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L’analyse globale des productions nous apprend que les ’patients’ sont peu sensibles à la consigne alors que les ’témoins’ en subissent nettement l’influence. Ces résultats peuvent sembler être en contradiction avec ceux obtenus à l’analyse qualitative. Cependant, une analyse plus fine nous indique que dans une certaine mesure, la consigne exerce une influence chez les ’patients’, notamment dans le rapport entre productions reflétant des connaissances socialisées et celles qui traduisent des représentations.

La prédiction de Hampton, Dubois et Yeh (1997), selon laquelle la consigne technique, plus contraignante, inciterait les sujets à utiliser des critères moins ’larges’ que sous une consigne pragmatique est contestée par nos résultats. Elle ne peut être validée qu’en reprenant l’idée avancée par Dubois (1996) d’une relation entre typicalité et connaissances socialisées. On comprend alors pourquoi, moins la consigne est contraignante, plus les critères utilisés sont ’larges’ ou en référence avec le prototype, plus les ’témoins’ ont tendance à se référer à leurs connaissances socialisées pour effectuer la tâche de catégorisation.

La consigne pragmatique est la seule pour laquelle les ’patients’ ont tendance à fournir moins de connaissances socialisées que les ’témoins’ (l’écart n’étant pas significatif). En revanche les résultats des ’patients’ confirment à la fois, les observations que nous avons faites à propos de la consigne pragmatique et les explications avancées à propos du lien entre typicalité et connaissances socialisés.

La consigne linguistique quant à elle, favorise l’expression des connaissances socialisées. C’est en effet sous cette condition que les productions moyennes des connaissances socialisées dépassent significativement les productions moyennes de représentations pour les deux échantillons. C’est également sous cette condition que l’écart entre connaissances socialisées et représentations est le plus élevé chez les ’témoins’ et les ’patients’. On peut donc avancer que sous cette condition, tous les sujets ont effectivement tendance à traiter la tâche de catégorisation comme une investigation de la signification de mot plutôt que comme une investigation du caractère référentiel. Nous avons pu, en particulier, noter l’accroissement des critères reflétant le statut des items en langue chez les ’témoins’. Il est possible que les ’patients’ réagissent de façon similaire mais le traduisent de façon différente, en se référant davantage à l’’inclusion catégorielle’.

En résumé :

  1. Les ’patients’ révèlent globalement plus leurs critères de classifications que les ’témoins’.

  2. L’expression connaissances socialisées domine significativement l’expression des représentations chez les ’témoins’ quelle que soit la consigne. Chez les ’patients’ en revanche, la différence n’est significative que pour la consigne linguistique.

  3. Les ’patients’ expriment significativement plus de critères qui traduisent des représentations que les ’témoins’, alors qu’ils expriment globalement autant de critères traduisant les connaissances socialisées, sauf sous la condition technique.

Ainsi est-il intéressant de remarquer que, même si les ’patients’ sont globalement peu sensibles à la consigne, l’écart globalement significatif entre connaissances et représentations est en fait uniquement imputable à la consigne linguistique, qui incite globalement les sujets à traiter la tâche d’inclusion catégorielle comme une signification de mot.