2.1.2 Vers une approche élargie du travail et de l’analyse des transformations du monde ouvrier.

La volonté de se dégager d’une conception déterministe de l’évolution du travail par le progrès technique est également accompagnée d’un essai de dépassement du cadre de l’entreprise. Ainsi, même si comme le présente Pierre Tripier (1997), Friedmann attribuera excessivement à Mayo l’idée d’une réduction de l’univers de l’ouvrier à celui de son univers de travail, il n’empêche qu’il s’intéressera aux contraintes méthodologiques de l’observation et de l’enquête qui fixent le sociologue sur le lieu de travail de l’ouvrier et cherchera à prolonger l’analyse sociologique hors des murs de l’entreprise afin de rendre compte, en plus de cet univers particulier et dans le même temps, « ‘des appartenances micro-sociales de chacun (sa famille, son voisinage, sa localité) et de sa position macro-sociale (position de classe, appartenance nationale) ’» [Tripier, 1997, 445], ou dit autrement à accéder à une approche élargie du travail. Dans les années soixante / soixante-dix, deux courants, le premier représenté par Alain Touraine le deuxième par l’école de Cambridge, entreprendront alors en sociologie du travail de favoriser cette perspective qui consiste à sortir d’une vision déterministe du travail en donnant plus de place au travailleur et à ses univers sociaux multiples.