7.3.2.3 Consigne linguistique

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Figure 24 : Graphe des moyennes d’occurrences de chaque critère - Consigne Linguistique. Comparaison Témoins / Patients, * = différence significative à p = .05
Tableau 31 : Moyennes d’occurrences de chaque critère - Consigne Linguistique.
Témoins Patients
*Signif. de mot 0,635 0,229
Synonyme 0,521 0,302
*Connaissances 0,823 0,406
*Exclusion cat. 0,598 1,302
Inclusion cat. 1,75 2,198
*Script 0,198 2,021
*Fonctionnel 0,156 0,667
Trait Percept. 0,479 0,49
*Comestible 0,135 0,385
*Hédoniste 0,042 0,198
Affect 0,31 0,146
Scène 0,104 0,115
Difficulté 0,104 0,115
Partie de 0,031 0,104

Comparaison Témoins - Patients,* = différence significative à p = .05

Les résultats révèlent deux phénomènes remarquables. Tout d’abord, par rapport à la consigne technique, le nombre de critères pour lesquels la différence entre les échantillons est statistiquement avérée est très nettement inférieur, puisqu’il passe de onze à sept. L’autre fait remarquable est que sur ces sept critères, deux indiquent une supériorité des productions des ’témoins’ sur les ’patients’ : ’signification de mot’ (F (1,190) = 2,441 : p = .0208) et ’connaissances’ (F (1,190) = 4,696 : p = .0315).

Même si les résultats demeurent sous la domination de l’’inclusion catégorielle’, la consigne linguistique est celle qui permet chez les ’témoins’ et l’expression du plus grand nombre de critères concernant les ’connaissances’, les ’signification de mot’ et les ’synonyme’ et ce à la fois par rapport aux ’patients’, mais également en regard des autres conditions.

Le profil des productions des ’patients’ demeure, quant à lui, sous la domination de l’’inclusion catégorielle’, des ’scripts’ et de l’’exclusion catégorielle’. La distribution des critères renvoyant à l’expression des représentations ne subit pas de grands changements par rapport à la consigne technique.

Sous cette condition, il semble donc se dessiner une tendance à traiter la tâche de dénomination comme une investigation de la signification du mot et du statut de ce mot en langue, c’est-à-dire de ses caractéristiques lexicales et ce chez les ’témoins’, comme chez les ’patients’. En effet, les références aux connaissances dans ce domaine concernent davantage des renvois aux définitions lexicographiques du dictionnaire que des définitions techniques de type encyclopédique. Par ailleurs, la consigne linguistique estompe les écarts entre les deux échantillons pour ce qui concerne l’expression des ’scène’, ’affect’, ’partie de’ et ’difficulté’. De ce fait, la domination des ’patients’ sur les ’témoins’ pour cette consigne ne résiste que pour cinq critères sur dix si l’on de réfère à la comparaison globale et sur quatorze si l’on se réfère à la comparaison pour la consigne technique.

Si l’on se réfère à Barsalou (1998), il est intéressant de constater que la consigne linguistique réduise les écarts pour les ’scènes’. En effet, si comme le propose la théorie du ’concept perceptuel’, les processus de catégorisation se basaient uniquement sur l’activation de réseaux neuronaux (dans les deux sens, ’top-down’ et ’bottom-up’), alors on ne devrait pas relever d’effet de contexte de catégorisation, et surtout pas pour ce type de critère.

Enfin, pour le critère ’affect’, la consigne linguistique est la seule pour laquelle les ’témoins’ ont tendance à exprimer davantage leurs critères que les ’patients’, même si la différence n’est pas significative. Une ANOVA à un facteur, portant sur l’effet de catégorie sur ce critère, montre que la seule catégorie qui divise significativement les deux groupes est la catégorie ’insectes’. Pour ce critère et sous cette consigne, non seulement les ’témoins’ ont tendance à adopter un comportement semblable à celui que l’on peut observer chez des sujets lors d’une tâche de catégorisation d’odeurs, alors précisément qu’on leur demande de traiter de la signification en langue du mot, mais de plus ils ne se distinguent pas significativement des ’patients’.

L’ANOVA à un facteur portant sur la différence entre connaissances socialisées et représentations, considérées comme une variable compacte, montre que la supériorité des connaissances socialisées sur les représentations demeure chez les ’témoins’ (F(1,1247) = 22,971 ; p = .0001). De la même façon, on observe cette différence chez les ’patients’ (F(1,1247) = 149,540 ; p = .0001).

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Figure 25 : Graphe des moyennes d’occurrences des réponses référant à connaissances socialisées et à des représentations.Comparaison Témoins / Patients, * = différence significative à p = .05
Tableau 32 : Moyennes d’occurrences des réponses référant à connaissances socialisées et à des représentations.
Connaissances socialisées *Représentations
Témoins* 0,863 0,137
Patients* 0,887 0,47

Comparaison Témoins / Patients, consigne technique. * = différence significative à p = .05

Enfin, cette condition est celle qui favorise l’expression du plus grand nombre de connaissances socialisées chez les ’témoins’ comme les ’patients’ et sous cette consigne, l’écart entre connaissances socialisées et représentations est le plus élevé chez les ’témoins’ comme chez les ’patients’. Néanmoins, si pour les premiers ce phénomène est essentiellement dû à une augmentation des critères reflétant le statut des items en langue (’synonymes’, ’définition de mots’ et ’connaissances’), pour les seconds, c’est l’augmentation des critères référant à la catégorie qui en est à l’origine. L’étude des pourcentages de production de critères référant à des connaissances socialisées et des représentations confirme ce résultat. On relève 77,8 % de connaissances contre 22,2 % de représentations chez les ’témoins’ et 51,2 % pour les premières, contre 48,8 % chez les ’patients’.

En résumé, cette condition incite les ’témoins’ à traiter la tâche de dénomination comme une investigation de la signification du mot, sauf pour la catégorie des ’insectes’. Pour cette catégorie ils adoptent un comportement qui rappelle celui observé chez des sujets lors des tâches de catégorisation d’odeurs, pour lesquelles il n’existe pas de relation simple entre un mot et un ’objet du monde’. Les ’patients’, quant à eux réduisent l’expression des représentations et accroissent l’expression de leurs connaissances socialisées. Néanmoins, il s’agit bien là d’une augmentation de l’expression des références catégorielles, qui peut nous inciter à penser que les ’patients’ seraient également enclins à traiter la tâche de catégorisation comme une signification de mot, mais sur un mode différent des ’témoins’.