier de Bahçelievler 307 . Plusieurs orthostates représentent des lions, des sphinx, des griffons, un taureau, un cheval, deux Cybèle 308 . Ils dateraient de 700 environ. Certains 309 ont proposé une date plus basse 600-550 ou 550-500.

A Yalıncak, sur le campus de l’Université technique d’Ankara, un höyük a été fouillé. La stratigraphie y est assez complexe : une citadelle romaine, une occupation byzantine, deux niveaux hellénistiques recouvrent et perturbent deux niveaux phrygiens. Tezcan a trouvé un orthostate en andésite rouge avec un lion et une inscription grecque 310 . La céramique grise atteste la présence des Phrygiens ; c’est la plus ancienne occupation du site. Il n’y a pas d'occupation entre cette période et la phase hellénistique 311 .

Un niveau phrygien avec de la céramique et de l’architecture a été reconnu à Büyük Güllücek 312 . On y trouve de la céramique avec des cerfs de style Alişar IV, ce qui est cohérent car les deux sites sont proches l’un de l’autre.

Le site de Karahöyük (Elbistan) 313 est partiellement occupé au premier millénaire ; une inscription hiéroglyphique y a été découverte. La céramique présente des motifs analogues à celle de Boğazköy II, d’Alişar 4cM et 4bM.

K. Bittel explore le site de Demircihöyük (entre Eskişehir et Boğazköy). La fouille du site de Kültepe Kaniş est reprise par les Özgüç, en 1948. Les fouilles turques se multiplient à Yalova, Ahlatlıbel (Ankara), Fidanlık (Ankara), Karalar (63 km au nord d’Ankara), Göllüdağ (63 km au nord de Niğde), Alacahöyük, Karaoğlan-Hacılar (23 km au sud d’Ankara), Bitik, Bolu, Konya, Pazarlı (vilayet de Çorum), Thrace, Karahöyük (Elbistan), Haşhöyük (Yozgat), Hacırbayram (Ankara), Kültepe (Kayseri) et dans la région du Hatay 314 . Tous ces sites ont révélé des occupations de l’âge du Fer qui n’ont pas été publiées.

La cité de Midas, pl. 11 315 , est placée sur une hauteur juste derrière le monument appelé tombeau de Midas. Il ne subsiste pas de traces de céramique Alişar IV, contrairement à la céramique grise poreuse. Le matériel métallique est constitué essentiellement de fibules, comparables à celles de la période phrygienne classique et de pointes de flèches. Selon Gabriel, la ville fut fondée vers 715 et elle subsista jusqu’en 275 316 .

Yenidoğan exploré par B. Tezcan, près de Polatlı et de Gordion, a une superficie plus grande que Gordion.Il y a environ cinq tumuli à proximité du site 317 . Le site n'a jamais fait l'objet d'une publication monographique, comme la plus part de ceux évoqués ci-dessous.

Le höyük de Kayapınar 318 , à dix-sept kilomètres d’Artova, a révélé une couche phrygienne avec de la céramique peinte et grise.

Le site d’Alaeddintepe près de Konya a été fouillé par R. Arık 319 , dans les années 50, mais il n’a pas été publié jusqu’à présent. Une nouvelle investigation a eu lieu dans les années 70 320 . Il aurait servi de refuge à la population de Karahüyük, à dix kilomètres au sud de Konya, ce dernier ayant été pratiquement déserté après 1200. Un tumulus phrygien a été exploré près d’Afyon 321 . Il a une structure interne en bois.

Une prospection 322 a été conduite par J. Mellaart, dans la partie sud de l’Anatolie et en particulier dans quatre régions : l’est de la plaine de Konya, la zone entre Afyon et Konya, le sud-ouest du plateau, la vallée du Gök Su avec la Cilicie. La plaine de Konya ainsi que le triangle Aksaray-Karaman-Ulukışla a fourni de la céramique Alişar IV. J. Mellaart étudie la répartition des tessons gris ou avec des motifs zoomorphes. Pour la première fois, une prospection est exploitée de cette façon. Il superpose la répartition de la céramique à la répartition des inscriptions et détermine que la zone où l’on trouve de la céramique de type Alişar correspond à celle où l’on trouve des inscriptions hiéroglyphiques hittites 323 . Il se demande si la céramique peinte de type Alişar IV est phrygienne ou pas. Il arrive à la conclusion que :

‘“By the process of elimination we have seen that neither the Alişar IV nor the black-on-red and black-on-white wares can be claimed as genuine Phrygian and their presence at Phrygian sites must be explained by trade.” 324

Le site de Kültepe est fouillé par T. Özgüç. Il possède une ou deux couches d’occupation phrygienne. La céramique est semblable à celle de Karahüyük 325 . On trouve dans la couche ancienne de grands vases avec des cerfs et des oiseaux comme à Alişar. De plus petites jarres se retrouvent dans des strates plus récentes 326 . Parallèlement, il se développe des productions peintes semblables à celle de Gordion, mais moins fines. Les productions grises ou noires sont très rares, ce qui est dû à des différences de répartition de la céramique phrygienne à l’est et à l’ouest du Halys. Les produits locaux sont monochromes rouge foncé, avec un engobe lissé et quelques exemplaires brun clair. Certains bâtiments sont entièrement en pierre, y compris l’élévation. L’enceinte phrygienne a été réparée à l’époque hellénistique et romaine 327 . Un grand palais hittite semble réaménagé à l’âge du Fer. Dans la zone nord-ouest, des maisons du Bronze récent n’ont pas brûlé 328 . Kültepe n'a pas au début de l’âge du Fer une grande importance politique ou culturelle. Mais il exerce un contrôle sur les routes principales d'Elbistan, Malatya et Sivas. Il devient une ville importante du royaume de Tabal, qui sera probablement détruite par les invasions assyriennes, cimmériennes ou perses. L’architecture et par conséquent le pouvoir de la ville semblent moins importants qu'au deuxième millénaire. Deux phases se superposent ; toutes deux terminées par une destruction 329 . Plusieurs statues en ronde bosse ont été retrouvées, remployées dans les murs des maisons du village moderne 330 .

Les recherches se sont étendues à l'ensemble de la région de Kayseri et de Malatya ; il semblerait que les sites importants et fortifiés soient nombreux. Les constructions s'installent sur des tells dans la plaine : Karahöyük, Arslantepe, Kültepe, Sultanhan Höyük. Certaines sont placées sur des sommets difficiles d'accès : Kululu, Çalapverdi, Havuzköy, Göllüdağ. Les fouilleurs 331 ont proposé au contraire de voir Kültepe comme la capitale du royaume de Tabal. Çalapverdi serait une forteresse pour la défense du royaume, sur sa frontière nord. Göllüdağ serait la limite sud-ouest de l'Etat et appartiendrait peut-être au royaume de Tuwana. Plusieurs chercheurs proposent de voir Kültepe dans une sphère culturelle plus proprement anatolienne (phrygienne) et donc sans rapport avec les royaumes de Tabal ; cette opposition illustre parfaitement les problèmes de définition des frontières des Etats anatoliens. La région de Kayseri est parsemée d’importantes cités fortifiées. Les royaumes de Tabal comprendraient la région de Kayseri, Milid, les environs d’Elbistan, Kammanu Kashku, Hilakku et le royaume de Tuwana. Le matériel caractéristique comporterait des statues avec ou sans inscription, des stèles inscrites avec des hiéroglyphes ou avec des sculptures en relief, des orthostates et de la céramique peinte. Özgüç étudie la répartition des différents types de céramique. Il met en doute l’appellation de phrygienne pour la céramique peinte 332 . En ce qui concerne les tumuli, il ne semble pas y en avoir à l’est du Kızılırmak avant la période hellénistique, sauf à Kerkenes Dağ et à Pazarlı, qui sont peut-être sous domination phrygienne. Il est possible que l’utilisation des sépultures phrygiennes se soit propagée dans la région de Yozgat (qui est hors de Tabal).

Le site d’Eskiyapar 333 a fourni de nombreux tessons de la période phrygienne jusqu’au VIe siècle. Certains pourraient appartenir à des époques plus anciennes, notamment de la transition entre l’âge du Bronze et celui du Fer.

Le site d’Amorium, Hergan Kale est connu entre autres pour son occupation byzantine, mais il existe aussi des niveaux phrygiens au-dessus de niveaux hittites, fouillés par N. Fıratlı 334 .

De Düver, près d'Hacılar, proviennent des plaques de revêtement en terre cuite ; elles ont été vendues chez Sotheby à Londres, en février et juillet 1964 335 .

A Alacahan, a été mis au jour un cimetière de l’âge du Fer proche de la citadelle fortifiée 336 . Les mentions concernant ce site pour cette période sont peu abondantes.

En 1965, a débuté une prospection en Anatolie centrale 337 . I. A. Todd a procédé à un ramassage systématique des objets de surface. Ce travail est le premier du genre sur une étendue aussi large. Le matériel de l’âge du Fer a été étudié dans les années 80 par G. Summers 338 .

Le site de Sultanhan a été fouillé au début des années 70 et une inscription hiéroglyphique y a été mise au jour 339 . Le niveau de l’âge du Fer se trouve sous des bâtiments hellénistiques. Très peu de tessons du Bronze récent y ont été découverts. Il existe deux phases de l’âge du Fer.Un système de murs construits dans la pente fait partie de la citadelle détruite. Ce type de construction est comparable aux fortifications de Boğazköy, Akalan, Havuzköy et Kerkenes Dağ.

Le site de Topaklı a fourni du matériel des périodes anciennes, moyennes et récentes phrygiennes. Polacco 340 se fonde pour cette chronologie sur les travaux d’Akurgal. La période ancienne date donc du VIIIe siècle.

Des efforts ont été faits pour tenter de déterminer ce qu’est le royaume de Tyana et ses liens avec le royaume de Tabal, quelle en est la culture matérielle 341 notamment en explorant les caractéristiques des différents sites. Tepebağları est situé à la zone de contacts entre l’Anatolie et la Phrygie. Les fouilles débutent en 1972 et durent jusqu’en 1974 sous la direction de N. Özgüç. Il existe sur le site deux phases phrygiennes 342 . La céramique peinte est de bonne qualité et de type Alişar IV 343 , ainsi que la céramique grise monochrome. Le site semble avoir plus de contacts avec l’ouest qu'avec le nord. L’enceinte est constituée de grandes pierres. Une stèle inscrite au nom du fils de Warpalawas a été retrouvée à Niğde 344 .

Porsuk est fortifié à l’époque phrygienne. Le niveau III possède de la céramique comparable à celles de l’époque de Midas à Gordion au VIIIe siècle 345 . Une inscription en hittite hiéroglyphique, déchiffrée pour la premièrefois par E. Laroche 346 , mentionne un roi local : Parahwaras, inconnu par ailleurs 347 . Les productions céramiques semblent montrer des similitudes entre la Tyanitide, la région de Gordion et la ville de Midas. Ce site sur une grande voie de communication contrôlait vraisemblablement l’accès aux Portes Ciliciennes. Il est à la limite sud de notre aire de recherche. Les couches hellénistiques et romaines sont très importantes et rendent l’accès au niveau de l’âge du Fer parfois difficile. Il y a cinq niveaux d’occupation, du Nouvel Empire hittite à l’époque romaine impériale. La première monographie de la série sur Porsuk est publiée en 1983 348 . Porsuk est peut-être Tunna, mentionnée plusieurs fois dans les textes du Nouvel Empire hittite. Il existe à proximité d’importants gisements de gypse, de plomb, de zinc et d’argent, ainsi que des réserves plus modestes d’or et de cuivre 349 . On trouve aussi un calcaire de bonne qualité dans le Taurus. La surface habitable est de quatre hectares. La population devait atteindre un millier d’habitants.

‘“Sans être de première importance, le site a, de toute façon, joué sans conteste un rôle qui dépasse sa taille effective : tour à tour forteresse hittite tournée vers le Kizzuwatna, avant-poste cilicien orienté vers le plateau, place forte d'un royaume néo-hittite, avant de finir, beaucoup plus tard, comme colonie romaine, il occupe de fait une position stratégique qui a toujours été le facteur déterminant de son histoire.“ 350

Au niveau IV, Porsuk serait un site cilicien, un avant-poste pour prévenir les invasions par le nord. On retrouve des reconstructions ou des réutilisations de bâtiments hittites. Les niveaux du Fer ancien du Xe-IXe siècles portent des traces de destruction et d’incendie dus à une invasion par Salmanazar III en 837. Ce roi dans les annales de sa 22ème campagne 351 signale son avancée jusqu'aux monts Tunni et Muli, après soumission de vingt-quatre rois de Tabal. Ce site qui appartient au pays de Tabal, a pu jouer un rôle dans l’exploitation des mines de plomb argentifère de Bulgar Maden 352 .Porsuk fait partie du royaume de Tuwana qui occupe la Cappadoce méridionale. La forteresse était destinée à résister à l’Assyrie. Les nouveaux occupants sont, peut-être ceux-là même qui ont détruit le niveau hittite 353 et qui s’installent sans laisser de couche intermédiaire. Dans la céramique du niveau du premier âge du Fer, on remarque des similitudes avec le matériel de Tarse. L’hypothèse de l’arrivée de cette nouvelle population se fonde sur des parallèles avec la céramique de Cilicie. La réoccupation immédiate serait peut-être liée au contrôle des mines de plomb argentifère proche du site.

A Gökbez, près de Niğde et de Bor-Kemerhisar une sculpture rupestre 354 a été décrite par E. Faydalı 355 . Elle ressemble aux représentations hittites et néo-hittites.

A Kaynarca, près de Niğde, a été fouillé un tumulus qui contenait du matériel en bronze très semblable à celui de Gordion 356 . Il remonte à 725-700. Le matériel serait originaire d’un atelier de Gordion.

Le site de Keşlik entre Altınhişar et Çiftlik dans les environs de Niğde fait parti du royaume de Tabal, pl. 68 357 . A 1500 m entre deux sommets de 2200 m-2700 m, une découverte fortuite a révélé un relief en andésite locale mal travaillée. Le sol du site est rocheux, ce qui rend difficile toute interprétation stratigraphique. Ce constat a conduit les chercheurs à considérer qu’il s’agissait d’un lieu de culte. Le site de Dikitaş a livré une stèle avec un relief représentant un homme barbu, pl. 69 358 . Elle est placée dans une dépression et entourée de cupules. Il existe plusieurs reliefs dans la même zone. Le site de Tasvan Tepesi est situé dans le seul passage vers Çiftlik et Göllüdağ. Ces stèles auraient été élevées durant la seconde moitié du VIIIe siècle. A Kimk, c’est un relief dans les rochers qui a été observé, à Aksaray, une stèle hiéroglyphique fragmentaire 359 .

Au Göllüdağ 360 , des fragments de cratères sont comparables à ceux de Gordion mais pas à ceux d’Alişar. Les tessons plus fins ressemblent à ceux d’Alaeddintepe. Durant les campagnes de 1968 et 1969, des questions concernant la zone d’occupation et les raisons de la construction du site sont abordées. L’architecture se rapproche de celle de Gordion et les lions sculptés d'Ankara ressemblent à ceux du Göllüdağ. L’expansion de la Phrygie sous Midas au VIIIe siècle a entraîné des échanges avec les Louviens locaux. Les échanges à partir de cette date se font à une échelle internationale, à Gordion, il existe des objets assyriens et urartéens 361 . Le culte phrygien de Matar Kubile se serait transformé en dévotion à la déesse de Carchémish, Kubaba. Il est assez difficile dans ces conditions de déterminer une culture matérielle propre à un Etat 362 .

Dans les années 70, les travaux ont repris à Karahöyük 363 . Plusieurs études ont porté sur les inscriptions de Niğde (musée) 364 et de Bulgar Maden 365 .

Une prospection 366 dans les provinces de Tokat et de Sivas a révélé qu’un certain nombre de sites se concentrent dans les plaines majeures ; souvent il ne s’agit pas de hüyük mais de petites installations sur des éperons rocheux. Le but scientifique de cette prospection était :

‘“I wanted to look for parallels outside the area, establish the direction of any influence and then to test the pottery groups against physical boundaries and consider their relationship, if any, to known political boundaries.“ 367

Dans la zone de Kazova et ses environs, onze sites de l’âge du Bronze ont été reconnus. A l’âge du Fer, dix sont toujours occupés et sept nouveaux sont établis. Dans les plaines d’Erbaa et de Niksar, huit occupations de l’âge du Bronze sont toujours en usage et un nouveau site est créé. La population grandit graduellement. Dans la vallée du Kızılırmak, le schéma est un peu différent, sur sept sites reconnus avec du matériel du Bronze ancien, deux seulement possèdent des occupations du Bronze récent. A l’âge du Fer, en revanche, il existe dix implantations 368 . Les grands ensembles de productions céramiques se trouvent d’une part à Gordion et d’autre part à Boğazköy, Alişar, Alaca, Eskiyapar, et plus loin à Kültepe, Arslantepe, Malatya, Kululu, Suluca Karahöyük-Haci Bektaş. Par cette nouvelle approche du problème, Durbin désigne les céramiques peintes comme indépendantes de l’appellation phrygienne, car il n’y a pas de preuve d’une occupation par les Phrygiens dans cette région, antérieure aux invasions cimmériennes. De même, il n’existe pas d’indices urartéens ni néo-hittites. L’appellation culture d’Alişar IV est difficile à utiliser car le terme n’est pas assez bien défini, les chercheurs ont donc choisi le terme de céramique peinte d'Anatolie centrale de l'âge du Fer. Les productions seront décrites dans le chapitre concernant la céramique 369 . Cette prospection est représentative de l’évolution de la densité de la population. La région est plus densément occupée à l’âge du Fer qu'auparavant. Les groupes de poteries ne correspondent pas à aux limites politiques. La zone de Tokat et de Sivas trouve ses parallèles les plus proches dans les régions de Boğazköy et de Kayseri. Ces zones communiquent par des routes dans les voies naturelles qui facilitent les échanges.

Le site d’Aktepe/Bolus près de Tokat 370 était densément occupé à partir du XIIIe siècle et pendant la première moitié du premier millénaire. A l’âge du Fer, la ville basse n’est pas occupée comme c’est souvent le cas à cette période à Alişar, à Maşat et à Kültepe. Özgüç propose une nouvelle interprétation de l’apparition du motif du cerf sur la céramique de type Alişar IV (cf. le chapitre concernant la céramique 371 ).

Une étude sur les reliefs post-hittites 372 a tenté de réunir tout le matériel disponible tant en Turquie que dans les pays limitrophes. W. Orthmann aborde le problème du Taurus et souligne son importance comme emplacement stratégique. Il note l'influence de la Syrie du nord sur les régions du sud du plateau.

Un article de R. Boehmer signale les éléments phrygiens reconnaissables dans les reliefs d’Ivriz et de Bor 373 . L’étude des motifs sur la céramique ou les objets en bois conduit à trouver de nombreux parallèles dans des représentations égyptiennes, syriennes, urartéennes et assyriennes. Les personnages portent des vêtements en tissu phrygien. Il existe des mentions de paiements de tributs en tissus. Certains ont pu être offerts comme cadeaux royaux 374 . Les travaux de T. Özgüç à Kululu 375 ont révélé plusieurs reliefs en pierre, notamment un lion qui date du dernier quart du VIIIe siècle et qui ressemble à ceux trouvés à Sakçegözü, Maraş, Arslantepe 376 . Plusieurs bandes de plomb portant des inscriptions ont été déchiffrées 377 . Elles portent des noms de ville et de “peuples”. Kululu déterminerait la frontière est du pays de Tabal aux environs de Tilgarimmu (Gürün). Il est possible que les incursions assyriennes dans le pays de Tabal traversent cette région. Le royaume reprend son indépendance sous Sennachérib. Selon T. Özgüç, une école d’art s’est développée dans cette région. Ce centre était soumis aux influences des royaumes voisins et d’Assur. L’occupation comportait un mur d’enceinte et des bâtiments “royaux” de la seconde moitié du VIIIe siècle. Plusieurs inscriptions hiéroglyphiques, des fibules, des sceaux, une attache de chaudron et de la céramique ont été recouvrés.

Au deuxième millénaire, le palais du niveau III du site de Maşat Höyük est détruit par les Kashka sous Tudhaliya III, avant la prise et la mise à sac d’Hattuša. Suppiluliuma II rétablit le pouvoir hittite mais ce n’est plus une résidence de fonctionnaires, la ville devient un avant-poste sur la frontière face aux Kashka 378 . Une lettre destinée à Tudhaliya III relate la menace militaire des Kashka qui sont aux portes du pays et de la ville. L’occupation phrygienne est caractérisée par une citadelle et des quartiers d’habitation peu denses 379 . Il n’y a pas de murs de fortification. Une hypothèse propose d’interpréter cette absence comme une perte d'importance de la ville mais il semble plus probable que l’enceinte n’a pas encore été mise au jour et qu’elle est semblable à celle de Karaoğlan, Hacılar, Gâvurkalesi, Pazarlı, Alişar et Boğazköy. L’âge du Fer à Maşat se divise en trois phases. La plus ancienne (750-600) est implantée sur les ruines du palais hittite. Le site est déserté aux périodes hellénistiques et romaines. Les productions céramiques ne sont pas différentes de celles trouvées en Anatolie centrale, en particulier dans la courbe du Halys et dans le sud. Les différences stratigraphiques sont corroborées par les différences typologiques. Toute une partie de l’Anatolie, bordée par une ligne Sivas-Malatya à l’est, par le Halys-Kızılırmak à l’ouest, par la Mer Noire au nord et par le Taurus au sud, semble produire le même type d’objet. Il est même difficile de discerner des différences locales 380 .

Hawkins 381 fournit une première liste de lieux avec des inscriptions en hittite hiéroglyphique : Karatepe, Carchémish, Cekke, Sultanhan, Kayseri, Suvasa, Topada, Çiflik, Kululu, Ivriz, Bor, Bulgar Maden, Andaval, Niğde, Aksaray, Bohça, Karaburun.

Plusieurs études linguistiques 382 tendent à prouver que le thrace et le phrygien étaient deux langues indo-européennes. Elles auraient été introduites dans le sud-est de l’Europe par un territoire au nord-est pendant la seconde moitié du troisième millénaire ou au début du deuxième et atteindraient l’Anatolie à la fin du deuxième 383 .

Notes
302.

KÖKTEN, 1944, 659-680. ÖZGÜÇ, 1946, 609-622.

303.

ÖZGÜÇ, 1946, 557-597.

304.

ÖZGÜÇ, AKOK, 1947, 57-85. AFETINAN, 1949, 479-500.

305.

FIRATLI, 1959, 203-208. Cf. Chap. 5. Architecture et pratiques funéraires. 5. 2. Ankara.

306.

MELLINK, 1960, 57-69.

307.

MELLINK, 1961, 37-52.

308.

BULUÇ, 1988, 16-23. Cf. Chap. 6. Sculpture.

309.

PRAYON, 1987.

310.

MELLINK, 1964, 149-166. TEZCAN, 1964, 40-56.

311.

TEZCAN, 1966, 110.

312.

KOŞAY, AKOK, 1957, 29-31.

313.

ÖZGÜÇ, 1949.

314.

ARIK, 1950, sites évoqués tout au long de l’ouvrage.

315.

HASPELS, 1951. GABRIEL, 1952. CHAPUT, 1941. Cf. Pl. 11. Acropole de la cité de Midas. GABRIEL, 1965, pl. 1.

316.

GABRIEL, 1965, 1.

317.

MELLINK, 1973, 169-193.

318.

TEMIZER, 1954, 317-330.

319.

MELLINK, 1955, 231-240.

320.

AKOK, 1975, 217-224.

321.

UÇANKUŞ, 1976, 305-334. Cf. Chap. 5. Architecture et pratiques funéraires. 5. 4. Les autres sites et carte de répartition.

322.

MELLAART, 1955, 115-136.

323.

MELLAART, 1955, 117. cf. Chap. 7. Céramique, 7. 2. 3. La céramique d’Alişar

324.

MELLAART, 1955, 126.

325.

MELLINK, 1958, 91-104. La céramique sera examinée en détail dans le chapitre 7. La céramique.

326.

MELLINK, 1959a, 73-85.

327.

MELLINK, 1962, 71-85.

328.

MELLINK, 1962, 71-85. Cf. Chap. 4. Architecture de l'habitat et stratigraphie. 4. 2. 4. Les autres sites.

329.

Aucune indication n’a permis d’établir les circonstances de ces destructions.

330.

Cf. Chap. 6. La sculpture.

331.

ÖZGÜÇ, 1971, 120-122.

332.

ÖZGÜÇ, 1971, 122.

333.

BAYBURTLUOĞLU, 1979, 293-303.

334.

MELLINK, 1962, 71-85.

335.

MELLINK, 1963, 173-190.

336.

MELLINK, 1965a, 133-149.

337.

TODD, 1965a, 13-14. TODD, 1965b, 34. TODD, 1966a, 15-16. TODD, 1966b, 43-48.

338.

SUMMERS, 1994, 241-252.

339.

EMRE, 1971-72, 87-138. MELLINK, 1972, 177.

340.

POLACCO, 1972-73, 85-100. POLACCO, 1974, 125-139.

341.

MELLINK, 1979, 249-257.

342.

ÇINAROĞLU, 1976, 215-218.

343.

MELLINK, 1973, 169-193.

344.

Cf. Chap. 6. Sculpture.

345.

Une pierre ponce a d’abord été interprétée comme un sceau avec des lettres de l’alphabet phrygien, maisil s’est avéré qu’il s’agissait d’un aiguisoir.

346.

PELON, communic. pers.

347.

HAWKINS, 1969, 99-109. 3. Les sources écrites. 3. 5. 2. 2. Atuna.

348.

DUPRE, 1983.

349.

Mînes de Bulgar Maden.

350.

DUPRE, 1983, 128.

351.

En 837. Cf. Chap. 3. Les sources écrites. 3. 3. 3. Salmanazar III.

352.

PELON, 1983, 75-78.

353.

PELON, 1994, 157-162.

354.

Cf. Chap. 6. Sculpture

355.

FAYDALI, 1974, 135-136.

356.

AKKAYA, 1987, 31-36. AKKAYA, 1988, 20-26.

357.

ÇINAROĞLU, 1989, 7. Cf. Pl. 76.Région, Keşlik. Ibid., fig. I. 1.

358.

Cf. Pl. 77. Stèle, Keşlik. Ibid., fig. II. 1.

359.

MELLINK, 1977, 289-321.

360.

TEZCAN, 1968, 211-235. TEZCAN, 1992, 1-30.

361.

Cf. Chap. 8. Petits objets.

362.

MELLINK, 1979, 249-257.

363.

ALP, 1976, 707-709.

364.

KALAÇ, 1976, 239-244.

365.

KALAÇ, 1976-1977, 61-69.

366.

Par Ch. Burney. DURBIN, 1971, 99-124.

367.

DURBIN, 1971, 99.

368.

Ibid., 103.

369.

Cf. Chap. 7. La céramique.

370.

ÖZGÜÇ, 1978, 105.

371.

Cf. Chap. 7. La céramique.

372.

ORTHMANN, 1971, ensemble de l'ouvrage.

373.

BOEHMER, 1973, 149-172. Cf. Chap. 6. Sculpture.

374.

Ibid., 156.

375.

ÖZGÜÇ, 1973, 1-30.

376.

Cf. Chap. 6. Sculpture

377.

HAWKINS, 1987, 135-162.

378.

MATTHIAE, 1986.

379.

ÖZGÜÇ, 1982.

380.

Ibid., 121.

381.

HAWKINS, 1979, 153-167.

382.

CROSSLAND, 1971, 225-236.

383.

Ibid.