a) Première opération de traduction : reconstitution du champ des significations mobilisées par les experts pour rendre compte des transformations du monde de l’élevage

La première opération a consisté à partir de notre analyse du corpus expert, à élaborer un premier schéma permettant de rendre compte de la manière dont les experts se représentaient la question des changements en cours dans le monde de l’élevage. [figure 2]. Pour l’élaboration de ce schéma, les registres de significations auxquels les experts se référaient pour caractériser ces changements ont été ordonnés suivant deux axes principaux. Le premier correspond à la distinction qu’ils opèrent entre ce qui est de l’ordre de l’établi, d’un côté, que ce soit ce qui ’pèse’ sur l’avenir de l’élevage ou ce qu’il conviendrait de conserver pour le développement de cette activité, et ce qui est de l’ordre de ’l’émergent’, de l’autre, qu’il s’agisse de ce vers quoi il conviendrait d’aller ou de ce qu’il faudrait éviter. Le deuxième correspond aux jugements qu’ils portent sur la ’proximité’ ou ’l’éloignement’ de ce qui se joue dans les transformations du monde de l’élevage au regard des normes dominantes dans ce secteur de production.

Sur ces bases, nous avons pu mettre en évidence quatre types de positions à partir desquels s’organisent et circulent les débats auxquels donnent lieu ces transformations avec :

  • un premier pôle renvoyant à une insistance sur le fait que l’élevage est avant tout une activité économique, insistance qui s’accompagne d’une certaine méfiance à l’égard des ’nouvelles’ fonctions récemment attribuées à l’agriculture et de l’affirmation de la nécessité de sauvegarder sa vocation première : produire ;

  • un deuxième pôle se caractérisant de manière similaire au premier pôle, par une référence à la dimension productive de l’élevage mais associée à l’accent mis sur la nécessité d’une prise de conscience du fait que cette activité doit être aujourd’hui raisonnée en fonction de la demande, pour passer d’une ’production de masse’ à une ’qualité de masse’ ;

  • un troisième pôle marqué par un caractère très ambivalent, correspondant à la dénonciation, d’une part, d’un système jugé dépassé, qui n’est plus compatible avec la définition actuelle de l’élevage et à un attachement, d’autre part, à un monde qui a su rester raisonnable et garder son ’authenticité’ ;

  • un quatrième pôle également assez ambivalent se caractérise par l’association d’une dénonciation de systèmes productifs insuffisants pour répondre à la demande et d’une reconnaissance de la capacité de ces éleveurs à inventer de nouveaux créneaux productifs.

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Figure 2 : champ des significations mobilisées par les experts pour rendre compte des transformations du monde de l’élevage.