Tübingen n’en finit pas d’être, de se vivre, de se présenter dans la plupart des documents touristiques comme ‘Universitätsstadt’ (ville universitaire). Cette désignation implique un léger mouvement de tête et une imperceptible inflexion dans la voix, marque de respect en accord avec ce titre de Doktor encore si fréquemment étendu en Allemagne à l’épouse du Doktor. Au début des années 60, la traversée de Tübingen se faisait le plus vite possible, tant cette petite ville était noire, sale, dégradée, bruyante avec les camions de l’armée française. Seules animations dans la ville : le mess des officiers, la salle de bal, le restaurant et le cinéma. Une petite ville de garnison. Trente ans plus tard, elle est devenue une très belle et riche ville qui offre la meilleure qualité de vie en Allemagne (selon l’investigation menée en 1995 par la revue FOCUS). La ville universitaire de Tübingen a su s’écrire en vingt cinq ans une nouvelle personnalité par la restauration habile du centre-ville, par son image touristique, par son image de ville universitaire, calme et sage à forte tendance «écolo».
La Vieille-ville : le dépliant ‘«promenade à travers la vieille ville»’ est certes diffusé par le kiosque de l’office de tourisme, mais le document est conçu par le service culturel municipal dont le directeur Wilfried Setzler est un ancien professeur d’histoire de l’université. La rénovation du centre-ville a été confiée au service de réhabilitation urbaine dont le directeur Andreas Feldtkeller était architecte et urbaniste.
Waldhäuser-Ost : dominant la vieille-ville, le quartier de Waldhäuser-Ost a été créé dans les années 70 selon un urbanisme très daté. Avec ses immeubles collectifs (jusqu’à R+20), ce quartier est en contradiction totale avec l’image de Tübingen.
Le quartier français : libéré brusquement en 1991 par le départ des Forces Françaises d’Occupation, le französisches Viertel (le quartier français) a donné l’occasion de repenser l’urbanisme de toute la partie sud de la ville et d’intégrer les 20 hectares des casernes françaises dans un périmètre plus large de 65 hectares. L’opération Südstadt intervient après que la réhabilitation du centre-ville ait été achevée avec succès, après les réalisations de tours de logements sociaux des années 70 à Waldhäuser-Ost, alors qu’émergent les difficultés des banlieues, après la réintégration des Neue Bundesländer. L’opération Südstadt est prise en main avec le souci de faire participer la population. Le service d’urbanisme de la ville édite et diffuse un périodique spécialement dédié à ce nouveau quartier, à cette nouvelle partie de la ville.
Composé sur 4 à 8 pages, le périodique ‘«Südstadt, Berichte, Informationen, Meinungen»’ (≈Ville-Sud, rapports, informations, opinions), présente l’opération, explique les objectifs, reçoit les opinions des usagers et comprend même des articles écrits en grec et en turc à destination des immigrés.