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L’analyse de la présence du sujet par rapport à ce dont il parle, révèle une constante implication du sujet dans son discours, qui résiste aux effets de consigne et de catégorie. Il s’agit là d’un fait expérimental, déjà mis en évidence par David et al. (1997), repris par Hilaire (2000a) et Dubois (2001). L’intérêt de notre étude est de mettre en évidence le fait que ce phénomène ne se limite pas aux catégories d’odeurs ou de bruits, mais qu’il s’agit d’un phénomène général, amplifié lorsque les sujets n’ont pas la possibilité de faire correspondre un nom à un objet. C’est en particulier le cas, lorsqu’il n’existe pas de terme en langue ou lorsque le sujet ne peut y faire référence à cause de la maladie). Nous avons vu que globalement, les pourcentages indiquent que les ’patients’ ont tendance à faire davantage référence à ’ce dont on parle’, alors que notre deuxième hypothèse supposait le contraire. C’est l’étude des effets de consigne et de catégorie, qui va nous permettre de la vérifier.

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Figure 37 : Graphe des moyennes d’occurrences des marques de la personne pour chaque consigneLocuteur impliqué pour les patients / ’ce dont on parle’ pour les témoins.
Tableau 44 : Moyennes d’occurrences des marques de la personne pour chaque consigneLocuteur impliqué pour les patients / ’ce dont on parle’ pour les témoins.
Locuteur Impliqué Patients ’Ce dont on parle’ Témoins
Technique 0,674 0,031
Linguistique 0,544 0,074
Pragmatique 0,413 0,081

Pour ce qui concerne l’influence de la consigne, nous pouvons en synthétiser l’effet par le graphique ci-dessus. Chez ’les patients’, la diminution de la contrainte provoque la diminution de l’implication du sujet, alors que chez les ’témoins’, elle produit une augmentation de références à ’ce dont on parle’.

Autrement dit, plus la contrainte est forte, plus les ’patients’ s’impliquent dans la tâche de catégorisation, alors que dans le même temps les témoins ont tendance à traiter l’exemplaire comme un objet du monde. Nous trouvons là, la traduction dans le discours des phénomènes psychologiques mis en évidence aux chapitres 6 et 7, et en particulier du recours à des stratégies de type ’script’, chez les patients.

L’effet de la catégorie des ’sciences’ renforce ce phénomène chez les ’patients’ comme chez les ’témoins’, montrant ainsi que plus la consigne est contraignante, plus les sujets ont tendance à s’impliquer dans la tâche de catégorisation.

Ces résultats sont de nature à fournir les éléments de validation de notre deuxième hypothèse :

L’implication du sujet par rapport à ce dont il parle est davantage marquée chez les sujets atteints de la maladie d’Alzheimer que chez les sujets témoins.