1.2.4 Typicalité

Le fait que les exemplaires appartenant à une catégorie ne se voient pas assigner le même degré de représentativité de la catégorie par les sujets est une donnée expérimentale connue, antérieure aux travaux de Rosch. Ce phénomène expérimental a été mis en avant, en particulier, par les travaux de Collins et Quillian (1972) sur la mémoire sémantique. Il est couramment mis en évidence par des épreuves chronométrées de vérification d’énoncés (décider si la phrase ’un chat est un mammifère’ est correcte ou non ), de fluence catégorielle (énoncer le plus d’éléments appartenant à une catégorie), d’amorçage sémantique ou encore en proposant aux sujets des échelles de jugement. En manipulant le degré de représentativité des exemplaires, on peut mettre en évidence un accord massif et constant chez les sujets et tous types de tâches confondus, pour convenir du fait qu’un exemplaire est un exemple caractéristique de la catégorie (’clear case’ pour Rosch (1978)). On peut alors déterminer un gradient dans la distribution, de l’exemplaire le plus typique vers l’exemplaire le moins typique, même pour les catégories dont les frontières sont discutées par les sujets.

Rosch va pouvoir avancer ce fait empirique pour expliquer les disparités interindividuelles dans les résultats expérimentaux de ses premières recherches en affinant le concept de classes prototypiques ou classes de niveau de base à l’intérieur d’une catégorie. Par là elle réussit en outre, à intégrer une dimension verticale dans la dimension horizontale.