1.2.1. L’émotion chez les partenaires de la communication.

‘Le système d’évaluation concernant la manifestation juste et adéquate d’une émotion dans une situation donnée, que Eggs appelle éthique des émotions, permet de reconstruire les caractères des protagonistes dans des textes littéraires (Bürgel 2000 : CD-Rom).’

La personnalité des personnages principaux pourrait être caractérisée par le biais de l’émotion : Élisabeth Alione est une figure de la peur ; le vice-consul et la narratrice de L'amant, des figures de la honte ; les mères, des êtres de colère ; Lol V. Stein, une figure de la douleur ; l'homme des Yeux, une figure du désespoir ; Émily L., une figure de l'émotion faite d'un mélange de honte, de peur et de désespoir. En général, comme le dit Berthelot (2001 : 227), sur ce caractère profond du personnage vont se superposer des états d’âme plus momentanés qui façonnent « ses propos, dans leur teneur comme dans la manière dont il les formule ». On pourrait ajouter que ces « états d’âmes » peuvent aussi être à l’origine de la conception qu’a le lecteur du caractère de tel ou tel personnage :

‘Si le lecteur estime adéquates les réactions émotionnelles d’un protagoniste - dans le mode, la durée et l’intensité - dans une situation de traitement injuste, il dira qu’il a un caractère juste et équilibré. Dans cette même situation, des réactions émotionnelles trop faibles seraient un indice d’un caractère indifférent et - à l’inverse - des réactions émotionnelles trop fortes permettraient de conclure de façon hypothétique à un caractère coléreux ou agressif. Le mode, la durée et l’intensité d’une manifestation émotionnelle dans un type de situation permettent au lecteur d’inférer - par l’abduction - un caractère déterminé du protagoniste. (Bürgel 2000 : CD-Rom).’

Mais, qu’ils se superposent au caractère du personnage ou qu’ils en soient définitoires, ces états d’âme s’inscrivent donc en profondeur dans les interactions entre le personnage et les autres.