2.1.3 Aspects neurophysiologiques

Les lésions histologiques cérébrales de la maladie d’Alzheimer sont connues et
caractéristiques : il s’agit d’une diminution du nombre des neurones et d’une baisse quantitative des neurotransmetteurs, accompagnées de formations de plaques séniles et d’une dégénérescence neurofibrillaire. Le diagnostic de ’maladie d’Alzheimer certaine’ est établi lorsque l’on peut démontrer la présence de ces deux types de lésions en grande quantité dans les régions hippocampique et corticales associatives.

Les plaques séniles sont formées de dépôts sphériques de substance amyloïde. Elles occupent le domaine extra-cellulaire du tissu nerveux central et sont distribuées de larges zones du cerveau, mais avec une prédilection pour le cortex temporal interne et le néocortex. Elles sont également présentes en taux variable, mais généralement faible, au cours du vieillissement cérébral ’normal ’.

La dégénérescence neurofibrillaire correspond à l’accumulation de filaments pathologiques, les PHF (paires de filaments appariées en hélice) dans le corps cellulaire et les extensions neuritiques des neurones en dégénérescence. Contrairement aux plaques séniles qui se forment dans l’ensemble du cortex cérébral d’une manière diffuse, la dégénérescence neurofibrillaire envahit le tissu cérébral d’une manière stéréotypée et hiérarchisée. Le phénomène apparaît dans la région hippocampique et, plus généralement dans le système limbique, puis dans le cortex temporal, pour gagner ensuite les régions très associatives (cortex pré-frontal, carrefour temporo-pariéto-occipital) et enfin l’ensemble du cortex et de nombreux noyaux sous-corticaux.

De la même façon que les plaques séniles se rencontrent également lors du vieillissement cérébral normal, la dégénérescence neurofibrillaire n’est pas une spécificité de la maladie d’Alzheimer. Le processus de dégénérescence neurofibrillaire est présent chez toutes les personnes âgées de plus de 75 ans. Cependant, il est moins intense que celui rencontré dans la maladie d’Alzheimer, et limité à la région hippocampique. Si les régions corticales associatives (cortex préfrontal, temporal supérieur, pariétal) ne sont jamais touchées au cours du vieillissement cérébral normal, elles sont en revanche toujours affectées au cours de la maladie d’Alzheimer.

Enfin, le processus de dégénérescence neurofibrillaire peut être observé dans une dizaine de maladies neurodégénératives différentes, dont la paralysie supranucléaire progressive, la dégénérescence corticobasale, la maladie de Pick, etc. C’est l’association de ces deux types de lésions qui caractérise la maladie d’Alzheimer.

Il semble exister une corrélation entre l’étendue et la répartition de ces modifications et la sévérité des symptômes de la maladie. Néanmoins, on peut se poser la question de l’influence de ces lésions histologiques sur les capacités cognitives des sujets âgés, puisqu’elles constituent également une caractéristique du vieillissement normal.