4. 1. 2. Boğazköy

Les données ont été révélées par les fouilles de ces dernières années. Cependant, des investigations en 1952-1954 avaient révélé des restes architecturaux contemporain de céramique légèrement antérieure à celle de Büyükkale II et I. La reprise de ce secteur de Büyükkaya a permis d’approfondir les premières hypothèses. Il est difficile d’établir les liens avec Büyükkale où des traces des périodes postérieures ont été mises au jour.

La stratigraphie de Büyükkaya a été divisée provisoirement en cinq phases 803 . Elle couvre l’ensemble de la période du Fer ancien 804 . La stratigraphie par ses différences de niveaux révèle aussi différents niveaux d'architecture. La compréhension de la stratigraphie est indispensable à la compréhension de la chronologie aussi bien de l'architecture que de la céramique. La première étape est celle des dépôts du Sombre Zeitalters sur le plateau moyen. La seconde est caractérisée par la céramique facettée peinte en rouge et par certaines fosses, datant toujours des âges obscurs. Au cours de la troisième période, la colonisation à grande échelle du sommet de Büyükkaya est entreprise. Elle correspond aux premières couches décrites dans les premiers rapports. Elle représente la première manifestation de la culture “phrygienne” d'Anatolie centrale, elle précède en grande partie la phase Büyükkale II. Cette période, la quatrième et la cinquième seront surtout examinées dans la partie 4. 2. 2. Boğazköy aux IX e et VIII e siècles. La période obscure se divise en trois phases : ancienne, moyenne et récente. Les deux autres phases concernent la période postérieure entre les IXe et IVe siècles 805 . Elles se trouvent au milieu du plateau, dans une dépression formée par un grand silo hittite. Les dépôts de l’âge du Fer se trouvent jusqu’à deux mètres cinquante de profondeur et ils s’étendent sur la pente jusqu’à une limite inconnue 806 (en 1995). Dans la phase ancienne, les édifices sont délimités par des poteaux, probablement les restes de clayonnages. Aucun plan complet n’a été retrouvé. Les trous de poteau étaient profonds de 20-50 cm, ils contenaient encore souvent des restes de bois non brûlé. Trente et un poteaux avaient un diamètre de 10-15 cm. Ils étaient alignés et peuvent avoir servi pour des murs de clayonnage enduits d’un crépi d'argile. Nous ne savons pas si ces constructions étaient semi-souterraines. Cette période débute juste après la fin de l’empire au XIIe siècle.

Les bâtiments semi-souterrains de la phase moyenne se caractérisent par des fosses rectangulaires (jusqu’à huit mètres sur cinq) avec des restes de planches de bois sur le sol et le long des murs. Il n’y a aucune trace de l’élévation ni de la toiture.

Au cours de la phase la plus récente, les espaces d’habitat étaient rectangulaires, certains carrés ne mesurant pas plus de quatre à six mètres de long, pl. 30 807 . Aucune combinaison de plusieurs unités pour former un seul édifice n’a été mise au jour, mais seulement des ajouts de pièces plus petites. Une pièce rectangulaire (sept mètres sur cinq) a été installée avec des fondations en pierres, pl. 30. Grâce aux trouvailles faites de l’intérieur, il a pu être déterminé qu’il s’agissait d’un atelier de travail du bronze et du fer. En fonction de la céramique, il semble que la datation corresponde à la fin du Fer ancien ou au début du Fer moyen. Plusieurs plaques de métal ainsi que des fragments de casseroles, des outils de forgerons et de multiples foyers ont permis d’établir qu’il y avait au moins deux forges superposées et que la zone alentour était aussi dédiée au travail du métal 808 . L'utilisation d’éléments parallélépipédiques comme sur le mur ouest de bâtiment au nord-ouest du carré 354/428 est une exception, pl. 30. En général les constructions sont en moellons. L’architecture est simple, des petits édifices, la plupart avec une seule pièce ; des petites pièces ajoutées servaient parfois au stockage, voir pl. 31 809 . L’élévation des murs était en briques crues et en bois, à la différence des bâtiments de Büyükkale qui sont en grande partie en pierre. Des seuils ont été retrouvés mais l’on suppose aussi que certaines édifices avaient des accès par la toiture 810 . Plusieurs pièces étaient au moins en partie semi-souterraines. Dans certains cas les nouvelles constructions coupent les plus anciennes et souvent les pierres des fondations étaient réutilisées, pl. 32 811 . On retrouve des banquettes parallèles aux murs, avec les restes partiels d'un crépi d'argile, ainsi que le long des murs sud et ouest d'une construction dans le carré 352/427, pl. 33 812 . Ces éléments ainsi que les foyers à coupole forment l'unique équipement intérieur reconnaissable des maisons. Dans le carré du plan 354/430, pl. 30., une banquette en pierre était disposée devant le mur de sud-ouest d'un édifice. Dans les maisons ainsi que dans les cours, on repère des fours en dôme et des soles de foyer ouvert. Les fosses de tailles différentes étaient fréquentes mais il n’y a aucune indication quant à leur utilisation. Des fosses à coupe transversale en cloche avaient environ 50-80 cm de profondeur et un mètre de diamètre au niveau du sol.

Le petit village, sans bâtiment important 813 , était placé au sommet d’une colline, probablement pour sa sécurité. Les zones d’occupation n'étaient pas distinctes pour les personnes et les animaux, contrairement à la période hittite 814 . Il est curieux que les restes de la forteresse aient été utilisés comme source de matériel ou comme fondation des bâtiments anciens plutôt que restaurés pour permettre la protection des habitants. Aucune trace de fortification n’a été mise au jour. Les murs ne sont pas toujours l’indicateur sûr d’une habitation car ils délimitent aussi des cours, des enclos pour les animaux ou des bords de chemin. Des fosses à l’extérieur des constructions pour le stockage ou le dépôt d’ordures datent de toutes les phases, les dispositifs sont le plus souvent en cloche. La zone où les restes architecturaux ont été mis au jour étant très restreinte, comme dans le cas de Gordion, il est difficile de tirer des conclusions de ces données.

Si l’on compare Büyükkaya avec la première construction phrygienne (BK II) de Büyükkale qui n’a pas de date bien fixée, il semble que la nouvelle zone de fouille soit antérieure. BK I montre, nous le verrons dans la seconde partie, qu’il y a eu des mesures préventives pour faire face aux invasions cimmériennes 815 . A la période dite BK II, Büyükkaya était abandonnée. Il n’y a pas de traces de combats lors des invasions cimmériennes. Il existe quelques traces d’occupations plus tardives.

Notes
803.

SEEHER, 1998a, 327-331.

804.

H. GENZ communic.pers.

805.

Cf. 4. 2. 2. Boğazköy

806.

SEEHER, 1995, 613.

807.

Cf. Pl. 30. Plan schématique de la phase récente, Büyükkaya. SEEHER, 1996, Abb. 17.

808.

SEEHER, 1997, 327-331 ; 1998b, 235-239.

809.

Cf. Pl. 31. Une pièce avec un appentis pour le stockage, Büyükkaya. SEEHER, 1998b, 72.

810.

SEEHER, 1995, 613.

811.

Cf. Pl. 32. Enchevêtrement des constructions, Büyükkaya. SEEHER, 1998b, 72.

812.

Cf. Pl. 33. Les carrés 349-352/427-428, Büyükkaya. SEEHER, 1996, Abb. 18.

813.

Ibid., 333-362.

814.

SEEHER, 1995, 613.

815.

Op. cit.