7.1.1 Ville d’eau, ville d’art

L’Office de tourisme d’Aix-en-Provence est le lieu et l’organe de diffusion de l’image de la ville vers l’extérieur. Cette image est projetée par des dépliants spécifiques et l’organisation de visites :

• Aix, capitale de la Provence, ‘«la ville de vos désirs»’, est évidemment située au coeur de l’Europe méditerranéenne, entre Madrid et Athènes. [¹¹⁴]

• Aix la vivante, patrimoine et curiosités, accueil et gastronomie, sports et loisirs, c’est la ville de la consommation. [¹¹⁵]

• Aix, ville d’art, une semaine de visites commentées de la ville [¹¹⁶]

• Découverte d’Aix, autour du cours Mirabeau, autour de la vieille ville, le quartier Mazarin, la vieille ville. [¹¹⁷]

La Ville écrit aussi matériellement son image dans la ville, notamment par le circuit Cézanne, le relookage du cours Mirabeau et l’opération Sextius Mirabeau.

Le Circuit Cézanne (balisé au sol par des centaines de plots de bronze à l’effigie de Cézanne) est une écriture de la Ville dans la ville pour affirmer une identité, un trait de caractère de la ville :

‘«Une promenade balisée à travers les rues, vous permet de suivre les principales étapes de la vie de Cézanne à Aix, ville où il naît, vit, poursuit ses recherches et meurt.» [ ¹¹⁸ ] ’

Cependant, le circuit Cézanne n’est qu’un artifice¹¹⁹ ignoré dans la pratique quotidienne (cf. supra art. 6.2.2) mettant en scène une représentation d’Aix-en-Provence sur l’argument d’une supposée présence historique de Cézanne.

Le Cours Mirabeau, fleuron touristique d’Aix-en-Provence, ‘«orgueil de la cité, haut lieu de convivialité»’ n’échappe pas à la volonté municipale de réécriture. Une grande opération de «requalification» a eu lieu en 1998 sous le titre enjôleur [¹²⁰] de ‘«Redessinons ensemble le visage du Cours Mirabeau»’, avec concours international d’architecture, exposition publique et appel à opinions (nommé concertation) sur les trois projets proposés. Peu importe ici qu’il s’agisse d’une opération de lifting pour ce visage de la ville, ou d’une mise à jour fonctionnelle (vis à vis du problème de la circulation et du stationnement automobile). Il reste que le «visage» du Cours Mirabeau est apparu comme l’un des grands enjeux de la vie politique, au même titre que la vaste opération Sextius Mirabeau.

L’opération Sextius-Mirabeau : le programme du concours international restreint lancé en 1990 par la municipalité posait que ‘«Sextius-Mirabeau doit relever le défi passionnant de conserver l’esprit traditionnel d’une ville ancienne magnifique dans un quartier neuf» ’ ‘[’ ¹²¹ ‘]’. Ce n’est pas ici le lieu d’exposer une réflexion critique sur une opération en cours de réalisation, de juger de la qualité des objectifs ou de la pertinence des réponses apportées. Nous noterons cependant que, selon le mot du maire Jean-François Picheral, cette opération a pour objet de ‘«donner à la ville un visage d’une modernité adaptée à son image»’.

Mais l’image de la ville diffusée par la municipalité n’est pas forcément en accord avec l’image que les habitants souhaitent voir propager. Ainsi, un sondage réalisé en Juin 1994 par le Club Expressions [¹²²], auprès de 1836 habitants, afin de ‘«donner la parole aux Aixois pour qu’ils définissent eux-mêmes l’avenir de leur ville»’ montre que l’image de la ville méritant d’être développée est en premier lieu celle d’une ville universitaire.