L’historicité, clé du patrimoine ?

Une approche plus systémique semble se développer au sein des spécialistes, cherchant à témoigner de la diversité de l’architecture du vingtième siècle par la mise en valeur de toutes ses expressions.

Cette approche est comparable à une approche historienne, voire archivistique. On cherche effectivement à archiver toutes les formes de l’architecture en question. Cette approche correspond d’ailleurs à une demande du public qui, face à la présence synchronique et un peu confuse à ses yeux des bâtiments du vingtième siècle, cherche à en dégager une vision diachronique, plus fluide, plus lisible.

Ainsi les personnes interrogées lors des Journées européennes du patrimoine expriment-elles cette demande d’histoire à propos des sites visités. Alors que nous avions vu lors d’une précédente édition des Journées européennes du patrimoine que l’Histoire était reléguée au second plan, derrière la question des matériaux et du savoir-faire par exemple, voilà qu’avec l’architecture du vingtième siècle elle revient au premier plan106.

Si une histoire des formes et des usages de l’architecture permettrait donc de développer un discours attendu de la part du public, celui-ci attend sans doute aussi d’autres histoires que celle qui consiste à tout archiver. Mettre en valeur systématiquement tous les témoins de l’architecture du vingtième siècle risquerait de produire pour le public une histoire ou un patrimoine sans mémoire, c’est à dire qu’on ne peut guère s’approprier qu’intellectuellement, ce qui n’intéresse pas forcément tout le monde.

Notes
106.

Quant à la question des matériaux – s’agissant notamment du béton – le public ne s’y intéresse guère que pour en critiquer l’apparence jugée médiocre...On peut se demander d’ailleurs comment mettre en valeur des matériaux pour lesquels les traces d’ancienneté chères au patrimoine sont perçues comme un défaut évident.