4.3.4 L’expérience de Lyon

Dans le même temps, nous avons réalisé une traduction adaptée aux patients porteurs de la maladie d’Alzheimer. Celle-ci devait répondre à trois exigences, pour nous indispensables dès lors que nous nous adressions à des malades en situation de test.

Les consignes devaient pouvoir être présentées à l’oral. Ainsi, le style du texte traduit devait correspondre au langage parlé, avec un caractère de redondance, afin d’obtenir une imprégnation suffisante du scénario.

Néanmoins l’adaptation ne devait pas masquer les différences permettant de différencier les trois types de consignes. A cet effet, nous avons multiplié dans la consigne technique l’emploi des termes ’devoir’, ’falloir’, leur substituant l’emploi des termes ’pouvoir’, ’aimer’ dans la consigne pragmatique. La consigne linguistique, quant à elle, ne comportait que des indications sur une décision d’appartenance en langue de l’exemplaire à une catégorie donnée (voir en Annexe VI, les scénarios et les consignes pour chaque condition).

Le plus grand changement par rapport aux deux expériences précédentes a été l’abandon de la condition neutre et ce pour deux raisons. D’une part cette tâche relevant d’une présentation standard, il n’était pas nécessaire de la traduire de façon particulière pour les patients. D’autre part, présentée sous cette forme, elle se trouvait dépourvue de toutes les caractéristiques qui nous avaient incité à choisir ce protocole. En particulier, elle ne revêtait plus ce caractère sinon naturel, en tout cas différent des tâches de catégorisation auxquelles les patients sont généralement soumis. Ainsi, pour notre analyse, avons-nous ainsi pris le parti de nous référer aux données obtenues auprès des étudiants de Saint-Etienne sous la condition neutre.

De la même façon, la tâche de jugement de typicalité n’a pas été reproduite, par souci d’économie de moyens. Les normes obtenues auprès des étudiants de Saint-Etienne pouvant également servir de référence pour l’échantillon de Lyon. Pour l’échantillon ’témoins’, compte tenu des conditions expérimentales et de la difficulté à recruter des sujets, il n’était pas envisageable de réunir un panel suffisant de sujets pour répondre aux conditions d’un traitement statistique des données. En outre, il était là encore impensable de soumettre les patients à cette épreuve, à la fois pour des raisons de faisabilité expérimentale, mais également à cause des distorsions que la maladie était susceptible d’engendrer par rapport à la recherche d’une norme de référence.

La traduction ainsi adaptée a fait l’objet d’une expérimentation auprès de 60 étudiants volontaires, en deuxième et troisième année d’études à l’Ecole d’Orthophonie de Lyon en 1997. Comme pour l’expérience de Saint-Etienne, le premier groupe a été soumis à une tâche de production et le deuxième à une tâche d’appartenance, mais seule cette dernière a été retenue pour notre expérimentation. Les transformations évoquées ci-dessus mises à part, les conditions expérimentales, en particulier les conditions de présentation passation des tâches, ont été exactement les mêmes que pour l’expérience de Saint-Etienne.

Comme pour cette dernière, aucun sujet n’a été soumis au re-test.