2.2.3.3 Troubles d’origine perceptive

La présence ou non de désordres de type perceptif (notamment visuo-perceptifs) à l’origine des difficultés de dénomination a fait l’objet de débats importants. A la base de ceux-ci, la découverte de Barker & Lawson (1968) révèle une amélioration des capacités à dénommer lorsque les patients déments peuvent manipuler l’objet ou lorsqu’on leur en mime l’usage. D’autres études (Kirshner et al. 1984) observent une corrélation forte entre les scores en dénomination et la qualité perceptuelle du matériel utilisé (objets, photos couleurs, dessins, dessins hachurés...). Cette hypothèse est néanmoins réfutée par certains auteurs (Martin & Fedio 1983 ; Huff et al. 1986), qui ne trouvent pas de corrélation entre les capacités de dénomination et les performances à un test de discrimination visuelle des formes, ou encore par Skelton-Robinson & Jones (1984) qui montrent que la définition de l’objet n’améliore pas la dénomination.

On voit donc que les désordres perceptifs ne peuvent rendre compte que de certaines erreurs et qu’ils ne sont en tout cas pas en mesure d’expliquer le manque du mot en langage spontané, ni en dénomination à partir de définitions (Frederix & Rihoux 1993). En outre, les erreurs sémantiques apparaissent plus tôt que les erreurs ’visuelles’ au décours de la maladie (Bayles & Tomoeda,
1983 ; Martin & Fedio 1983).

En résumé, les arguments en faveur d’une atteinte du lexique sont les plus solides bien qu’on ne puisse pas totalement écarter une participation des troubles perceptifs.