a) Une revanche prise sur le passé

Pour un premier groupe d’éleveurs, ce qui apparaît fondamental, c’est de chercher à se démarquer de ce qui définissait jusque là leur monde professionnel et à faire connaître (et reconnaître) cette rupture. Très réactifs à l’égard du fonctionnement établi du monde de l’élevage, ils voient en quelque sorte dans sa crise actuelle l’occasion de prendre leur revanche et de voir leurs efforts et leur détermination enfin récompensés. Ils marquent notamment clairement leur opposition à un modèle jugé ’classique’, construit selon un mode de distinction en ’métiers’ sur lequel ils n’avaient aucune prise et dans lequel ils étaient enfermés. C’est donc en s’opposant à ce modèle qu’ils jugeaient inégalitaire qu’ils ont en partie réussi à s’affirmer dans le monde de l’élevage. Nous pouvons donner ici deux exemples de cette façon de relire l’histoire de l’élevage et leur histoire personnelle. Le premier correspond à l’attitude adoptée par un éleveur à l’égard du monde des sélectionneurs pour percer dans le métier, et le deuxième renvoie à la leçon ’technique’ tirée de la fin de l’utilisation autorisée des hormones de croissance174. Nous allons montrer dans la présentation de ces deux exemples comment ces éleveurs se sont appuyés sur certains éléments de l’histoire de l’élevage charolais articulés à leur propre expérience pour trouver le moyen de ’faire valoir’ une nouvelle forme d’exercice de leur métier.

Notes
174.

D’autres exemples auraient pu être choisis ici, telle que la manière dont une personne, défiant ce monde de l’élevage, s’est installée en ce qu’il est d’ordinaire appelé une exploitation ’hors cadre familial’.