Le rythme de la ville : une définition

Pierre Sauvanet analyse le rythme comme la synthèse de trois éléments : la structure, la périodicité, et le mouvement. Il se refuse à nous donner une nouvelle (et provisoire) définition du rythme et il nous en propose deux :

‘Selon la définition générale, on conviendra d’appeler rythme «tout phénomène, perçu ou agi, auquel on peut attribuer au moins deux des qualités suivantes : structure, périodicité, mouvement». Et selon une définition restreinte : «tout phénomène, perçu ou agi, auquel on peut attribuer chacune de ces trois qualité». [ 226 ]
  • L’organisation de la ville, à laquelle on peut attribuer au moins deux des qualités suivantes : structure, périodicité, mouvement , sera donc nommée ici rythme de la ville.

‘«C’est là une autre preuve, s’il en fallait, que le rythme ne relève pas de la science. Rappelons que le rythme est ’configuration d’un ensemble» ou »arrangement caractéristique des parties dans un tout’. Soit que la conscience intuitionne le tout à travers ou au delà des parties : comme c’est le cas dans la Venise de Borges où chacune des parties énumérées n’a de sens que dans l’ensemble qui compose Venise, soit que la conscience permet à une partie ou à un élément de s’étendre ou de s’enfler jusqu’à égaler le tout : une terrasse de café qui en vient à signifier tout Paris, l’extravagance d’un Empire State Building s’imposant comme l’entière Amérique.......’ ‘Ce qui intéresse le rythme, ce ne sont pas les similitudes mais les différences. Trouver le rythme d’un lieu c’est chercher en quoi il est unique et incomparable quelles que soient les apparences extérieures. [...] Il existe une relation directe entre les configurations rythmiques d’un lieu et la charge mythique dont il est investi. [...] C’est dire que le rythme engage absolument toute l’existence de l’homme dans le monde. [...] C’est sans doute cela le rythme : le manière particulière qu’a chacun d’entre nous d’habiter l’espace. [...] Dire le rythme serait alors se reconnaître soi-même en un lieu. Mais je ne cherche pas tant à finement théoriser sur le rythme qu’à exalter son rôle incomparable dans l’expérience humaine.» [ 227 ].

Nous complèterons notre définition du rythme, en la simplifiant, avec celle qu’en donne Henri MESCHONNIC [228] :

  • Le rythme est l’organisation d’une forme de vie, d’une force de vie.

Notes
226.

[] Sauvanet Pierre (1992), ”Le Rythme : encore une définition !” in Les Rythmes, lectures et théories, J.J. Wunenburger ( sous la dir. de), Paris, L’Harmattan. (p.238)

227.

[] Sauvanet Pierre (1992), ”Le Rythme : encore une définition !” in Les Rythmes, lectures et théories, J.J. Wunenburger ( sous la dir. de), Paris, L’Harmattan. (pp. 133-135)

228.

[] MESCHONNIC Henri (2000). Le rythme et la lumière, avec Pierre Soulages. Paris, Odile Jacob (p.171)