8. 1. Les pesons et fusaïoles

En raison d’une absence de typologie définie, de l’abondance d’objets de ce type et du peu de lien avec leur contexte stratigraphique, ils sont peu publiés. Ils sont très difficiles à dater s’ils ne proviennent pas de contextes stratifiés. A Alişar, ils sont en terre cuite ou en pierre. Les pesons ont des formes parallélépipédiques ou ovales avec une perforation dans la partie supérieure, pl. 419 ¹⁸⁵⁹ . Sur cette planche, les numéros a 466 et a 198, sont des lampes à pied haut qui sont probablement plus récentes. Les pesons b 75, b 201, b 497, b 876 sont des pyramides tronquées avec une perforation dans la partie supérieure. Les fusaïoles sont biconiques, coniques, tronconiques oudiscoïdales (pl. 419-422) ¹⁸⁶⁰ . Certains exemples en terre-cuite sont grossiers, pl. 419, n° b 881 ¹⁸⁶¹ , alors que d’autres, en céramique, pl. 420, pl. 411 ou en pierre, pl. 423 sont polis et décorés de lignes parallèles verticales ou horizontales ¹⁸⁶² . A Karahöyük, les formes (biconique ou discoïdales) sont semblables mais certaines sont décorées de lignes verticales, pl. 424 ¹⁸⁶³ . A Kaman, les fusaïoles sont mal cuites avec du sable comme dégraissant ¹⁸⁶⁴ . Plusieurs fusaïoles apparues à Porsuk pourraient dater de la première moitié du premier millénaire, notamment PK 71/24 ¹⁸⁶⁵ ; les autres sont difficiles à situer. Les fusaïoles reflétant une économie domestique sont très fréquentes sur tous les sites. A Gordion, certains bâtiments contenant un très grand nombre de fusaïoles ont été interprétés, pour la plupart, comme des édifices servant à la fabrication de textiles de luxe.

A Gordion, dans CKD/CK ¹⁸⁶⁶ , a été mis au jour un peson ovoïde ; c'est l'un des seuls exemples stratifiés et le seul du premier âge du Fer.

Les rares études sur l'utilisation de ces fusaïoles à l'âge du fer en Anatolie proviennent, à notre connaissance, de Gordion. Leur nombre s'y élève à plus d'un millier, elles étaient attachées à une extrémité du fuseau de bois et servaient pour tirer et filer des fibres de laine ou de lin en des fils utilisables. Leur taille est très variable, certaines sont semblables à des perles, d'autres à des pesons légers. Le poids moyen était de 24 g, mais la majorité ne dépassait pas 20 g. Comme le démontre l'anthropologie, il semble que les fusaïoles les plus légères aient servi pour apprêter les fils les plus fins, en particulier de laine ¹⁸⁶⁷ . Les plus lourds aidaient à filer deux ou trois fils ensemble pour tisser des textiles plus épais. Aucun peson des bâtiments de la Terrasse ou Clay Cut n'a de signes distincts de décoration, la plupart sont asymétriques, biconiques, avec des surfaces lisses et parfois un engobe de mica. Un certain nombre d'entre eux a révélé des traces de dégraissants végétaux standardisés. Il existe dix types différents de profils et de formes mais après examen de leur répartition aucune conclusion concernant une éventuelle organisation n'a pu être élaborée ¹⁸⁶⁸ .

Les pesons de Gordion sont ronds avec un large trou central. Ils étaient probablement tous à l'origine en terre séchée au soleil mais ils ont été conservés accidentellement par l'incendie de la citadelle de la fin du VIIIe siècle. Ils étaient faits à la main et grossiers, la paille servait parfois de dégraissant végétal à une argile avec des graviers. Deux ensembles sont apparus dans antichambre du Terrasse Building 2 et du Clay Cut Building 1. Les différentes formes ovoïdes, coniques et cylindriques ne supposent pas des techniques de tissages différentes. Le poids moyen était de 500 g. et la majorité des pesons pesaient entre 400 et 700 g. Leur poids étant élevé, cela suggère que les tissus élaborés étaient épais et lourds, et non fins et élaborés.Contrairement aux pesons de l'Antiquité, il semble que ceux de Gordion aient été directement attachés aux chaînes de fils à tisser (au moins 15 fils), par leur trou central ¹⁸⁶⁹ . Dans des bâtiments de la Terrasse, deux exemples de lignes de pesons encore en place déterminent que les métiers à tisser utilisaient deux rangées de 20 pesons.