TROISIÈME PARTIE : DE LA TYPOLOGIE À LA SCÈNE

introduction

Cette dernière partie s’est assignée comme but d’appliquer la typologie des interactionnistes aux dialogues durassiens et de l’articuler à la notion de scène romanesque.

Sur le plan de la typologie, Durrer (1994 : 34-35) montre l’incohérence de typologies fonctionnelles, comme celle de Torok qui divise les dialogues en dialogues d’exposition, de caractère, de comportement et d’action, parce que, dit-elle, «  tout se passe comme si un dialogue ne remplissait qu’une seule fonction à la fois ». Elle propose alors, pour les romans à partir du XIXe siècle, une classification des dialogues qu'elle considère plutôt comme des échanges en fonction de leur incomplétude :

‘S'il arrive que toute une interaction soit représentée par une seule réplique, le plus souvent ce sont des échanges ou des fragments d'échanges que l'on a coutume de verser dans la catégorie dialogue (Durrer 1994 : 105).
La plupart des dialogues romanesques ne constituent pas des interactions à proprement parler, mais des échanges (Durrer 1994 : 113).’

Elle distingue les échanges phatiques des échanges transactionnels. Ceux-ci se divisant en trois catégories, on aboutit à quatre types d'échanges : phatiques, polémiques, didactiques, dialectiques. Les critères retenus sont la nature des actes de langage et la dynamique ou la finalité de l'échange, qu'elle traduit en cinq paramètres : l'égalité ou non de la relation discursive entre les interlocuteurs, la même connaissance du sujet de discussion, les enchaînements privilégiés d'actes de langage, la spécialisation ou non des interlocuteurs dans un acte de langage, l'aboutissement ou non à un accord final.

Cette classification paraît, à première vue, fonctionnelle, mais appliquée à Duras elle s’avère peu opérationnelle. Un premier problème se pose dans le fait de considérer le dialogue romanesque comme un échange parce que, outre entretenir la confusion terminologique entre ce que Traverso (1995 : 47) nomme échange et échange global - ce dont les interactionnistes avaient déjà souffert -, cette dénomination convient peu pour Duras où de nombreux romans reproduisent des conversations complètes. Aussi, pour notre part, préférons-nous garder le terme générique de dialogue pour l'ensemble de l'interaction et réserver le terme d'échange pour ce que Moeschler (1985 : 81) qualifie de « plus petite unité dialogale ». Cela évite notamment de placer les échanges phatiques, composantes tronquées ou non d'une interaction globale, sur le même plan que les autres. Si les trois autres types peuvent fonctionner comme dialogue romanesque à part entière, il nous semble difficile de considérer le seul échange phatique comme un dialogue à part entière, lorsque deux personnages de roman se croisent et se saluent, par exemple. Nous préférons dire que la parole romanesque peut revêtir la forme d'un dialogue, mais aussi celle plus particulière d'une parole isolée ou d'un échange. Que les quatre types répertoriés par Durrer ne soient pas sur un plan d'égalité se constate également dans le fait que les échanges phatiques peuvent figurer à l'intérieur des échanges transactionnels, alors que les échanges transactionnels ne peuvent pas figurer dans les phatiques. De plus, nous ne retrouvons pas dans sa typologie les échanges que nous qualifierons d'utilitaires, apparaissant dans ce que Kerbrat-Orecchioni (1992 : 118-119) nomme « les interactions de service » et que les interactionnistes, sous le nom de « transaction », classent dans les interactions complémentaires. Dans les romans, ils peuvent avoir le statut de véritable dialogue, même s’ils resteront généralement sous la forme d'un simple échange.

Ensuite, il s’avère que la classification même de Durrer ne peut véritablement s'appliquer aux dialogues durassiens qui, nous l’avons dit, sont plutôt des conversations correspondant grosso modo sur le plan fonctionnel aux échanges dialectiques, mais que l’on ne pourrait pas qualifier de dialectique sur le plan du contenu - ou alors dans le sens de la Nouvelle Rhétorique. D’autre part, si l’on tente de catégoriser certains dialogues durassiens en appliquant les cinq critères proposés par Durrer, de nombreuses hésitations apparaissent. Pour Moderato, par exemple, faudra-t-il en fonction des paramètres envisagés considérer les échanges Anne-Chauvin comme didactiques ou dialectiques ? La question se pose, dans la mesure où Chauvin se présente comme possédant un savoir sur le crime (qu'en réalité il n’a pas) et qu'il co-construit avec Anne en fonction de leur relation. Si Anne se spécialise dans la question posée à propos du crime, Chauvin se spécialise dans les questions sur Anne, sans compter que, comme l'a montré Gelas (1991 : 359-367), chez Duras, les limites entre assertion et question ne sont pas clairement définies. Quant à leur position discursive, comment la caractériser ? Égalitaire, dans la mesure où tous deux parlent autant et co-construisent leur histoire en symétrie totale avec celle du couple ? Placer Chauvin en supérieur parce que c'est lui qui nomme Anne, et qu’il se présente comme détenteur d'un savoir, ou encore parce qu’il prend en main la réalisation du meurtre symbolique ?

Aussi est-ce vers des terminologies et des classifications plus linguistiques que nous nous tournerons. Sur le plan terminologique, nous utiliserons celle des interactionnistes, distinguant interaction, interaction verbale (que nous appellerons aussi dialogue), échange (défini comme la plus petite unité dialogale) et intervention (définie comme la plus petite unité monologale) à laquelle nous nous permettrons toutefois de substituer le terme de réplique, quand cette dernière se réduit à une seule intervention. Quant à la notion de séquence (Kerbrat-Orecchioni 1990 : 219), considérée d'abord par l'école de Genève comme une unité intermédiaire entre l'échange et l'interaction, ensuite comme unité correspondant à un seul « objet transactionnel », nous ne l'utiliserons que parcimonieusement dans la mesure où ses critères d'identification, relevant tantôt de la sémantique, tantôt de la pragmatique, ne permettent pas, à de rares exceptions près (Kerbrat-Orecchioni signalait les séquences d'ouverture et de clôture), d'en faire une division opératoire. Sur le plan classificatoire, Vion (1992 : 129-142) synthétise le travail des interactionnistes et identifie nettement deux grands types d'interactions : les interactions complémentaires et les interactions symétriques. Parmi les interactions complémentaires, figurent la consultation, l'enquête, l'entretien, la transaction ; parmi les interactions symétriques, figurent la conversation, la discussion, le débat et la dispute. Cette classification interviendra à l'intérieur de chacune des catégories que nous établirons à partir d’une autre classification linguistique des interactions. Les interactionnistes ont, en effet, pris l’habitude de sous-catégoriser le dialogue selon le nombre d’interactants qu’il comprend en fonction de critères qui s’avèrent à la fois plus élémentaires, plus objectifs, et donc plus facilement utilisables. Ils distinguent globalement quatre catégories, à condition bien sûr de se rallier à la position soutenue notamment par Kerbrat-Orecchioni (1990 : 14, 38) qui incorpore le monologue parmi les sous-catégories quelque peu déviantes du dialogue, puisque « tout énoncé, même monologal, est ainsi virtuellement dialogal » et que :

‘[...] au lieu de considérer le dialogue comme une espèce de monologue plus complexe, ce sont les formes monologales que l'on considérera comme dérivées, à l'aide de règles d'ellipse et d'enchâssement, de ces structures élémentaires que sont les formes dialogales (Kerbrat-Orecchioni 1990 : 38).’

Ces quatre catégories sont donc :

  • Le monologue, qui se caractérise par la présence d'un seul actant et par la confusion des rôles de locuteur et d'allocutaire. Kerbrat-Orecchioni (1990 : 15), tout en signalant la polysémie du terme, le définit au sens strict comme : « discours non adressé, si ce n’est à soi-même ».

  • Le dilogue (également appelé dyade), qui présente deux interactants échangeant tour à tour leurs rôles de locuteur et d’allocutaire. Par fausse étymologie, l’acception commune du terme dialogue s’est souvent réduite à celle de dilogue (Kerbrat-Orecchioni 1990 : 116).

  • Le trilogue, où trois interactants se répartissent les rôles conversationnels, mais aussi défini comme « conversation impliquant trois participants » (Kerbrat-Orecchioni (1994 : 48)). La différence entre ces deux définitions rend manifeste toute la difficulté du problème.

  • Le polylogue, où un nombre X de participants figurent, mais qui, selon André-Larochebouvy (1984a : 47), se scinde en trilogues et en dilogues lesquels constitueraient ainsi, en quelque sorte, les deux structures de base de l’échange dialogal. Les conversations à quatre sont insérées dans le polylogue.

Ces quatre catégories nous serviront de base classificatoire314 parce qu'elles nous paraissent pouvoir mettre en lumière des mécanismes non encore étudiés pour les dialogues romanesques et en même temps pouvoir poser des sujets de réflexion ou d'observation aux interactionnistes, dans la mesure où, jusqu'à présent, une forte tendance à assimiler dialogue à dilogue persistait aussi bien pour les interactions réelles, comme le signale Kerbrat-Orecchioni, que pour les dialogues romanesques :

‘[...] il ne fait aucun doute que les modèles de l'interaction qui ont été élaborés dans le cadre de l'analyse conversationnelle [...] l'ont été prioritairement, pour ne pas dire exclusivement, dans la perspective des échanges dyadiques, et que cette norme d'une conversation = deux locuteurs est implicitement admise dans les travaux sur la conversation, comme le montre bien Jeanneret (1991 : 85). Il est vrai que plus le nombre des participants augmente, et plus le travail descriptif se complique [...] (Kerbrat-Orecchioni 1995a : 1).’

Pour le dialogue romanesque, la même confusion, encore accentuée, se retrouve. Durrer (1999 : 56) dit que dans le dialogue romanesque « un groupe d'interlocuteurs tend à se scinder en plusieurs dyades ou couples conversationnels ». Ce que, d'ailleurs, dément partiellement l'exemple de Sagan qu'elle fournit :

‘« Anne, votre élégance fait des ravages ; il y a un homme là-bas qui ne vous quitte pas des yeux. » 
Je l'avais dit sur un ton confidentiel, c'est-à-dire assez haut pour que mon père l'entendît. Il se retourna aussitôt vivement et aperçut l'homme en question.
« Je n'aime pas ça, dit-il, et il prit la main d'Anne » [...] (Sagan, Bonjour tristesse : 138, cité par Durrer 1999 : 54).’

Elle propose le schéma suivant : « Cécile -> Anne ; père de Cécile -> Anne », alors qu'on voit clairement à partir des notations narratives que les propos de Cécile, apparemment destinés à Anne, sont en fait destinés au père. Nous sommes en présence d'un magnifique trope communicationnel qui atteint parfaitement son but : le père réagit aux propos. À partir de cet exemple, il devient très clair qu'un dialogue romanesque à plusieurs participants ne se scinde pas nécessairement en couples conversationnels. Affirmer une telle idée consiste à ne tenir compte que des notations verbales, pour lesquelles la linéarité du texte contraint effectivement à alterner les répliques sous forme d'échanges dyadiques. Mais les notations narratives du paraverbal, du non verbal ou parfois plus simplement l'interprétation narrative des paroles prononcées montrent qu'il ne s'agit pas de « dyade conversationnelle ». Le schéma de la conversation de Sagan est plutôt le suivant :

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Aussi, tout dans un roman ne se gère pas en dilogue, ni même en échanges dilogaux, mais c’est la linéarité du texte qui en donne l'impression trompeuse.

Cette tendance a fait en sorte que toutes les observations relatives au fonctionnement du dialogue romanesque, ainsi que l'étude de ses grandes différences avec les conversations réelles, ont souvent été établies sur base des dilogues, reportés par ailleurs au discours direct. Si pour certaines d'entre elles, comme l'alternance prédéfinie des tours de paroles opposée à sa négociation pour les interactions réelles ou comme la dissociation obligatoire du verbal, du non verbal et du paraverbal, le type de dialogue intervient peu, nous verrons que pour d'autres le nombre de participants jouera de manière fondamentale et que, de manière générale, plus les participants seront nombreux et plus le texte romanesque devra user de stratégies purement littéraires. Ainsi, alors que, pour un romancier, il est tout à fait possible de reproduire sous forme d'un discours direct la totalité d'un rituel de salutation sans déroger au code de vraisemblance littéraire, autant une telle reproduction dans un cadre de trilogue ou de polylogue conduirait, nous l’avons dit, le texte à un effet de burlesque. Effet que l'on peut d'ailleurs constater dans La pluie quand Duras s'amuse à le produire à l'occasion d’un trilogue tout d'abord (p. 60) et à l'occasion d'un tétralogue ensuite (p. 76). Le romancier devra alors impérativement utiliser un discours narrativisé du type « ils se saluèrent » ou des troncations totales ou partielles, s'il ne veut pas tomber dans cet effet burlesque. L'existence d'un double réseau de communication - une communication entre personnages selon une logique de diégèse et une communication avec le lecteur selon une logique d'informations et de progression d'intrigue - qui constitue une des divergences fondamentales entre le dialogue authentique et le dialogue romanesque ne fonctionnera pas du tout de la même façon en trilogue et en dilogue, par exemple. Dès lors cette classification permettra de faire apparaître des phénomènes jusqu'à présent mal perçus.

Quant à l'autre classification linguistique, elle s'y incorporera facilement dans la mesure où les interactions complémentaires sont essentiellement dialogales et que les interactions symétriques se subdiviseront selon leur nombre d'interactants. Toutefois, cette division qui paraît simple à première vue, puisqu’elle se fonde sur un facteur objectif, le nombre réel de participants à une interaction, est en fait beaucoup plus compliquée qu'il n'y paraît. L’étude du trilogue réalisée sous la direction de Kerbrat-Orecchioni et de Plantin (1995) laisse apparaître de nombreux problèmes qui pourraient faire basculer cette catégorie tantôt du côté du dilogue, tantôt du côté du polylogue menaçant ainsi son existence intrinsèque et par là même la catégorisation globale. À titre d’exemple, l’existence de trois personnes dans un lieu communicationnel suffit-elle à parler de trilogue, ou, au contraire, faut-il que les trois personnes soient, à certains moments, des locuteurs ? La question est délicate. Faut-il considérer que le dilogue en présence d’un bystander, terme emprunté à Goffman et traduit en français par « témoin extérieur », est en fait un trilogue puisque ce dernier non seulement influe, par sa présence, sur le dilogue mais aussi a la possibilité d’intervenir dans le dilogue ? Faut-il se rallier à la position de Wtiko-Commeau (1995 : 284-306) qui considère, selon l’expression de Kerbrat-Orecchioni, « qu’une instance collective [peut] jouer le rôle d’un locuteur unique » (1995a : 23) et transforme un polylogue apparent en trilogue ? Faut-il considérer que le public d’une émission télévisée transforme la dyade télévisée en trilogue à l’instar de ce que fait Charaudeau (1991 : 23) en affirmant que le « "débat télévisé" s'inscrit dans un dispositif triangulaire » ? Si un certain flou plane encore, c’est sans doute, comme le signale Kerbrat-Orecchioni (1995a : 1), parce que « les modèles de l’interaction qui ont été élaborés dans le cadre de l’analyse conversationnelle [...] l’ont été prioritairement, pour ne pas dire exclusivement, dans la perspective des échanges dyadiques », qu’« il est vrai que plus le nombre de participants augmente, et plus le travail se complique » et que « le trilogue est à tous égards plus souple, plus fluctuant, plus imprévisible encore que l’échange duel ».

Si le trilogue est flou et fluctuant, si le polylogue se réduit à des dilogues et à des trilogues, si le monologue n’est qu’une déviance du dilogue, les conversationnalistes n’ont-ils pas eu raison de ne traiter presque exclusivement que des dilogues ? Apparemment, une telle attitude s’avérerait excessive et les études réunies par Kerbrat-Orecchioni et Plantin (1995) ont déjà démontré certains fonctionnements spécifiques au trilogue concernant le rôle des auditeurs, l’alternance des tours de parole, le fonctionnement des actes de langage, la structuration du dialogue et de la construction de la relation interpersonnelle, pour reprendre les éléments analysés dans l’introduction de Kerbrat-Orecchioni (1995a : 1-14) - liste à laquelle pourrait s'ajouter la gestion de la « politesse ». Il semble donc que si tant de paramètres bougent en passant du dilogue au trilogue, il devrait en être de même pour les polylogues. L’étude des différentes catégories dans le dialogue romanesque durassien devrait soit confirmer ces différences, soit en faire apparaître d’autres, liées ou non à la spécificité littéraire. Il semble, à première vue, que le romancier ne puisse pas utiliser les mêmes outils pour gérer un monologue, un dilogue, un trilogue ou un polylogue et que le repérage de ces différentes catégories soit encore moins évident pour le texte romanesque que pour les interactions réelles.

Aussi nous est-il apparu fondamental, pour tenter d’y voir clair, de distinguer explicitement et systématiquement le niveau interactionnel large, le niveau conversationnel et le niveau relationnel315. Cette tripartition nous a été suggérée par Kerbrat-Orecchioni, par sa différenciation entre l'« interaction globale » et les « configurations interlocutives » :

‘Il est nécessaire, pour clarifier la notion de cadre participatif, de distinguer le niveau de l'interaction globale (où l'on peut assigner aux différents participants un statut stable), et celui des moments successifs de l'interaction (les configurations interlocutives particulières se modifiant sans cesse au cours de son développement) (Kerbrat-Orecchioni 1990 : 83),’

et par sa définition du trilogue (1995a : 2) comme « un échange communicatif se déroulant au sein d'une triade, c'est-à-dire d'un ensemble de trois personnes existant en chair et en os ». Ces observations et définitions font apparaître nettement une scission entre l’interactionnel et le conversationnel.

De même, la réflexion de Caplow, commentant le travail de Simmel, nous autorise à scinder les niveaux interactionnels et relationnels :

‘Simmel examine expressément les modèles de relations sociales comportant trois éléments, tandis que la théorie contemporaine des triades s’occupe de groupes de trois membres. On peut attribuer cette différence à l’évolution qui tend à substituer aux réflexions d’ordre général l’analyse de cas particuliers (Caplow 1971 : 34-35 ; nous soulignons).’

La remarque de Caplow signale un double niveau d’analyse qu’il attribue à une évolution historique des mentalités et au changement évolutif de l’objet d’étude. Or, selon nous, ces deux niveaux sociaux existent concomitamment : le réseau relationnel pour un individu donné ne peut systématiquement se confondre avec les groupes interactionnels auxquels il participe, qui eux-mêmes ne peuvent se confondre avec le groupe conversationnel.

Indépendamment des pistes suggérées par les chercheurs, la connaissance empirique conduit, elle aussi, à cette tripartition. En effet, des êtres humains, et a fortiori des personnages romanesques, peuvent être en circuit relationnel sans être véritablement en interactions. Ils peuvent appartenir, par exemple, à la même famille sans s’être jamais vus. De même pour le circuit interactionnel : on peut se trouver dans la même pièce que des êtres qui conversent, sans même les connaître, et cette présence étrangère influera d’une manière ou d’une autre sur leur conversation. C’est ce que Goffman et par la suite Kerbrat-Orecchioni (1990 : 83) montrent dans l’étude du « cadre participatif ». Pour les interactions verbales proprement dites, dans la mesure où cette interaction peut comprendre divers phénomènes non verbaux et paraverbaux, nous préférerons utiliser l’appellation « conversationnel ».

En outre, le fait que dans un même espace interactionnel peuvent se poursuivre des conversations simultanées témoigne aussi de l'intérêt de scinder l’interactionnel du conversationnel, à condition toutefois de poser un système d'inclusion entre les deux :

‘[...] dans le cas en particulier des assemblées nombreuses où se trouvent juxtaposées en un même lieu plusieurs conversations, on peut passer en souplesse de l'une à l'autre, et même rester un certain temps « branché » à la fois sur deux groupes conversationnels différents (Speier 1972 : 408, cité par Kerbrat-Orecchioni 1990 : 83).’

Si l’on applique ce système à la description faite ci-dessus, l'espace interactionnel sera constitué de « l’assemblée nombreuse ». Il existera au minimum deux espaces conversationnels qui comprendront une intersection constituée de la personne qui participe aux deux conversations. Ces deux espaces seront alors inclus dans l'espace interactionnel. Le rapport d'inclusion est obligatoire entre l'espace conversationnel et interactionnel, alors qu'il ne concerne pas l'espace relationnel.

Mais nous pouvons d'ores et déjà affirmer que le point de force des dialogues romanesques sera la correspondance des trois niveaux, avec la possibilité d'aller dans les deux sens : soit la relation préexiste et elle s'incarne alors en interactions et conversations ; soit elle est en train de se construire et c'est la conversation qui la crée. Cette dernière situation est souvent celle des romans de Duras qui sont des romans de rencontre. La romancière montre dans la plupart de ses écrits (Le square, L'après-midi, Moderato, Le ravissement, Détruire...) une relation duelle ou triangulaire en train de se construire et de se dénouer devant nous.

Si cette tripartition des niveaux paraît importante pour les interactions réelles, elle l'est encore plus pour le texte romanesque, dans la mesure où un romancier peut présenter un personnage dans une structure relationnelle du type « fils de », « mère de » sans mentionner dans le texte l’existence d’une quelconque interaction entre eux. Dès lors, un trio relationnel pourrait être simplement mental sans s’actualiser sous la forme d’une triade interactionnelle qui, à son tour, pourrait ne pas correspondre à une triade conversationnelle. Et ainsi, toutes les combinaisons s’avéreraient possibles entre les secteurs relationnel, interactionnel et conversationnel. Mais il nous faut bien constater qu'au sein du dialogue romanesque, les problèmes de focalisation et de plans viennent encore compliquer l’identification du cadre participatif de l’échange entre personnages et donc complexifier le repérage entre le cadre interactionnel et conversationnel. Cet extrait du Consul illustre parfaitement ce fait :

‘Au Cercle, ce soir, il n'y a qu'une table de bridgeurs. Ils se sont couchés tôt, la réception est pour demain. Le directeur du Cercle et le vice-consul sont assis côte à côte sur la terrasse, face au Gange. Ces hommes ne jouent pas aux cartes, ils parlent. Les bridgeurs, de la salle, ne peuvent pas entendre leur conversation.
- Il y a vingt ans que je suis arrivé ici, dit le directeur,... (Consul : 74).’

Le Cercle, en tant qu'institution, pose l'espace relationnel qui réunit tout le milieu blanc des Indes. Les bridgeurs et les deux hommes se situent au sein du même espace interactionnel ; le narrateur se trouve contraint de signaler l'impossibilité pour les bridgeurs d'entendre la conversation des deux hommes. Par là même, l'espace interactionnel se scinde en deux : un micro espace interactionnel, celui de la partie de cartes et un espace conversationnel entre les deux hommes. Salle et terrasse concrétisent dans la matérialité du lieu ces espaces. La focalisation se fait progressivement sur les deux hommes, les bridgeurs sont laissés dans l'arrière-plan du texte.

Il nous reste maintenant à nommer de manière aussi précise que possible ces différents niveaux, sans trop recourir à l’inflation terminologique. Nous utiliserons donc autant que faire se peut le vocabulaire existant pour les dénommer. La double terminologie linguistique (dilogue vs dyade et trilogue vs triade) à laquelle s’ajoutent les termes de monade et de tétrade déjà utilisés par le traducteur de Simmel (Caplow 1971 : 34) et les termes courants de duo, trio et quatuor devront nous permettre de dénommer ces trois niveaux. Kerbrat-Orecchioni, dans sa définition du trilogue (1995a : 2) mentionnée ci-dessus, avait ouvert la voie à une spécification du paradigme en « -logue » pour le niveau conversationnel et de celui en « -ade » pour le niveau interactionnel. Nous réserverons donc les termes de dyade et de triade pour qualifier le nombre de personnes en présence dans le lieu interactionnel et qui soit entrent en interaction d’une manière quelconque, soit influent sur l’interaction qui s'y déroule. Nous nous permettrons par ailleurs de forger celui de polyade sur le même principe lexico-sémantique. Nous réserverons ceux de monologue, de dilogue, de trilogue et de polylogue aux interactions à un, deux, trois ou plusieurs locuteurs. Autrement dit, pour qu’il y ait monologue, dilogue, trilogue ou polylogue, il faudra tenir compte du nombre d’interactants qui ont réellement pris la parole, qui ont assumé le rôle conversationnel de locuteur au sens large du terme, dans la mesure où des signes non verbaux peuvent faire office d’acte de parole et qui ont donc pris activement part aux échanges. Ainsi, une dyade peut devenir monologale si un seul participant assume le rôle de locuteur et que l’autre n’est qu’un allocutaire passif ; une triade peut devenir dilogale si seuls deux participants assument le rôle de locuteur. Un débat télévisé à deux participants sera dilogue, même s’il se situe dans un échange triangulaire avec le public, mais il pourra être triade, voire trilogue, s’il se déroule en présence d’un animateur. Le duo, le trio, le quatuor définiront alors les structures relationnelles, mais surtout sociales.

Cette mise au point définitoire, terminologique et classificatoire étant faite, il n’en reste pas moins que chaque type d’interaction recouvre des modes de fonctionnements différents. Si dilogue et monologue ont été relativement bien étudiés dans le cadre des interactions réelles, le trilogue et le polylogue n’ont à ce jour pas fait l’objet, à notre connaissance, d’un travail systématique chez les interactionnistes. Le polylogue semble, selon André-Larochebouvy, pouvoir se scinder dans le cadre des interactions réelles à des dilogues ou à des trilogues et constituer ainsi une structure seconde. Il n’en est pas de même pour le trilogue, qui semble constituer une des structures premières, voire la structure première de toute interaction (Kerbrat-Orecchioni 1995a : 1), même si à notre avis c’est plutôt le trio, voire la triade et non le trilogue qui est premier. Or, à ce jour, n’existent, à notre connaissance, sur cette forme d’interaction que l’étude de Caplow et celle effectuée sous la direction de Kerbrat-Orecchioni et de Plantin (1995). Quant aux travaux consacrés au polylogue, nous n’en connaissons pas si ce n’est une des sessions du Congrès de Pragmatique d’Anvers316. Pourtant le polylogue ne devrait pas se réduire à la seule étude de ses structures réduites. Un polylogue est à notre sens autre chose que dilogues et trilogues, tout comme un texte est autre chose qu’une addition de phrases.

L’on envisagera donc ici ce que l’étude des dialogues entre les personnages romanesques peut apporter à ces différentes catégories. Si nous avons choisi d’étudier également au sein de ce chapitre la manière dont les propos de personnages sont retranscrits, c’est parce que dans les romans, le type de report textuel n’est pas indépendant des catégories de dialogue. Tout en nous refusant à faire une étude systématique du discours rapporté, puisqu’une abondante littérature existe déjà dans le domaine, aussi bien sur le plan linguistique avec les travaux de Banfield (1982) ou de Rosier (1999) que sur le plan plus spécifiquement littéraire avec la classification de Genette (1972 : 189-203), à qui nous emprunterons les différentes répartitions de ce qu'il nomme « le récit de paroles », certaines observations préalables doivent cependant être faites, tant Duras inaugure de techniques personnelles à ce niveau.

Sur le plan du report textuel des paroles, Genette (1972) distingue dans ce qu'il appelle « le récit de paroles » le discours rapporté, le discours transposé et ses deux variantes : l'indirect et l'indirect libre, et le discours narrativisé.

C'est au niveau du discours rapporté que Sarraute a émis une série de constatations concernant, dans le roman moderne, l'explosion des dialogues, les ruptures avec les conventions romanesques habituelles et le surgissement de ce qu'elle appelle les « sous-conversations ». Elles s'avèrent des plus pertinentes pour l'étude du dialogue durassien :

‘[...] comme le constate Henry Green, les personnages de roman deviennent [...] bavards.
Mais ce dialogue qui tend de plus en plus à prendre dans le roman moderne la place que l'action abandonne, s'accommode mal des formes que lui impose le roman traditionnel. Car il est surtout continuation au-dehors des mouvements souterrains [...].
Rien ne devrait donc rompre la continuité de ces mouvements [...].
Dès lors, rien n'est moins justifié que ces grands alinéas, ces tirets par lesquels on a coutume de séparer brutalement le dialogue de ce qui le précède. Même les deux points et les guillemets sont encore trop apparents, et l'on comprend que certains romanciers [...] s'efforcent de fondre, dans la mesure du possible, le dialogue dans son contexte en marquant simplement la séparation par une virgule suivie d'une majuscule.
Mais plus gênants encore et plus difficilement défendables que les alinéas, les tirets, les deux points et les guillemets, sont les monotones et gauches : dit Jeanne, répondit Paul, qui parsèment habituellement le dialogue ; ils deviennent de plus en plus pour les romanciers actuels [...] non plus une nécessité, mais une encombrante convention.
[...]
Tantôt [...] ils renoncent avec ostentation à ces subterfuges [...] et exhibent la monotonie et la gaucherie du procédé en répétant inlassablement, [...] : dit Jeanne, dit Paul, dit Jacques [...].
Tantôt ils essaient d'escamoter ce malencontreux « dit Jeanne », « répliqua Paul » en le faisant suivre à tout bout de champ des derniers mots répétés du dialogue.
Ce n'est en effet pas un hasard que ce soit au moment d'employer ces brèves formules, en apparence si anodines, qu'ils se sentent le plus mal à l'aise. C'est qu'elles sont en quelque sorte le symbole de l'ancien régime, le point où se séparent avec le plus de netteté la nouvelle et l'ancienne conception du roman. Elles marquent la place à laquelle le romancier a toujours situé ses personnages : en un point aussi éloigné de lui-même que des lecteurs. [...]
Placé ainsi au-dehors et à distance de ses personnages, le romancier peut adopter des procédés allant de celui des behavioristes à celui de Proust.
Il peut, comme les behavioristes, faire parler sans aucune préparation ses personnages, se tenant à une certaine distance, se bornant à paraître enregistrer leurs dialogues, et se donnant ainsi l'impression de les laisser vivre d'une « vie propre ».
[...]
Reste alors la méthode opposée, celle de Proust : le recours à l'analyse. Elle a sur la précédente en tout cas cet avantage de maintenir le roman sur le terrain qui lui est propre et de se servir de moyens que seul le roman peut offrir ; et puis elle tend à apporter aux lecteurs ce qu'ils sont en droit d'attendre du romancier : un accroissement de leur expérience non pas en étendue [...], mais en approfondissement.
[...]
Proust ne se contente pour ainsi dire jamais de simples descriptions et n'abandonne que rarement le dialogue à la libre interprétation des lecteurs. Il ne le fait que lorsque le sens apparent de leurs paroles recouvre exactement leur sens caché. Qu'il y ait entre la conversation et la sous-conversation le plus léger décalage, qu'elles ne se recouvrent pas tout à fait, et aussitôt il intervient, tantôt avant que le personnage parle, tantôt dès qu'il a parlé, pour montrer tout ce qu'il voit, expliquer tout ce qu'il sait [...] (L’ère du soupçon 1956 : 123-136).’

L'extrait est certes assez long, mais il explique à merveille l'attitude de Duras face au report de paroles. En effet, la romancière passant du roman traditionnel au roman moderne a, elle aussi, dépoussiéré le texte romanesque de ses conventions encombrantes. Dans le Barrage, non seulement les propos des personnages sont marqués par des tirets et précédés ou suivis des « dit Joseph », « déclara Joseph » avec un souci de variété dans le choix du verbe même si « dire » reste largement majoritaire, mais les échanges sont marqués par une utilisation de guillemets assez particulière puisque, comme l'indique Le bon usage (1986 : § 183), les guillemets cernent habituellement le dialogue :

‘Dans les dialogues, on peut - soit placer les guillemets ouvrants au début de la première réplique et les guillemets fermants à la fin de la dernière réplique ; - soit se passer de guillemets et n'utiliser que des tirets [...].’

Cette utilisation devait correspondre au souci durassien d'indiquer les limites de l'échange, voire de la séquence, et de fragmenter ainsi l'écriture tout en appuyant les conventions :

‘« Bonjour, dit la mère, vous allez bien ?
- Bonjour madame, fit M. Jo, je vous remercie. Et vous-même ? » (Barrage : 68).
Elle bâilla.
« T'en fais pas, maman, je rentrerai tôt, dit gentiment Joseph.
- C'est pour vous que j'ai peur, quand j'ai peur d'avoir une crise » (Barrage : 28-29).
« Ça fait combien de chevaux une bagnole comme ça ?
- Vingt-quatre, dit négligemment M. Jo.
- Merde, vingt-quatre chevaux... Quatre vitesses sans doute ?
- Oui, quatre.
- On démarre en seconde comme on veut non ?
- Oui, si on veut, mais ça esquinte le changement de vitesse.
- Ça tient la route ?
- À quatre-vingts dans un fauteuil. Mais celle-là, je ne l'aime pas, j'ai un roadster deux places et avec ça j'arrive à cent sans aucun mal.
- Combien de litres au cent ?
- Quinze sur route. Dix-huit en ville. Vous avez quelle marque vous autres ? »  (Barrage : 40-41).’

Le premier exemple peut s'analyser comme échange phatique ou séquence d'ouverture, le deuxième est clairement un échange, le troisième nettement une séquence organisée autour d'un objet transactionnel unique : la connaissance de la voiture de Monsieur Jo.

À partir des Chevaux, le mode de report des propos changera. Resteront les tirets, les « dit-il » et les « dit-elle » qui signalent de manière quasiment caricaturale l'encombrante convention dont parlait Sarraute. Les guillemets, quant à eux, disparaîtront totalement et les échanges ou les séquences seront alors soulignés par le seul commentaire narratif les encadrant :

‘Puis le thé fut prêt et elle en apporta une tasse à l'enfant.
- Quelle nuit, dit Jacques. Mais après le café ça va mieux.
- Il faut, il faut qu'il pleuve.
L'enfant avala son thé, en réclama encore (Chevaux : 117).’

C'est le fait qu'un commentaire narratif encadre l'ensemble qui permet d'interpréter la deuxième réplique comme une intervention réactive à la première, alors qu'elle en est sémantiquement très éloignée. Ce commentaire narratif fonctionne donc comme une espèce de balisage pour le lecteur qui, ainsi, n'est pas trop désorienté dans sa lecture.

Le deuxième grand aspect que signale Sarraute est la divergence adoptée chez les romanciers modernes allant du behaviorisme total à l'analyse selon les procédés de Proust. Duras adopte globalement un parti pris de behaviorisme puisqu'elle livre au lecteur les interactions à l'état brut, sans trop de médiation narrative. Cependant, elle n'est nullement éloignée de l'attitude proustienne quand, sans sombrer dans l'explication psychologique des intentions discordantes, sans signaler l'interprétation que l'on pourrait leur donner, elle signale tout ce que Sarraute appelle les sous-conversations ou discordance entre le dit et le non-dit, en faisant une description détaillée du non verbal et du paraverbal, en soulignant les mensonges, en témoignant par son écriture d'une observation plus que minutieuse de tous les mouvements conversationnels que toutefois, à la différence de Proust, elle n'interprète pas - ou si elle le fait, c'est dans toute l'incertitude du savoir. Ainsi, par sa description de tous les faits verbaux, non verbaux et paraverbaux, guide-t-elle le lecteur vers une certaine interprétation, mais sans la lui livrer. C'est donc plutôt le mécanisme de la conversation qu'elle démonte que son interprétation. Fine observatrice, elle ne livre son analyse, quand elle le fait, que sous le mode de l'incertitude. Nous verrons à quel point ce travail de romancière peut s'avérer subtil dans les trilogues.

Mais, l'originalité durassienne se situe aussi dans une utilisation particulière d'un discours narrativisé que l'on pourrait même appeler une « narration de conversation » qui fonctionne selon l'expression de Traverso (1999 : 111) comme une « métaconversation ». En fait, elle raconte une conversation annexe, entendue ou perçue par un des personnages, mais qui n'aura aucune incidence sur la diégèse. Elle en dégage les traits pertinents de fonctionnement, faisant ainsi apparaître le squelette de toute conversation. Procédant ainsi, elle nous donne, nous l’avons vu, le script général des dilogues et des polylogues, structures-formes qui semblent l'intéresser au plus au point.

Enfin, l’on s’interrogera sur le fait de savoir si certains types de dialogues sont plus propices à l'ouverture ou à la clôture des romans, et sur la compatibilité de cette catégorisation linguistique avec les catégorisations plus littéraires et plus sémantico-thématiques concernant les « scènes ». De fait, certaines scènes comme l’aveu, la confidence, la bagarre ou la déclaration d’amour semblent a priori plus compatibles avec les dilogues, les scènes de dispute avec le dilogue ou le trilogue, les scènes de réception avec le polylogue... Il serait également intéressant de se demander s’il existe une différence pour le nombre d’interactants entre les scènes dites dramatiques et les scènes dites typiques selon la terminologie empruntée à Genette (1972 : 142-143).

Une grande partie des phénomènes analysés précédemment et certains exemples seront repris avec comme objectif de montrer comment ils peuvent trouver une forme d’unité au sein de cette typologie. Vu son aspect synthétique, cette partie ne sera pas décomposée comme les autres en chapitres qui entameraient l’idée d’unité que nous désirons lui conférer.

Notes
314.

Berthelot (2001 : 9-113) confirme l’hypothèse.

315.

Cette distinction est déjà apparue lors de l’étude des normes.

316.

 Juillet 1998, présidée par Kerbrat-Orecchioni