5.1 Analyse psycholinguistique

A partir des décisions d’inclusion ou d’exclusion catégorielle de cinq groupes différents nous étudierons l’effet à partir d’un test et d’un re-test :

  • Du contexte de catégorisation en faisant varier le niveau de contrainte par l’intermédiaire de différents types de consignes.

  • De la catégorie

  • De la typicalité

L’effet du contexte de catégorisation doit nous conduire à évaluer l’influence du type de communication établi entre l’expérimentateur et les sujets (Grossen, 1989). En particulier, à travers leurs capacités ’à jouer le jeu’ de l’expérimentateur, nous tenterons d’appréhender de quelle manière le contexte peut - ou non - contraindre l’expression des représentations cognitives des sujets. Nous avançons l’hypothèse suivante :

H1 : Il existe un lien entre la variation des contextes proposés aux sujets, en fonction de la consigne, pour effectuer la tâche d’inclusion catégorielle et la probabilité d’inclusion.

Partant, nous nous référerons aux théories neuropsychologiques d’une atteinte sélective de certaines catégories sémantiques chez des sujets atteints de la maladie d’Alzheimer, et aux avancées récentes de la psycholinguistique (Dubois & Resche-Rigon, 1995 ; Dubois, 2000) sur la ’naturalité’ des catégories sémantiques et la possibilité de les concevoir comme des représentations cognitives construites à partir de contraintes à la fois individuelles et collectives. Nous nous proposons de tester une deuxième hypothèse :

H2 : Il existe un effet de catégorie qui doit mettre en évidence des différences intra, interindividuelles et intergroupes, propres à rendre compte du rapport que les sujets entretiennent avec les objets du monde. En particulier, l’effet des catégories sur la probabilité d’inclusion sera différent selon les groupes et les individus au test et au re-test.

Enfin, il doit exister un lien entre typicalité et critères de catégorisation, que Hampton (1997) définit comme un lien entre la probabilité de catégorisation et la typicalité des exemplaires. Selon que l’on considère le prototype comme le produit de l’exercice de l’esprit humain, ou comme le reflet d’un savoir collectivement partagé, l’influence de la typicalité sur les réponses des sujets va considérablement varier. D’où notre troisième Hypothèse :

H3 : La probabilité d’inclusion varie en fonction du degré de typicalité des exemplaires, de manière différente selon les sujets (malades ou non) et la nature des catégories.

Nous avons vu qu’il semblait davantage productif, à partir des récents travaux sur la dénomination les odeurs, de considérer toute réponse des sujets (bonne oui mauvaise), surtout lorsqu’ils sont gênés par un manque du mot, comme ’une tentative de leur part de communiquer à l’expérimentateur ’quelque chose’ de leur mémoire’ (Dubois & Rouby, 2001, p. 8), à propos de l’exemplaire qui leur est proposé. Ainsi l’analyse des bonnes ou mauvaises réponses ne saurait être suffisante pour décrire les mécanismes de catégorisation utilisés par les sujets.

Ainsi, étudierons-nous les manifestations de ces comportements en langue au moyen de trois types d’analyses :

  • L’analyse des critères de catégorisation utilisés.

  • L’analyse des marques de la personne exprimées.

  • L’analyse des formes linguistiques produites.