7.3.1.2 Commentaires

Nous pouvons considérer que les ’témoins’ comme les ’patients’ ont davantage recours à leurs représentations pour effectuer les tâches de catégorisation. Cependant, les ’patients’ produisent en moyenne plus de critères reflétant leurs représentations que les ’témoins’, alors qu’ils ne se distinguent pas significativement de ces derniers pour la moyenne des critères traduisant l’expression de leurs connaissances socialisées. Si on prend en compte le pourcentage de connaissances et de représentations par rapport au total d’occurrences pour tous les critères et pour chaque groupe, les résultats sont davantage contrastés. En effet, les ’témoins’ produisent 74,1 % de critères qui font référence à des connaissances contre 25,9 % qui font référence à des représentations. A l’inverse, 55,5 % des citèrent renvoient à des représentations chez les ’patients’ et 44,5 % à des connaissances. Même si l’analyse critère par critère nous a montré qu’ils produisaient moins de critères de type ’connaissances’ et ’synonymes’ que les ’témoins’, la tendance reste à la supériorité des ’patients’, à cause de ’l’inclusion catégorielle’ et de l’’exclusion catégorielle’. Nous avons déjà évoqué plus haut ce cas particulier. Globalement, il n’en demeure pas moins que la référence à la catégorie représente la production la plus élevée de critères pour chacun des deux groupes. Hilaire (2000a ; p. 60), constate un phénomène identique chez les sujets non pathologiques (24,04 % des réponses pour le domaine naturel et 17,76 % pour les artefacts, soit 41,8 % au total). Nous pouvons sans doute reconnaître dans ce phénomène un effet expérimental. En fait, même si nous avons pris la précaution d’écarter les clauses qui constituaient des reprises de la formulation de l’expérimentateur, la répétition de la consigne à chaque item et la spécificité de la tâche proposée aux sujets, provoque sans aucun doute une inclination à évoquer la référence catégorielle. Par ailleurs, une ANOVA portant sur les critères reflétant des connaissances socialisées en excluant les références à la catégorie, indique une absence de différence entre les moyennes des productions (m = 0,398 pour les ’témoins’, contre m = 0,361 pour les ’patients’, différence non significative). La référence catégorielle ne joue donc aucun rôle dans la similarité des comportements des sujets des deux échantillons pour l’expression des connaissances socialisées. Nous pouvons ainsi considérer que :

  1. Les ’patients’ révèlent globalement plus leurs critères de classification que les ’témoins’.

  2. Ce phénomène implique que, si nous considérons la globalité des critères produits par les ’témoins’ et les ’patients’, l’expression connaissances socialisées domine significativement l’expression des représentations.

  3. Cependant si nous considérons les pourcentages en par rapport au total des critères exprimés par chaque groupe, les ’patients’ expriment significativement plus de critères qui traduisent des représentations que les ’témoins’, et moins de critères traduisant les connaissances socialisées.

Pour approfondir notre analyse et tenter d’affiner les éléments de réponse aux questions soulevées par les hypothèses avancées par Hampton, Dubois et Yeh (1997), nous étudierons l’influence des consignes et des catégories.