Nous analyserons des lectures diverses de l’objet architectural (le bâtment) et de l’objet urbain (la ville), en distinguant plusieurs niveaux d’approche, depuis la soi-disant «ingénuité» du public jusqu’à la parole très «rouée» des publicitaires (qui vendent la ville) et sans omettre le discours des politiciens (instigateurs de la ville). Passant à plus grande échelle, regardant la ville comme un langage, nous feront des lectures de deux villes valablement comparables mais de cultures très différentes, Aix-en-Provence et Tübingen, les différences culturelles apportant à l’analyse la distanciation nécessaire à la prise en compte du lien entre culture et architecture/ville. Partant de ces lectures, nous ne viserons pas à ‘«la reconstitution d’une langue ou d’un code de la ville».’ Nous chercherons à organiser des unités dans les représentations de l’architecture et de la ville et dans les modes de fonctionement de ces représentations.
On se rappellera que de nombreuses tentatives de décryptage de ce langage ont déjà été déployées qui ne se sont pas révélées satisfaisantes au niveau de leur exploitation par les aménageurs. Analysant tant le bâti que la vie qui s’y déroule, elles cherchaient certes à comprendre l’urbain, mais leur portée se limitait à un travail sur le visuel, sur l’apparence. Ces tentatives analysaient les signifiants de la ville, allant jusqu’à envisager un vocabulaire architectural et/ou urbain que l’on pourrait organiser par une syntaxe. Supposées rendre du sens à la ville, ces propositions ont connu un vif engouement auprès des professionnels dans les années 1970. Sombrant périodiquement dans l’oubli parce que les mots ne font pas la poésie, puis renaissant par cette faiblesse de l’humain qui préfère des réponses tronquées ou fallacieuses à des questions sans réponses, ces méthodes et systèmes ne sont que des mathématiques de l’architecture et de la ville : elles peuvent les mesurer, mais elles ne peuvent en prendre la mesure, elles ne peuvent les comprendre.