Conclusion : une position sociale qui fait d’abord appel à une ’culture’ de l’élevage

Nous dirons des éleveurs que nous avons classés dans cette première forme identitaire qu’ils sont représentatifs de ce que nous appellerons ici un profil en termes ’d’identité de métier’ qui permet pour un nombre non négligeable d’éleveurs rencontrés (concerne six éleveurs sur les vingt et un) de faire ressortir dans le récit biographique qui est le leur, l’importance qu’ils donnent à la spécificité de leur travail en tant qu’il se distingue d’autres activités agricoles (telles que la production laitière ou les grandes cultures) d’abord et recouvre un métier bien défini dans la filière bovin allaitant (sélectionneur, naisseur, emboucheur) ensuite.

Nous pouvons ajouter à cette présentation à partir du relevé de caractéristiques de position (présenté en annexe III-2) que ces éleveurs installés en majorité dans les années soixante-dix, ont été formés ’sur le tas’ et ont pour la plupart un niveau d’étude qui ne dépasse pas le Brevet d’Enseignement Professionnel Agricole (BEPA). Ce sont le plus souvent des exploitants agricoles à titre individuel sur des systèmes de production très spécialisés, caractérisés pour l’essentiel en tant que producteurs d’animaux maigres sur les zones à forte dominante herbagère. Pour ces éleveurs, le travail avec les animaux est fondamental et constitue généralement le principal indicateur de l’excellence professionnelle et signe de reconnaissance dans leur monde. Ce qui importe alors avant tout c’est l’attention portée au troupeau en tant qu’il assure, par exemple, la réputation d’un éleveur dans l’univers compétitif des concours.

En termes de système de relations, ces éleveurs accordent une importance aux réseaux d’interconnaissance ’personnelle’ souvent localisés du fait de l’importance donnée aux lieux de reconnaissances situés géographiquement par les marchés locaux et les concours. Plutôt défavorable à l’adhésion d’un Groupement de Producteurs en apport total et en confiance, la plupart de ces éleveurs vendent leurs animaux par l’intermédiaire de négociants privés, qui selon eux sont plus à même de valoriser leur travail de producteurs ’indépendants’, ou bien ne confient au groupement de producteurs qu’une partie de leur vente et avec discussion du prix des animaux avant leur livraison, se donnant ainsi le droit de contrôler la vente. Enfin, si certains d’entre eux ont des responsabilités professionnelles, il s’agit toujours de responsabilités cantonnées dans leur ’petite région’ en opposition à un appareil professionnel qui est marqué par le risque de perdre le ’sens des réalités de terrain’.