3.1 A propos des catégories

Nous avons vu avec Dubois et Resche-Rigon (1993), comment la non distinction entre les plans psychologique et linguistique a conduit au figement du prototype en stéréotype. Ils ajoutent que

‘’Dans le dans ce cadre, la théorie sémantique des prototypes revient à faire admettre qu’à coté de cette ’norme du vrai’ (ou présupposée comme telle par la norme savante), peut coexister, dans une théorie sémantique, une autre norme, celle d’un usage populaire (folk), généralement partagé, du sens des mots’ (Dubois et Resche-Rigon,1993, p. 383). ’

Ce processus de figement du prototype en stéréotype conduit en réalité à ne plus différencier ce qui relève de l’appropriation de connaissances socialisées et de la découverte des catégories ontologiques naturelles. Dans ces conditions si les catégories linguistiques sont de façon intrinsèque, confondue avec les catégories d’objets du monde (au sens psychologique) comment interpréter le manque du mot ? Que devient le statut des catégories dès lors que le prototype ne peut plus être nommé ? Doit-on interpréter la manque du mot d’un point de vue uniquement linguistique, comme le fait Hilaire (2000a) ? N’est-il pas plus productif de faire des liens avec les études sur la catégorisation d’odeurs ou de bruits, dans lesquelles les sujets se trouvent placés en situation de ne pas avoir de mot disponible pour catégoriser ni nommer le stimulus ? En ce sens, ne peut-on établir une comparaison entre les sujets qui ne possèdent pas de mot disponible dans le lexique de leur langue et les patients qui ne peuvent se référer aux mots d’un vocabulaire, rendus indisponibles par l’avancée de la maladie ?