10.2 Méthode

Un des enjeux important était de construire une typologie particulière, capable de rendre compte de la spécificité du discours des sujets. Nous avons utilisé la méthodologie mise au point en collaboration avec G. Hilaire, afin de pouvoir trouver des éléments de comparaison entre les tâches de catégorisation et de dénomination. Il nous est apparu que le discours des sujets subissait les influences conjuguées du type de tâche proposé, du cadre expérimental et de la particularité des formes produites à cause du manque du mot. De ce fait nous nous trouvions par exemple confrontés à des productions qui se réduisaient à des formes spécifiques du type ’ pas gentille’ ou ’pas vraiment’, qui caractérisaient pour nous des négations d’un type particulier et que nous avons nommées ’négations construites autour de’ (un adjectif, un adverbe). De la même manière, pour rendre compte de réponses du type, ’petit, petit, petit’ ou encore ’vilaine, méchante’ ou parfois ’un fruit un avocat’ nous nous sommes référés à Saussure (1916), pour définir le syntagme comme ’toute combinaison dans la chaîne parlée’. De toute évidence, il apparaissait que, pour les sujets, ces éléments du discours étaient combinés et non simplement juxtaposés. Nous avons ainsi, par exemple, défini un type de syntagme adjectival ’constitué de plusieurs adjectifs’ ou encore de syntagme nominal ’construit autour d’un nom’. C’est cette même démarche qui nous a conduit à distinguer différentes formes de syntagme verbal.

Nous avons relevé dix formes linguistiques qui ont permis de classer toutes les productions des ’témoins’ et des ’patients’. Nous avons effectué ce classement en fonction de la consigne de départ, étant parfaitement conscients que les réponses des sujets étaient construites en fonction de cette consigne et se différencient en cela des productions spontanées. Même si les seules réponses sollicitées étaient ’oui’, ’non’ ou ’je ne sais pas’ et que tous les commentaires recueillis ensuite étaient spontanément exprimés par les sujets, nous ne pouvons réellement considérer que ceux-ci puissent s’apparenter à un discours spontané, dans la mesure où ils se trouvaient contraints par la tâche de catégorisation. Partant, nous avons distingué six types de réponses. Le terme ’réponse’ recouvre toutes les productions enregistrées après la demande exprimée par l’expérimentateur :

  • Les réponses ’affirmatives’ (Aff.).

  • Les réponses ’négatives’ (Nég.).

  • Les réponses ’interrogatives’ (Int.).

Nous avons ajouté à ces trois classes deux types de constructions un peu plus élaborées :

  • Les réponses comportant une proposition conjonctive (Conj.).

  • Les réponses comportant une proposition relative (Rel.).

  • Enfin, nous avons classé à part les énoncés agrammaticaux (Agr.).

Les trois premières classes ont ensuite été divisées en sous-classes.