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L’étude de l’influence globale des catégories établit que les ’patients’ se singularisent par rapport aux autres échantillons pour les catégories ’poissons’, ’outils’, ’légumes’ et ’meubles’, alors qu’ils ont tendance à se comporter de la même façon pour les catégories ’fruits’, ’sciences’, ’sports’ et ’insectes’. On ne retrouve pas la partition originale établie par Hampton, Dubois et Yeh (1997) (êtres vivants / artefacts / aliments issus de plantes / activités).

L’étude inter-catégorielle nous permet de mieux appréhender ce phénomène en évaluant le poids de chaque catégorie sur les décisions d’inclusion pour les sujets de chaque échantillon.

Concernant l’influence de la catégorie échantillon par échantillon, globalement, pour quatre d’entre eux (à l’exception des ’patients’), on remarque que les catégories ’sciences’ et ’sports’ suscitent l’inclusion d’un grand nombre d’exemplaires alors que les catégories ’poissons’ et ’meubles’ incitent à en exclure davantage. Notons cependant qu’on n’observe pas de différence significative entre ’meubles’ et ’sports’ pour l’échantillon ’Chicago’, ’poissons’ et ’sports’, ’poissons’ et ’sciences’ pour l’échantillon ’Lyon’.

Ainsi, chez tous les sujets à l’exception des ’patients’, les catégories les moins clairement définies encouragent le recours à des critères d’inclusion plus larges ce qui semble aller dans le sens de Hampton, Dubois et Yeh (1997) et Braisby & Francks (1992). A l’inverse, les catégories pour lesquelles il existe des critères clairement définis, sont celles qui incitent à exclure davantage d’exemplaires.

En fait ce qui semble opérer n’est pas tant le recours à des définitions strictes, mais à des représentations basées sur la familiarité des exemplaires. En effet il est remarquable que les catégories qui incitent à exclure le plus d’exemplaires sont aussi les plus familières (i.e. celles pour lesquelles les sujets ont recours à des critères empreints de familiarité, perceptifs ou fonctionnels : ’se mange’ et ’vit dans l’eau’ pour les ’poissons’ ; ’est en bois’ pour les ’meubles’, ce dont nous reparlerons dans les chapitres à venir). Peut-être est-ce la raison pour laquelle les catégories qui autorisent les sujets à avoir recours à la fois à des critères de familiarité et à une définition stricte, sont aussi celles qui produisent des scores d’inclusion intermédiaires (’fruits’, ’légumes’, ’insectes’, ’outils’).

Pour ’patients’, la hiérarchie des catégories en fonction des moyennes d’inclusion s’organise différemment. Si l’on retrouve une supériorité de la catégorie ’sciences’ qui produit un comportement statistiquement similaire à celui des autres échantillons, les écarts significatifs portent sur des catégories différentes de celles relevées pour les autres échantillons. En effet, seule la catégorie ’sciences’ se distingue significativement des catégories ’fruits’ et ’insectes’. En réalité, la tendance des ’patients’ à inclure globalement davantage d’exemplaires (i.e. à utiliser des critères plus larges) resserre les écarts entre les catégories, l’effet catégorie est ainsi estompé. Autrement dit il existe une majorité de catégories pour lesquelles les critères des ’patients’ sont statistiquement semblables. C’est pourquoi l’étude de l’influence de la consigne sur les critères de catégorisation pour chaque catégorie s’impose.