Section 8.1 Une identité de ’métier’

Une première forme identitaire peut être proposée pour expliciter l’importance que certains éleveurs donnent dans leur récit biographique à la spécificité que recouvre le fait même d’être un éleveur. Ceux-ci présentent leur activité en mettant d’abord en avant un souci de faire connaître les différents ’métiers’ de l’élevage allaitant et faire ressortir le fait d’être avant tout naisseur, éleveur traditionnel, sélectionneur..., ou en insistant sur les particularités de l’élevage charolais par rapport à d’autres ’corporations’ et notamment les éleveurs laitiers, les céréaliers, les horticulteurs... Cependant, cette caractéristique resterait insuffisante pour distinguer ce type d’éleveurs d’autres éleveurs eux aussi préoccupés par la nécessité de se démarquer d’autres types d’activités, si l’on ne prenait pas en compte la manière dont ils inscrivent leur revendication identitaire dans un espace localement restreint.

Cette première forme identitaire caractérise six des vingt et un éleveurs enquêtés (e02 ; e03 ; e12 ; e15 ; e16 ; e20). Les deux tiers d’entre eux se sont installés avant 1980, et ont un niveau d’étude équivalent au bepa. Pour autant l’âge de ces éleveurs est assez hétérogène et étendu puisque le plus ancien est né en 1935 et le plus jeune en 1967. Ces éleveurs sont plutôt installés sur des exploitations à titre individuel de petites ou moyennes dimensions, dans des zones d’élevage parfois difficiles (zone de montagne) et ont une activité principalement orientée vers la production d’animaux maigres. Peu d’entre eux déclarent avoir ou avoir eu des responsabilités professionnelles et tous cherchent à diversifier les relations avec l’aval de la production.

Mais voyons donc comment ces éleveurs présentent leur expérience professionnelle en insistant successivement sur les aspects relatifs à la dimension ’pratique’, puis à la dimension ’biographique’ et enfin à la dimension ’relationnelle’ de leur métier.