12.2 Echelle

Le géographe connaît la taille de la ville (surface, population) et mesure la densité de la ville par le rapport nombre d’habitants/ surface de la commune.

La densité d’Aix-en-Provence est de 7,3 habitants/hectare, et la densité de Tübingen est de 8,2 habitants/hectares. Ce rapport mathématique nommé densité ne nous renseigne pas vraiment sur le caractère de la ville : imaginer 8 habitants dans un carré de 100 mètres de côté ne permet pas de se représenter cette proximité de la vie urbaine.

Examinons quelques villes moyennes : Arles est sans nul doute une ville à forte personnalité, de même que Grenoble. Pourtant leurs densités sont totalement opposables (respectivement 0,69 et 84 habitants/hectare). Le village de Gordes (une ville est une agglomération regroupant en un ensemble bâti continu une population de plus de 2000 habitants), avec une densité de 0,42 hbs/ha présente bien les caractéristiques d’un village et ne peut être comparé à la ville d’Arles. Cergy, ville nouvelle au Nord-Ouest de Paris, très aérée et plantée, n’est pas comparable à Toulon malgré la similitude entre leurs densités. Grenoble, enserrée dans ses montagnes, n’est pas «plus ville» que Toulouse, même si sa densité est double. Le Vésinet, plus dense que Toulouse, n’est pourtant qu’un gros lotissement huppé organisé autour d’une gare de banlieue et un petit centre de commerces et de services.

Si l’on élimine de la comparaison la ville d’Arles au motif que les territoires camarguais de la plus grande commune de France ne sont pas des surfaces urbaines, faut-il déduire les surfaces des espaces verts de Cergy et d’Aix-en-Provence. Et si l’on déduit les espaces verts, ne faut-il pas déduire tous les espaces publics qui structurent la ville ? Et en conséquence déduire les espaces boisés privés ? A l’extrême, on se demandera quelle est la densité de Manhattan ou de la City de Londres qui comportent en majorité des bureaux, et donc fort peu d‘habitants.

Les géographes tentent de contourner une partie de cette difficulté en déduisant les zones non urbanisées du territoire de la commune, mis cet artifice comptable ne rend pas compte de la réalité urbaine. Ainsi, le vaste espace de lacs, de prairies et de bois autour duquel se déploie la ville nouvelle de Cergy ne peut être exclu de la réalité urbaine.

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Figure 64 - Densités comparées

La densité ne fait pas la ville, et la ville n’est pas réductible à une quelconque densité.

Nous préférons parler de l’échelle de la ville, échelle dont l’embrayage est bien déterminé par des pratiques de la ville menées selon trois niveaux : l’agglomération globalement enregistrée comme entité, le rapport entre quartiers différenciés, et la vie à l’intérieur du quartier.