1.2 Cadres théoriques généraux

1.2.1 Principes de catégorisation

A l’origine, le projet de Rosch & Lloyd (1978) dans l’ouvrage collectif ’Catégorisation et cognition’ qui réunissait des psychologues, mais aussi des linguistes et des anthropologues, était de s’intéresser aux catégories sémantiques ’naturelles’ porteuses de signification et préalables aux évaluations expérimentales. L’idée originale était de placer les processus de catégorisation dans une perspective’naturaliste’, rompant ainsi avec la tradition de la psychologie cognitive qui les considérait alors comme des processus de résolution de problèmes à partir d’opérations logiques. Dans cet ouvrage Rosch avance l’hypothèse que

’la catégorisation humaine ne doit pas être considérée comme le produit arbitraire d’un accident historique ou d’un caprice, mais bien plutôt comme le résultat de principes psychologiques de catégorisation’ (Rosch, 1978 ; p. 27).

C’est en présentant la construction des catégories comme le résultat d’une interaction entre des stimuli et des traitements perceptifs, qu’elle se démarque de l’approche logiciste, allant jusqu’à proposer que ces processus adaptatifs pourraient comprendre

‘’l’imagerie, les définitions ostensives, les raisonnements analogiques, les métaphores’ (Rosch & Lloyd, 1978 ; p.2). ’

Ainsi le monde réel qui contient des ’objets intrinsèquement séparables’ est structuré parce qu’il existe aussi des co-occurrences entre les propriétés de ce monde, qui ne sont pas indépendantes les unes des autres (Rosch et al., 1976).

Très vite, il devient nécessaire pour Rosch, les catégories une fois formées, d’introduire un niveau de catégorisation privilégié

‘’at which the most basic category cuts are made’ (Rosch et al., 1976 ; p.1) ’

d’une part, et à postuler, d’autre part, un gradient à l’intérieur des catégories, de l’exemplaire le plus typique vers l’exemplaire le moins typique, à partir d’une représentation particulière. C’est de cette contrainte conceptuelle initiale que vont émerger les concepts secondaires de niveau de base de prototype et de typicalité. La plupart des travaux qui ont prolongé ceux de Rosch les ont représentés dans un univers à deux dimensions. La dimension verticale est assignée au principe de la taxonomie, c’est-à-dire à l’inclusion des catégories. La dimension horizontale est assignée à la distinction des éléments de même niveau d’inclusion. Pour reprendre l’exemple célèbre de Rosch la dimension verticale concerne la taxonomie ’ être vivant, animal, mammifère, chien, colley ’ (Rosch, 1978 ; p. 30) alors que la dimension horizontale permet de distinguer ’colley, berger allemand, caniche’. C’est ainsi que le concept de niveau de base se structurera à partir de la verticalité alors que les concepts de prototype et typicalité organiseront la dimension horizontale.