Pratiquement toujours interdite par les plans d’urbanisme en France66, la maison pluri-familiale est toujours autorisée, sinon programmée ou fortement conseillée en Allemagne. Si les justifications économiques du système allemand sont évidentes quant au coût de construction et de l’incidence foncière, au coût des équipements publics, et l’on constate aussi une économie d’espace qui ne peut être dissociée de la densité globale de l’Allemagne où les terrains à bâtir sont plus rares qu’en France. Ce sytème n’est par ailleurs pas neutre quant à la relation sociale qui s’établit entre le propriétaire et son ou ses locataires, relation de déférence, de respect du bâti, de surveillance mutuelle qui garantit le respect des «bonnes moeurs» : lien social et pression sociale sont prégnants.
Ces considérations économiques, sociales et écologiques ne sont pas les seules : la maison pluri-familiale prend souvent la forme d’une grosse villa, et inversement, de grosses villas peuvent ainsi être partagées tout en gardant aux yeux de son propriétaire (et des locataires) un look de villa bourgeoise. Il en résulte naturellement une vie sociale différente et un paysage urbain différent. Les plans d’urbanisme, nés d’une pratique socio-architecturale, perpétuent alors réglementairement cette pratique.
L’origine et les fondements de cette interdiction nous sont inconnus et mériteraient des recherches. Nous avançons prudemment l’hypothèse (partielle) d’une volonté de maîtrise de l’habitat par le Seigneur du village, puis par le législateur.