La tropologie fait référence à l’espace diégétique et géographique, mais elle est aussi l’espace de l’Imaginaire et du remplissage, dont l’oralité et le fantasme de dévoration sont des manifestations criantes. La tropologie, quant à elle, renvoie, de par son étymologie — (tropein veut dire tourner en Grec) — à ce qui tourne, fait figure et forme, et donne un tour de vis supplémentaire à l’interprétation. L’arche, comme nous le verrons, semble faire trope, nous faisant passer du remplissage à l’évidement, cet évidement du plein qui fait cadre, pourtour, trou et symptôme dans la fiction de Conrad et de Lowry. Par ce mouvement tournant, le trope installe un vide en son centre, vide dont l’arche est un trope de choix dans Nostromo. Nous tenterons de voir comment la tropologie incite le lecteur à aller du côté du sens spectral, plutôt que spectaculaire et donc à accepter le risque que « ça cloche, pour que ça sonne »470. Mais pour installer cette nouvelle économie de lecture, le lecteur devra prêter sa voix au texte, ce qui en fait un événement de voix, de souffle.471
J. Paccaud-Huguet, Séminaire DEA/CERAN, « Litturaterre, langage, psychanalyse », le 16 décembre 2000, Lyon 2.
« La voix creuse un vide dans le sujet, ce vide de la voix est aphone. La matérialité sonore spécifie le sujet comme vide de la voix. La voix est du corps, certes, mais sous condition de tomber du corps et de trouver à s’incarner dans une lettre qui vaut comme objet. » (Nathalie Thèves, in Par Lettre, Ulysse en questions, Bulletin de l’ACF Rhône-Alpes, 1998, p. 33)