7.3 Comparaison ’témoins’ - ’patients’

7.3.1 Analyse globale

7.3.1.1 Résultats

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Figure 17 : Graphe des moyennes d’occurrences de critères, tous critères confondus. Comparaison Témoins – Patients,* = différence significative à p = .05

La comparaison entre les ’patients’ et les ’témoins’ montre que les ’patients’ fournissent deux fois plus de critères que les ’témoins’, l’écart est statistiquement significatif (F (1,9190) = 102,937, p.= ,0001). Il existe par ailleurs un fort effet de critère (F (15,9190) = 20,230, p.= ,0001) de catégorie (F (7,9190) = 2,949, p.= ,0044) et de consigne (F (2,9190) = 6,356, p.= ,0017).

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Figure 18 : Graphe des moyennes d’occurrences de chaque critère. Comparaison Témoins - Patients,* = différence significative à p = .05
Tableau 25_2 : Moyennes d’occurrences de chaque critère.
Témoins Patients
Inclusion cat. + 1,469 1,528
*Exclusion cat. + 0,562 0,865
Connaissances 0,538 0,406
Synonyme 0,351 0,295
Signif. de mot 0,306 0,382
*Trait Percept. 0,281 0,521
*Script 0,212 1,91
*Fonctionnel 0,208 0,847
Difficulté 0,118 0,087
*Comestible 0,115 0,358
*Hédoniste 0,076 0,431
Affect 0,073 0,149
*Inclusion cat. - 0,069 0,236
*Scène 0,045 0,368
*Partie de 0,021 0,062
*Exclusion cat. - 0 0,076

Comparaison Témoins - Patients,* = différence significative à p = .05

L’étude comparative entre les ’témoins’ et les ’patients’, critère par critère, indique que la différence entre les deux échantillons repose en réalité sur dix critères sur seize : ’exclusion catégorielle positive’ (F (1,574) = 9,214 ; p = .0025), ’trait perceptif’ (F (1,574) = 5,814 ; p = .0162), ’script’ (F (1,574) = 67,510 ; p = .0001), ’fonctionnel’ (F (1,574) = 26,760 ; p = .0001), ’comestible’ (F (1,574) = 14,735 ; p = .0001), ’hédoniste’ (F (1,574) = 27,217 ; p = .0001), ’inclusion catégorielle négative’ (F (1,574) = 14,300 ; p = .0002), ’scène’ (F (1,574) = 13,738 ; p = .0002), ’partie de’ (F (1,574) = 4,382 ; p = .0368) et ’exclusion catégorielle négative’ (F (1,574) = 4,808 ; p = .0287). Pour chacun d’eux, les ’patients’ produisent significativement plus de critères que les ’témoins’. Si l’on excepte l’’exclusion catégorielle positive’ et ’négative’, ainsi que l’’inclusion catégorielle négative’, les critères qui suscitent une différence significative entre les deux échantillons reflètent tous l’expression des représentations des sujets. A l’inverse, les six critères pour lesquels les deux échantillons se comportent de manière statistiquement semblable, à l’exception de l’expression des ’difficultés’ à effectuer la tâche et l’expression des ’affects’, font référence à des connaissances socialisées.

Le constat qu’aucun sujet de l’échantillon ’témoins’ n’a produit d’’exclusion catégorielle négative’ nous a conduit à reconsidérer notre classification. Il est apparu que la distinction entre ’positive’ et ’négative’ pour les critères ’inclusion catégorielle’ et ’exclusion catégorielle’ ne s’avérait pas pertinente, dans la mesure où il semblait abusif d’assimiler le résultat du processus de catégorisation aux critères qui régissent ce processus. Nous avons donc regroupé les quatre comportements en deux critères : ’inclusion catégorielle’ et ’exclusion catégorielle’.

Nous avons ensuite opéré une séparation entre les critères qui traduisent l’expression des connaissances socialisées des sujets et ceux qui expriment leurs représentations. En organisant les données de l’échantillon ’patients’ selon un ordre croissant pour le premier groupe de critères puis décroissant pour le second, nous obtenons le graphe suivant.

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Figure 19 : Graphe des moyennes d’occurrences pour chaque critère. Comparaison Témoins - Patients,* = différence significative à p = .05
Tableau 26 : Moyennes d’occurrences de chaque critère.
Témoins Patients
Synonyme 0,351 0,295
Signif. de mot 0,306 0,382
Connaissances 0,538 0,406
*Exclusion cat. 0,562 0,941
Inclusion cat. 1,538 1,764
*Script 0,212 1,91
*Fonctionnel 0,208 0,847
*Trait Percept. 0,281 0,521
*Hédoniste 0,076 0,431
*Scène 0,045 0,368
*Comestible 0,115 0,358
Affect 0,073 0,149
Difficulté 0,118 0,087
*Partie de 0,021 0,062

Comparaison Témoins - Patients,* = différence significative à p = .05

Ce graphique souligne l’idée que les deux échantillons diffèrent surtout par l’expression de leurs représentations et non sur l’expression des connaissances socialisées. Autrement dit, si les ’patients’ se différencient des ’témoins’, c’est parce qu’ils expriment plus de critères reflétant leurs représentations. Notons l’influence importante des ’scripts’ et dans une moindre mesure des critères ’fonctionnel’, qui séparent le façon nette les ’témoins’ des ’patients’. Ceci signifie que les ’patients’ ’recontextualisent’ beaucoup plus que les ’témoins’ pour effectuer la tâche de catégorisation. Partant, ils font davantage références à des expériences et s’appuient plus volontiers sur leurs représentations que sur leurs connaissances.

Nous avons toutefois noté deux exceptions concernant les représentations, pour lesquelles les deux échantillons se comportaient de façon statistiquement semblable. Il n’est pas surprenant que les ’patients’ n’expriment pas davantage que les ’témoins’ leur ’difficulté’ à réaliser la tâche de catégorisation, si l’on se réfère à la symptomatologie de la maladie. Une première explication réside en ce que l’on trouve sans doute là l’expression de l’anosognosie, caractéristique des ’patients’ atteints de la maladie d’Alzheimer. De la même manière, les ’patients’ ne se distinguent pas des ’témoins’ pour l’expression des ’affects’. Une deuxième explication, consiste à considérer que ces deux critères regroupent en réalité chez tous les sujets, l’expression d’un discours modal, tel que nous l’avons introduit au chapitre 3 (voir, à titre d’exemple, les extraits de corpus présentés au paragraphe 7.2.4.). Ces formes de discours n’étant pas référentielles, par définition, elles ne reflètent pas réellement les stratégies de catégorisation des sujets. Ainsi est-il peut-être abusif de les classer parmi les stratégies reflétant les représentations. Cette seconde hypothèse s’offre à nos yeux comme la plus séduisante, même s’il reste surprenant que les ’patients’ n’utilisent pas davantage le discours modal que les ’témoins’. Nous reviendrons sur ce point au chapitre 9.

Examinons maintenant le statut particulier de l’’exclusion catégorielle’, seul critère parmi les connaissances socialisées à provoquer un écart significatif entre les deux échantillons. Nous avons montré au chapitre précédent, que les ’patients’ excluaient globalement davantage d’items que les ’témoins’. Nous avons également vu que cette différence était imputable à un effet de consigne et en particulier à des écarts pour les conditions technique et linguistique. Nous avons par ailleurs relevé un fort effet de catégorie. Les deux échantillons diffèrent statistiquement sur toutes les catégories, concernant le pourcentage d’inclusion sauf pour les ’’fruits’’, les ’’sciences’’ et les ’’sports’’. On peut ainsi avancer l’hypothèse selon laquelle si les ’patients’ ont davantage tendance à faire référence à un critère d’’exclusion catégorielle’, c’est qu’ils excluent davantage d’items que les ’témoins’. Dans ce cas, la validité de cette hypothèse doit être confortée par une similarité de ces patterns d’écarts entre les échantillons en fonction des consignes et des catégories. C’est ce que nous tenterons de montrer dans la suite de ce chapitre.

Une ANOVA à un facteur portant sur les neuf critères considérés comme une variable compacte, traduisant les représentations des sujets, révèle un écart significatif entre les deux échantillons (F (1,51714) = 139,580 ; p = .0001). La même analyse portant sur les critères considérés comme une variable compacte, traduisant les connaissances socialisées des sujets, ne montre pas de différences significatives entre les échantillons.

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Figure 20 : Graphe des moyennes d’occurrences référant à connaissances socialisées et à des représentations.Comparaison Témoins / Patients, * = différence significative à p = .05
Tableau 27 : Moyennes d’occurrences référant à connaissances socialisées et à des représentations.
Connaissances socialisées Représentations*
Patients* 0,758 0,526
Témoins* 0,659 0,128

Comparaison Témoins / Patients, * = différence significative à p = .05

Une AVOVA à un facteur portant sur la différence entre connaissances socialisées et représentations révèle que les ’témoins’ comme les ’patients’ produisent significativement plus de connaissances socialisées que de représentations (F (1,574) = 90,928 ; p = .0001 pour les premiers et F (1,574) = 15,306 ; p = .0001).