2.2.2 Description selon les modèles aphasiologiques

Au début de la maladie, les troubles de l’évocation dans le langage spontané et dans l’évocation catégorielle, la préservation de la dénomination d’objets et d’images peuvent naturellement faire penser à un tableau d’aphasie amnésique.

Plusieurs auteurs (Cummings et al.1985 ; Murdoch & Chenery 1987) ont rapproché les désordres linguistiques rencontrés aux stades de détérioration légère à modérée, de ceux décrits dans les aphasies transcorticales sensorielles.

D’autres (Appel et al. 1982 ; Kertesz et al. 1986), pensent qu’il existe une progression dans la désorganisation du langage lors de la maladie, qui va de l’aphasie anomique jusqu’à, éventuellement, l’aphasie globale, en passant par l’aphasie transcorticale sensorielle et l’aphasie de Wernicke.

Cependant ces tableaux se différencient de ceux décrits dans les lésions focales par plusieurs points. En effet, au stade précoce de l’anomie, la fluidité du discours est meilleure. L’aphasie transcorticale sensorielle évoquée chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer présente moins de paraphasies (phonémiques, ou néologismes) et une compréhension auditive plus élevée. Au stade de l’aphasie de Wernicke, leurs capacités de répétition sont préservées. Enfin, l’aphasie globale diffère de l’aphasie globale focale par une capacité sauvegardée à communiquer de façon non verbale (Goldblum 1995).

Cette incapacité à faire coïncider de façon précise la symptomatologie aphasique avec les désordres linguistiques rencontrés chez les patients porteurs de la maladie d’Alzheimer a conduit certains chercheurs à privilégier une approche neurolinguistique des troubles, afin de mieux comprendre les désordres sous-jacents aux perturbations linguistiques. Celle-ci a généré de nombreuses recherches visant à faire la part entre les perturbations de la perception, de l’accès lexical, de la programmation motrice et de l’articulation, toutes ces étapes étant impliquées dans les tâches d’évocation et de compréhension du mot assignées aux patients.

Nous retiendrons néanmoins, qu’en raison de l’analogie entre les symptômes, de nombreuses recherches ont utilisé les batteries d’évaluation destinées aux patients aphasiques présentant des lésions focales, pour tester le langage sujets atteints de la maladie d’Alzheimer. Nous reviendrons sur ce point ultérieurement.