Les principales conclusions proviennent de la céramique et de l'architecture. L'étude de la céramique telle qu'elle est élaborée actuellement ne permet pas de formuler de concept mais d'établir des différences, des similitudes et des amorces de chronologies. Nous avons gardé à l'esprit la citation d'Henrickson, évoquée dans l'introduction du chapitre sur la céramique et avons constaté combien cette évidence est oubliée lorsque l'on s'efforce d'établir des typologies à partir de matériel très fragmentaire. Les principes qui ont prévalu à l'élaboration des vases sont souvent imperceptibles de nos jours ce qui conduit à réduire l'étude à un examen formel ; les études sur la céramique du plateau entre le XIIe et le VIIe siècle portent sur les productions les plus fines, les plus caractéristiques. La typologie des productions de couleur chamois ou des productions communes n’a jamais été faite. Il est très difficile d'établir des typologies par région, sur chaque site très souvent les différents types cohabitent ; sans comptage et sans publication fiable, il est parfois malaisé d'établir quel est le groupe dominant.
Pour les IXe et VIIIe siècles, malgré les divisions de la typologie, nous avons noté de nombreuses similitudes d'un site à l'autre surtout parmi les motifs (complexes ou simples) de la céramique peinte. Il semble donc que, malgré des différences, la céramique peinte de Gordion rejoigne une "koinè" de céramique peinte qui s'étend d'Anatolie centrale avec Alişar, jusqu'en Syrie du nord avec les sites de Carchémish, Malatya, Hama. Cette appartenance se traduit par l'utilisation de systèmes comparables de compositions et de motifs. Les Phrygiens ont élaboré un style qui leur est propre à partir d'influences européennes, locales et nord-syriennes, qui permet d'individualiser Gordion par rapport aux autres sites du plateau et de la koiné. Ainsi les styles à lignes ondulées, ornés du Brown-on-Buff et à impressions complexes sont des particularités qui n'apparaissent qu'à Gordion. Ces styles, ainsi que celui à chevrons et triangles, retrouvés sur une large zone dans la partie ouest du plateau, pourraient être ancrés dans la culture locale.
Dans quelques cas 2236 , il existerait des liens directs entre Gordion et l'est par l'intermédiaire d'Alişar. Gordion ne semble pas l'initiateur du concept qui anime la koinè, vraisemblablement l'inspiration provient de l'est et du sud-est du plateau, en particulier de la tradition solidement ancrée en Syrie, des dessins géométriques. Le style dit Alişar IV, avec ses silhouettes d'animaux pourrait représenter une version propre au plateau d'un style figuratif syro-palestinien ayant des antécédents au deuxième millénaire 2237 .
L'emploi du décor sombre sur fond clair semble généralisé sur le plateau anatolien entre le XIe et le VIIIe siècle, le décor bichrome apparaît dans les niveaux anciens à Gordion et à Büyükkale et se trouve dans la couche 4b d'Alişar peut-être contemporaine du niveau III de Porsuk et d'une couche de Kültepe 2238 . Malgré l'existence d'une koinè culturelle, au moins quatre ensembles culturels ont cohabité : dans la région de Gordion, de Boğazköy, d'Alişar et de Porsuk. Ces ensembles sont identifiés par des différences locales comme certaines formes, par exemple les bols à collerette de Porsuk.
Non précisés par G.K. Sams. SAMS, 1994a, 135.
NIZETTE-GODFROID, 1978, 129-134.
DUPRE, 1983, 109.