9.5.2.2. Le verbe’dire’

Le verbe ’dire’ occupe une position particulière, dépendante de la consigne, sensiblement différente chez les ’patients’ et les ’témoins’ et différente également de celle décrite par Hilaire (2000a) dans une tâche de dénomination.

En effet, chez les ’témoins’, l’emploi de ’dire’ correspond pour l’essentiel à une réflexion par rapport à la tâche et non à une position métalinguistique. En effet, le verbe dire apparaît surtout dans des énoncés du type ’je dis oui’ ou ’je dis non’ , ’disons oui’ ou ’disons non’ après un temps d’hésitation, de digression ou encore après une sollicitation de l’expérimentateur du type : ’alors que dites-vous ?’. Certes, on relève dans le corpus des énoncés du type ’si on peut dire’ ou ’comment dire ?’, mais en faible proportion.

Items T de P N° Cla. Sujet n° 39
Agriculture 30 040
041
042
043
044
parce que:
030 ah l’agriculture non
l’agriculture pure non
c’est c’est comme l’histoire des fruits c’est pareil
j’dis non
Items T de P N° Cla. Sujet n° 36
Psychologie 58 058
059
elle est de plus en plus scientifique hein maint’nant la psychologie mais:
010 alors disons oui

Chez les ’patients’ en revanche, l’emploi de ’dire’ correspond effectivement à la fonction métalinguistique décrite par Hilaire (2000a). A travers la formulation d’énoncés tels que ’je sais pas comment vous dire’, ’je sais pas vous dire’, ’j’ose pas dire’, ’j’sais pas quoi dire’, ’ça m’dis rien’, ’j’vais pas arriver à l’dire’, les ’patients’, tout en exprimant leur difficulté à effectuer la tâche, s’interrogent à la fois sur le code et sur l’état de leurs connaissances.

Notons enfin que les pourcentages d’occurrences pour ce verbe, par rapport au nombre de verbes modaux produits, sont voisins pour les deux échantillons (13,7 % pour les ’témoins’ et 15,2 % pour les ’patients’). Cela signifie que si pour un même pourcentage d’occurrences, les sujets de chaque échantillon adoptent des conduites linguistiques différentes, le poids de ces différences en est singulièrement accru.