4.2 Interprétation et synthèse

4.2.1 Une relation renouvelée

Eléments repères d’un espace familier

L’objet architectural « nominé » attire en tant qu’objet « marqueur » et « marquant ». C’est bien celui-ci (ou celui-là) que l’on vient voir de près parce qu’on l’a déjà vu et qu’on le connaît déjà un peu. C’est un objet qui s’inscrit donc déjà dans un espace connu, qui le marque et qui en devient éventuellement la marque. Un objet d’autant plus « marqueur et marquant » qu’il est souvent vu par le public comme se démarquant dans cet espace : soit comme l’intrus qui est venu contrarier le sens de cet espace, soit au contraire comme l’élément qui manquait pour lui donner un sens.

Cet espace est perçu et défini selon différentes formes de familiarité établies à partir du type de rapport qu’entretient le sujet à l’objet  :

  • l’espace vécu de mon territoire quotidien ;

  • l’espace politique de la collectivité territoriale dont je fais partie (ma ville par exemple) ;

  • l’espace plus ou moins affectif auquel je suis lié par des relations familiales et amicales («mon cousin y a habité » ou « y a travaillé », etc.) ;

  • l’espace esthétique d’un paysage que j’ai déjà entrevu ou traversé.

Il n’y a pas de ville sans l’image mentale de la ville, écrit Julien Gracq, et c’est dans cet ordre que la désignation d’objets architecturaux remarquables et classables participe de la représentation mentale de l’espace – ville ou paysage – nécessaire à la sécurisation et à l’appartenance à la communauté.

Objet connu et discuté souvent, le « monument du vingtième siècle » est donc en quelque sorte déjà un peu familier pour le public. Et le choix des visiteurs de visiter tel ou tel site à l’occasion des Journées européennes du patrimoine est guidé en partie par les différentes formes de familiarité énoncés ci-dessus.