3.1.1.1 Apport de la catégorisation d’odeurs et de bruits

Nous avons vu, au chapitre 1, que la catégorisation des odeurs et des bruits ne remettait que partiellement en cause les travaux sur la catégorisation d’objets visuels. En effet, il est possible de mettre en évidence des catégories d’odeurs et de bruits, en dehors de toute possibilité de trouver un nom spécifique pour une catégorie ou pour un exemplaire donnés. Ainsi, les catégories d’odeurs et de bruits sont structurées à partir des ’effets du monde sur le sujet’ et non pas en tant qu’’objets du monde réel’. En ce sens, le processus de catégorisation ne concerne pas seulement des catégories d’objets, mais aussi des catégories ’d’effets’voire des catégories ’d’évènements’, lorsque ces effets sont structurés en scénarios. Il devient alors nécessaire de considérer que la catégorisation agit sur les relations entre le sujet et le monde, à travers la diversité des interactions que le sujet entretient avec les objets du monde. A ce point l’apport de ces découvertes sur la compréhension des déficits lexico-sémantiques chez les patients atteints de maladie d’Alzheimer peut être formulée de façon schématique :

‘’ Ne sommes nous pas tous semblables à des patients atteints de maladie d’Alzheimer dès lors qu’on nous demande d’effectuer une tâche de catégorisation sans avoir la possibilité de nommer les exemplaires qu’on nous présente ?’’

Ou encore :

‘’Les sujets atteints de maladie d’Alzheimer ne se comportent-il pas d’une façon identique à celle des sujets ’normaux’ dans une tâche de catégorisation d’odeurs ou de bruits ?’’

Dans ce cas, les protocoles utilisés en neuropsychologie paraissent inadaptés et il devient nécessaire de recueillir les marques en langue des processus mis en oeuvre par les patients pour catégoriser. Les protocoles utilisés pour la catégorisation d’odeurs ou de bruits, capables de prendre en compte à la fois les rapports que le sujet entretient avec les objets du monde, mais également les références individuelles ou collectives qu’il met en oeuvre pour effectuer la tache demandée devraient pouvoir être transposés pour l’évaluation des déficits lexico-sémantiques chez des patients atteints de maladie d’Alzheimer. Par ailleurs, il sera indispensable de prendre en compte les formes morphosyntaxiques employées pour exprimer les critères qu’ils utilisent. Nous reviendrons sur ce point au paragraphe 3.1.3.