Du fait des objectifs visés dans la problématique et de la position que nous avons décidé d’adopter pour aborder la question des transformations du métier d’agriculteur, nous avons accordé tout au long de cette recherche une attention particulière au travail de terrain en référence à une théorie fondée sur les faits, telle qu’elle a été développée par Glacer et Strauss (1992) et qui suppose de ’théoriser au cours de la recherche’64. Nous présenterons donc les étapes successives de ce travail découlant des choix conceptuels que nous avons précédemment explicités en montrant comment nous avons essayé de respecter la rigueur nécessaire à une telle posture. Du fait du caractère progressif à partir duquel nous avons élaboré notre cadre d’analyse, renvoyant à une succession d’étapes que nous avons dû réaliser au fur et à mesure, les éléments de présentation du type de traitement des données que nous avons effectué ne seront retracés que dans leurs grandes lignes. Nous y reviendrons, plus en détail, en temps utile. Après avoir donné quelques indications sur le terrain d’étude choisi, nous limiterons donc la présentation de la mise en oeuvre de notre dispositif aux principales opérations de recherche induites par notre cadre théorique.
Nous faisons référence à la contribution proposée par J.-C. Kaufmann (1998) sur les exigences d’une sociologie qui contrairement à une démarche classique séparant ’théorie’ et ’pratique’ propose, en référence à C. W. Mills (1967), de ’théoriser’ au cours de la recherche. Cette démarche procède par ’une rupture épistémologique progressive’ et demande des efforts particuliers au sociologue dans le travail d’interprétation lors de l’écriture des résultats de recherche.