Conclusion - La mise en avant d’un secteur d’activité économique dynamique

Nous dirons de ces polyculteurs-éleveurs qu’ils renvoient à une forme identitaire ’d’entrepreneurs’. Nous avons classé dans cette deuxième forme identitaire sept éleveurs qui se définissent en référence à ce que leur travail, comme celui de tous les vrais chefs d’entreprises agricoles, implique d’activité ’stratégique’, pour gérer un ensemble de contraintes et d’opportunités. Le maître mot est celui ’d’adaptation’.

Ces éleveurs sont très soucieux de présenter leur installation comme un choix délibéré, répondant à la volonté de donner un nouveau développement à l’entreprise familiale. La majorité d’entre eux a adopté une forme juridique d’exploitation en gaec ou correspond à des exploitations employant officiellement au moins deux UTH (EARL, exploitation individuelle avec emploi de salariés permanents, ...). L’accent est mis sur l’importance lors de l’installation de la remise en cause globale de l’exploitation. Plutôt jeunes, (il s’agit essentiellement d’agriculteurs de moins de quarante ans installés à partir du début des années quatre-vingt) ils ont pour la plupart un niveau de diplôme au moins équivalent au Brevet de Technicien Agricole (BTA) et insistent fortement sur la réflexion préalable nécessaire à la reprise d’une exploitation agricole. Leur exploitation est plutôt de taille importante (avec des surfaces en moyennes supérieures à 180 hectares et des cheptels supérieurs à 100 vaches allaitantes).

En se définissant souvent comme des polyculteurs-éleveurs ou des éleveurs-engraisseurs, la plupart d’entre eux (par ailleurs situés sur les zones mixtes de l’élevage) mettent l’accent sur la complémentarité et la combinaison des différentes activités sur leur exploitation (atelier d’engraissement, céréales, élevage). Pour eux la qualité d’un élevage dépend de la capacité de ceux qui y participent à s’organiser et à coordonner leurs activités et à disposer d’une gamme de produits diversifiés permettant de livrer ce qui se vend au meilleur moment. De plus, une certaine simplification des tâches est explicitement revendiquée en opposition au culte de l’animal pour l’animal qui caractérise une tradition charolaise à leurs yeux dépassée.

Du point de vue du système de relation, ce deuxième groupe se caractérise, à l’inverse du précédent, par un très fort investissement dans les structures collectives mises en place pour assurer une meilleure régulation de la production. Ils vendent notamment leurs animaux ’en confiance’ aux Groupements de Producteurs (dans lesquels ils ont souvent des parts sociales). Ils sont également très présents dans les diverses organisations en charge de la représentation de leur secteur de production, avec une attention particulière à la défense ’économique’ de leur profession.