7.1.1 Un modèle de référence ’hérité’ dont il est difficile de se dégager

On a ici à faire à des éleveurs dont la conception du métier reste basée sur le modèle de l’exploitation familiale moderne développée dans les années soixante / soixante-dix. Même si certains d’entre eux, du fait de leur âge, n’ont pu être les participants actifs de cette ’modernisation’, ils se reconnaissent tous comme les héritiers directs de ce que la profession présente comme l’âge d’or du développement agricole. Non pas forcément qu’ils aient été réellement parmi les éleveurs les plus modernistes mais parce que le modèle de ’l’agriculture moderne’ développé dans les années d’après-guerre, constitue leur cadre de référence exclusif. Essentiellement ainsi, c’est au regard de ce qu’elle implique de risque de ’retour en arrière’, qu’ils appréhendent la situation présente de l’élevage. Pour expliciter ce type de rapport au changement et ce que recouvre cette idée de ’retour en arrière’, nous insisterons sur deux points très prégnants dans les propos de ces éleveurs. Le premier est relatif à la ’valorisation’ des avancées techniques développées dans les années soixante et à l’usage qui en a été fait par les éleveurs allaitants. Le deuxième est relatif à l’attachement de ces éleveurs aux figures traditionnelles de l’élevage. A partir de la référence faite à ces deux objets de référence à l’âge d’or du développement agricole, nous tenterons de montrer comment pour ces éleveurs, c’est l’idée d’une certaine articulation entre ’modernité’ et ’tradition’ qui fait la spécificité du discours de ce premier modèle de construction de leur rapport au monde de l’élevage.