La guerre de Troie n'aura pas lieu (1935)

Réseau positif
  AMOUR
  Andromaque
destinée humaine


vie conjugale







amour et qualités humaines


C'est [la femme] un pauvre tas d'incertitude, un pauvre amas de crainte, qui déteste ce qui est lourd, qui adore ce qui est vulgaire et facile. (p. 489, Acte I, scène 6).
On ne s'entend pas dans l'amour. La vie de deux époux qui s'aiment, c'est une perte de sang-froid perpétuelle. La dot des vrais couples est la même que celle des couples faux: le désaccord originel. Hector est le contraire de moi. Il n'a aucun de mes goûts. Nous passons notre journée ou à nous vaincre ou à nous sacrifier. Les époux amoureux n'ont pas le visage clair. (p. 519, Acte II, scène 8).
Peut-être, si vous vous [Hélène et Pâris] aimiez, l'amour appellerait-il à son secours l'un de ses égaux, la générosité, l'intelligence...Personne, même le destin, ne s'attaque d'un cœur léger à la passion...
(p. 519, Acte II, scène 8).
  Cassandre
amour Ils [Hélène et Pâris] sont le symbole de l'amour. Ils n'ont même plus à s'aimer. (p. 492, Acte I, scène 6).
  Hélène

science



constellation





oiseaux et corps humains

Mais je suis commandée par lui, aimantée par lui. L'aimantation, c'est aussi un amour, autant que la promiscuité. C'est une passion autrement ancienne et féconde que celle qui s'exprime par les yeux rougis de pleurs ou se manifeste par le frottement. Je suis aussi à l'aise dans cet amour qu'une étoile dans sa constellation. J'y gravite, j'y scintille, c'est ma façon à moi de respirer et d'étreindre. (p. 520, Acte II, scène 8).
Et tous les malheurs du corps humain, pourvu qu'ils aient un rapport avec les oiseaux, je les connais en détail: le corps du père rejeté par la marée au petit matin, tout rigide, avec une tête de plus en plus énorme et frissonnante car les mouettes s'assemblent pour picorer les yeux, et le corps de la mère ivre, plumant vivant notre merle apprivoisé et celui de la surprise dans la haie avec l'ilote de service au-dessous du nid de fauvettes en émoi. Et mon amie au chardonneret était difforme, et mon amie au bouvreuil était phtisique. Et malgré ces ailes que je prêtais au genre humain je le voyais ce qu'il est, rampant, malpropre, et misérable. Mais jamais je n'ai eu le sentiment qu'il exigeait la pitié. (p. 521, Acte II, scène 8).
  Le Gabier
animaux sauvages




nature et arbre


nature et arbre





nature et arbre





Lui [Pâris a appelé Hélène] son puma, son jaguar. Ils intervertissaient les sexes. C'est de la tendresse.
(p. 529, Acte II, scène XII).

Et toi mon bouleau, lui disait-il [Pâris à Hélène], mon bouleau frémissant! Je me rappelle bien le mot bouleau. C'est un arbre russe. (p. 530, Acte II, scène XII).
Le mot bouleau, alors? Je vois. C'est le mot bouleau frémissant qui vous offusque. Tant pis, vous l'avez dit. Je jure que vous l'avez dit, et d'ailleurs il n'y a pas à rougir du mot bouleau. j'en ai vu des bouleaux frémissants l'hiver, le long de la Caspienne, et sur la neige, avec leurs bagues d'écorce noire qui semblaient séparées par le vide on se demandait ce qui portait les branches. Et j'en ai vu en plein été, dans le chenal près d'Astrakhan, avec leurs bagues blanches comme celles des bons champignons, juste au bord de l'eau , mais aussi dignes que le saule est molasse. Et quand vous avez dessus un de ces gros corbeaux gris et noir, tout l'arbre tremble, plie à casser, et je lui lançais des pierres jusqu'à ce qu'il s'envolât, et toutes les feuilles alors me parlaient et me faisaient signe. Et à les voir frissonner, en or par-dessous, vous nous sentez le cœur plein de tendresse! Moi, j'en aurais pleuré, n'est-ce pas, Olpidès! Voilà ce que c'est qu'un bouleau!
(p. 530, Acte II, scène12).
  Olpidès
animaux domestiques

nature et arbre
Elle l'a appelé [Hélène à Pâris] sa perruche, sa chatte. [...]Tu es mon hêtre, disait-elle aussi. Je t'étreins juste comme un hêtre, disait-elle ... Sur la mer on pense aux arbres. (p. 529, Acte II, scène XII).
  Pâris

corps féminins, vêtements et nudité
J'ai assez des femmes asiatiques. Leurs étreintes sont de la glu, leurs baisers des effractions, leurs paroles de la déglutition. À mesure qu'elles se déshabillent, elles ont l'air de revêtir un vêtement plus chamarré que tous les autres, la nudité, et aussi, avec leurs fards, de vouloir se décalquer sur nous. Et elles se décalquent. Bref, on est terriblement avec elles... Même au milieu de mes bras, Hélène est loin de moi. (p. 480, Acte I, Scène 1V).
  Priam

femme



Hector, ne soit pas de mauvaise foi. Il t'est bien arrivé dans la vie, à l'aspect d'une femme, de ressentir qu'elle n'était pas seulement elle-même, mais que tout un flux d'idées et de sentiments avait coulé en sa chair et en prenait l'éclat. (p. 486, Acte, scène 6).
  PAIX
  Busiris

commerce



vie maritime





nudité féminine et échanges
Pour le premier manquement, par exemple, ne peut-on interpréter, dans certaines mers bordées de régions fertiles, le salut au bateau chargé de bœufs comme un hommage de la marine à l'agriculture?
(p. 513, Acte II, Scène 5).
D'autant plus que les Grecs ont à leur proue des nymphes sculptées gigantesques. Il est permis de dire que le fait de présenter aux Troyens, non plus le navire en tant qu'unité navale, mais la nymphe en tant que symbole fécondant, est juste le contraire d'un insulte. Une femme qui vient vers vous nue et les bras ouverts n'est pas une menace, mais une offre. Une offre à causer, en tout cas...
(p. 513, Acte II, Scène 5)
  Hector
poids et mesures

poids et mesures



poids et mesures

Je pèse la chasse, le courage, la fidélité, l'amour. [...] Je pèse le chêne phrygien, tous les chênes phrygiens feuillus et trapus, épars sur nos collines avec nos bœufs frisés. [...] Je pèse le faucon, je regarde le soleil en face. [...] Je pèse tout un peuple de paysans débonnaires, d'artisans laborieux, des milliers de charrues, de métiers à tisser, de forges et d'enclumes... Oh! pourquoi, devant vous, tous ces poids me paraissent-ils tout à coup si légers!
(p. 532, Acte II, scène XIII).
  Ulysse
poids et mesures




poids et mesures


poids et mesures

poids et mesures

poids et mesures




voyance









duperie
Je pèse l'homme adulte, la femme de trente ans, le fils que je mesure chaque mois avec des encoches, contre le chambranle du palais... Mon beau-père prétend que j'abîme la menuiserie... Je pèse la volupté de vivre et la méfiance de la vie. [...]
Je pèse la circonspection devant les dieux, les hommes et les choses.
[...]
Je pèse l'olivier.
[...]
Je pèse la chouette.
[...]
Je pèse ce que pèse cet air incorruptible et impitoyable sur la côte et sur l'Archipel.
(p. 532-533, Acte II, scène XIII).

Comprenez-moi, Hector!... Mon aide vous est acquise. Ne m'en veuillez pas d'interpréter le sort. J'ai voulu seulement lire dans ces grandes lignes que sont, sur l'univers, les voies des caravanes, les chemins des navires, le trace des grues volantes et des races. Donnez-moi votre main. Elle aussi a ses lignes. Mais ne cherchons pas si leur leçon est la même. Admettons que les trois petites rides au fond de la main d'Hector disent le contraire de ce qu'assurent les fleuves, les vols et les sillages. Je suis curieux de nature, et je n'ai pas peur. Je veux bien aller contre le sort.
(p. 536, Acte II, scène14).
Je ruse en ce moment contre le destin, non contre vous.
536, Acte II, scène XIV).
  VÉRITÉ
  Cassandre
déesse antique





oiseaux



destin

handicap
Elle est née de l'écume, quoi! La froideur est née de l'écume, comme Vénus. (p. 481, Acte I, Scène 4).

Hélène a une garde d'honneur, qui assemble tous nos vieillards. Regarde. C'est l'heure de sa promenade... Vois aux créneaux toutes ces têtes à barbe blanche... On dirait les cigognes caquetant sur les remparts.
(p. 482, Acte I, Scène 4).
Moi, je ne vois rien, coloré ou terne. Mais chaque être pèse sur moi par son approche même. À l'angoisse de mes veines, je sens son destin. (p. 501, Acte I, scène10).
Moi, je suis comme un aveugle qui va à tâtons. Mais c'est au milieu de la vérité que je suis aveugle. Eux tous voient, et ils voient le mensonge. Je tâte la vérité.
(p. 501, Acte I, scène10).
  Démokos
symboles




vocabulaire
Un symbole, quoi!. Tout guerrier que tu es, tu as bien entendu parler des symboles! Tu as bien rencontré des femmes qui, d'aussi loin que tu les apercevais, te semblaient personnifier l'intelligence, l'harmonie, la douceur ? (p. 486, Acte I, scène 6).
Hector, je suis poète et juge en poète. Suppose que notre vocabulaire ne soit pas quelquefois touché par la beauté! Suppose que le mot volupté n'existe pas!
(p. 488, Acte I, scène 6).
  Hector

oiseaux


objets familiers

chromos et images



Les voilà [les vieillards troyens] qui se penchent tout d'un coup, comme les cigognes quand passe un rat.
(p.483, Acte I, Scène 4).
Je cite mes auteurs. Que vous [Hélène] aimez surtout frotter les hommes contre vous comme de grands savons. (p.497, Acte I, Scène 9).
Vous doutez-vous [Hélène] que votre album de chromos est la dérision du monde? Alors que tous ici nous nous battons, nous nous sacrifions pour fabriquer une heure qui soit à nous, vous êtes là à feuilleter vos gravures prêtes de toute éternité!... Qu'avez-vous? À laquelle vous arrêtez-vous ces yeux aveugles? À celle dans doute où vous êtes sur ce même rempart, contemplant la bataille?
(p. 498, Acte I, Scène 9).
  Le Géomètre



relevés topographiques







poids et mesures
Oui, voilà le géomètre! Et ne crois pas que les géomètres, d'une épaisseur de peau en trop à vos cuisses ou d'un bourrelet à votre cou... Et bien, les géomètres jusqu'à ce jour n'étaient pas satisfaits de cette contrée qui entoure Troie. La ligne d'attache de la plaine aux collines leur semblait molle, la ligne des collines aux montagnes du fil de fer. Or, depuis qu'Hélène est ici, le paysage a pris son sens et sa fermeté. Et, chose particulièrement sensible aux vrais géomètres, il n'y a plus à l'espace et au volume qu'une commune mesure, qui est Hélène. C'est la mort de tous ces instruments inventés par les hommes pour rapetisser l'univers. Il n'y a plus de mètres, de gammes, de lieues. Il n'y a plus que le pas d'Hélène et l'air de son passage est la mesure des vents. Elle est notre baromètre, notre anémomètre! (p. 487, Acte I, scène 6).
  Priam
religion Elle [Hélène] est une espèce d'absolution. Elle prouve à tous ces vieillards que tu vois là au guet et qui ont mis des cheveux blancs au fronton de la ville, à celui-là qui a volé, à celui-là qui trafiquait des femmes, à celui-là qui manqua sa vie, qu'ils avaient au fond d'eux-mêmes, une revendication secrète, qui était la beauté. Si la beauté avait été près d'eux, aussi près qu'Hélène l'est aujourd'hui, ils n'auraient pas dévalisé leurs amis, ni vendu leurs filles, ni bu leur héritage. Hélène est leur pardon, et leur revanche, et leur avenir. (p. 488, Acte I, scène 6).
  ACCEPTATION DE LA CONDITION HUMAINE
  Hélène

miroirs


Le malheur ou la laideur sont des miroirs qu'ils [les gens] ne supportent pas. (p. 521, Acte II, scène 8).
Réseau négatif
  GUERRE
  Abnéos
récolte

C'est nous [les Troyens] qui fauchons les moissons, qui pressons le sang de la vigne. (p. 506, Acte II, Scène 4).
  Andromaque
corps


corps




vernis et mensonge
C'est une armée à mauvaises oreilles. (p. 479, Acte I, scène 3).
Les tués ne sont pas tranquilles sous la terre, Priam. Ils se fondent pas en elle pour le repos et l'aménagement éternel. Ils ne deviennent pas sa glèbe, sa chair. Quand on retrouve dans le sol une ossature humaine, il y a toujours une épée près d'elle. C'est un os de la terre, un os stérile. C'est un guerrier. (p. 492, Acte I, scène 6).
Aux approches de la guerre, tous les êtres sécrètent une nouvelle sueur, tous les événements revêtent un nouveau vernis, qui est le mensonge. (p. 519, acte II, scène 8).
  Cassandre
art poétique Le poète troyen est mort... La parole est au poète grec.
(p. 539, Acte II, scène 14).
  Demokos
pierres précieuses



agriculture



guerre







bravoure
Ainsi les rubis personnifie le sang.
(p. 486, Acte I, scène 6).

C'est tout au plus un chant de guerre contre les céréales. Vous n'effraierez pas les Spartiates en menaçant le blé noir. (p. 507, Acte II, Scène 4).

Je la connais la guerre. Tant qu'elle n'est pas là, tant que ses portes sont fermées, libre à chacun de l'insulter et de la honnir. Elle dédaigne les affronts du temps de paix. Mais, dès qu'elle est présente, son orgueil est à vif, on ne gagne sa faveur, on ne la gagne, que si on la complimente et la caresse. C'est alors la mission de ceux qui savent parler et écrire, de louer la guerre, de l'aduler à chaque heure du jour, de la flatter sans arrêt aux places claires ou équivoques de son énorme corps, sinon on se l'aliène. Voyez les officiers: Braves devant l'ennemi, lâches devant la guerre, c'est la devise des vrais généraux.
(p. 507, Acte II, Scène 1V).
  Hector
   

technique















miroir



guerre


chasse

Pour quelle raison? Est-ce l'âge? Est-ce simplement cette fatigue du métier dont parfois l'ébéniste sur son pied de table se trouve tout à coup saisi, qui un matin m'a accablé, au moment où, penché sur un adversaire de mon âge, j'allais l'achever? Auparavant ceux que j'allais tuer me semblaient le contraire de moi-même. Cette fois j'étais agenouillé sur un miroir. Cette mort que j'allais donner, c'était un petit suicide. Je ne sais ce que fait l'ébéniste dans ce cas, s'il jette sa varlope son vernis, ou s'il continue...J'ai continué. Mais de cette minute, rien n'est demeuré de la résonance parfaite. La lance qui a glissé contre mon bouclier a soudain sonné faux, et le choc du tué contre la terre, et, quelques heures plus tard, l'écroulement des palais. Et la guerre d'ailleurs a vu que j'avais compris. Et elle ne se gênait plus... Les cris des mourants sonnaient faux... J'en suis là.
(p. 479, Acte I, scène 3).
Par quelle divagation le monde a-t-il été placer son miroir dans cette tête obtuse?
(p. 500, Acte I, Scène 9).

Je gagne chaque combat. Mais de chaque victoire l'enjeu s'envole. (p. 525, Acte II, scène12).

La Grèce en nous s'est choisi une proie.
(p. 535, Acte II, scène13).
  Hécube
vocabulaire



vocabulaire



portes de la guerre et animaux

animaux

Le mot lâcheté a dû être trouvé par la même occasion [au prix de la guerre]. (p. 488, Acte I, scène 6).

Nous connaissons le vocabulaire. L'homme en temps de guerre s'appelle le héros. Il peut ne pas en être plus brave, et fuir à toutes jambes. Mais c'est du moins un héros qui détale. (p. 491, Acte I, scène 6).
Guerre ou non, votre symbole est stupide. Cela fait réellement peu soigné, ces deux battants toujours ouverts! Tous les chiens s'y arrêtent. (p. 506, Acte II, Scène 4).
À un cul de singe. Quand la guenon est montée à l'arbre et nous montre un fondement rouge, tout squameux et glacé, ceint d'une perruque immonde c'est exactement la guerre que l'on voit, c'est son visage. (p. 516, Acte II, Scène 5).
  Le Géomètre
chant de guerre


grammaire


vocabulaire








vocabulaire de l’amitié et de l’estime






Parce qu'il y a plus pressé que le chant de guerre, beaucoup plus pressé!
[...]
Je veux dire les épithètes.
[...]
Avant de se lancer leurs javelots, les guerriers grecs se lancent des épithètes... Cousin de crapaud, se crient-ils! Fils de bœuf... Ils s'insultent, quoi! Et ils ont raison. Ils savent que le corps est plus vulnérable quand l'amour-propre est à vif. Des guerriers connus pour leur sang-froid le perdent illico quand on les traite de verrues ou de corps thyroïdes. Nous autres Troyens manquons terriblement d'épithètes. (p. 508, Acte II, Scène 5).
Les armées doivent partager les haines des civils. Tu les connais, sur ce point, elles sont décevantes. Quand on les laisse à elles-mêmes, elles passent leur temps à s'estimer. Leurs lignes déployées deviennent bientôt les seules lignes de vraie fraternité dans le monde, et du fond du champ de bataille, où règne une considération mutuelle, la haine est refoulé sur les écoles, les salons ou le petit commerce. Si nos soldats ne sont pas au moins à égalité dans le combat d'épithètes, ils perdront tout au goût à l'insulte, à la calomnie, et par suite immanquablement à la guerre.
(p. 508, Acte II, Scène 5).
  Pâris
chant



récolte
Il suffit de chanter un chant de paix avec grimace et gesticulation pour qu'il devienne un chant de guerre..
(p. 506, Acte II, Scène 1V).

Le mot moisson aussi. La guerre l'aime assez.
(p. 507, Acte II, Scène 1V).
  Priam

visage



poison

finances
Ma fille [Andromaque], la première lâcheté est la première ride d'un peuple.
(p. 491, Acte I, scène 6).

Hector, songe que jeter aujourd'hui le mot paix dans la ville est aussi coupable que d'y jeter un poison. Tu vas y détendre le cuir et le fer. Tu vas frapper avec le mot paix la monnaie courante Des souvenirs, des affections, des espoirs. Les soldats vont se précipiter pour acheter le pain de paix, boire le vin de paix, étreindre la femme de paix, et dans une heure tu les remettras face à la guerre.
(p. 510, acte II, Scène 5).
  Ulysse
musique



insectes




objets techniques

guerre

chevaux

couleurs

effets lumineux


agriculture






conjuration






C'est un duo avant l'orchestre. C'est le duo des récitants avant la guerre.
(p. 533, Acte II, scène 13).

Comme la nature munit les insectes dont elle prévoit la lutte, de faiblesses et d'armes qui se correspondent, à distance, sans que nous nous en doutions, nous nous sommes élevés tous deux au niveau de notre guerre. Tout correspond de nos armes et de nos habitudes comme des roues à pignons. Et le regard de vos femmes, et le teint de vos filles sont les seules qui ne suscitent en nous ni la brutalité, ni le désir, mais cette angoisse du cœur et de la joie qui est l'horizon de la guerre. Frontons et leurs soutaches d'ombre et de feu, hennissements des chevaux, péplums disparaissant à l'angle d'une colonnade, le sort a tout passé chez vous à cette couleur d'orage qui m'impose pour la première fois le relief de l'avenir. Il n'y a rien à faire. Vous êtes dans la lumière de la guerre grecque.
(p. 535, Acte II, scène 13).
Ils [les Grecs] pensent qu'ils sont à l'étroit sur le roc. L'or de vos temples, celui de vos blés et de votre colza, ont fait à chacun de nos navires, de vos promontoires, un signe qu'il n'oublie pas. Il n'est pas très prudent d'avoir des dieux et des légumes trop dorés. (p. 535, Acte II, scène 13).
Il [le chemin qui va de cette place à mon navire] est long comme le parcours officiel des rois en visite quand l'attentat menace... Où se cachent les conjurés? Heureux nous sommes, si n'est pas dans le ciel même... Et le chemin d'ici à ce coin du palais est long... Et long mon premier pas... Comment va-t-il se faire, mon premier pas, entre tous ces périls... Vais-je glisser et me tuer?... Une corniche va-t-elle s'effondrer sur moi de cet angle? Tout est maçonnerie neuve ici, et j'attends la pierre croulante... Du courage... (p. 537, Acte 3, scène 14).
  IMPÉRATIFS RELIGIEUX
  Andromaque

chasse
Oui, Hector s'accroche à l'idée de votre départ. Il est comme tous les hommes. Il suffit d'un lièvre pour les détourner du fourré où est la panthère. Le gibier des hommes peut se chasser ainsi. Pas celui des dieux.
(p. 518, Acte II, scène 8).
  Hector
cosmos L'univers peut se tromper. C'est à cela qu'on reconnaît l'erreur, elle est universelle. (p. 534, Acte II, scène 13).
  Hécube
objets quotidiens



vocabulaire



chanson-musique et poésie
C'est bien ce que je dis, les dieux ne savent pas fermer leurs portes.
(p. 506, Acte II, Scène 4).

Il y a toujours le mot sang, c'est toujours cela.
(p. 506, Acte II, Scène 4).

N'aie aucune crainte, c'est plus qu'il ne te faut! Et après le chant ce sera l'hymne, et après l'hymne la cantate. Dès que la guerre est déclarée, impossible de tenir les poètes. La rime, c'est encore le meilleur tambour.
(p. 507, Acte II, Scène 4).
  Hélène
cosmos Mon rôle est fini. Je laisse l'univers penser à ma place. Cela, il le fait mieux que moi.
(p. 496, Acte I, scène 8).
  Iris

amour




règne végétal
Oui, Aphrodite, elle me charge de vous [au peuple]dire que l'amour est la loi du monde. Que tout ce qui double l'amour devient sacré, que ce soit le mensonge, l'avarice ou la luxure. (p. 531, Acte II, scène 12).
La sagesse, vous fait dire Zeus, le maître des dieux, c'est tantôt de faire l'amour et tantôt de ne pas le faire. Les prairies semées de coucous et de violettes, à son humble et impérieux avis, sont aussi douces à ceux qui s'étendent l'un sur l'autre qu'à ceux qui s'étendent l'un près de l'autre, soit qu'ils lisent, soit qu'ils soufflent sur la sphère aérée du pissenlit, soit qu'ils pensent au repas du soir ou à la république. (p. 531, Acte II, scène 12).
  Ulysse




poids et mesures



arts





politique


destin







villes grecques



Mais quand le destin, depuis des années, a surélevé deux peuples, quand il leur a ouvert le même avenir d'intention et d'omnipotence, quand il a fait de chacun, comme nous l'étions tout à l'heure sur la bascule, un poids précieux et différent pour peser le plaisir, la conscience et jusqu'à la nature, quand par leurs architectes, leurs poètes, leurs teinturiers, il leur a donné à chacun un royaume opposé de volumes, de sons et nuances, quand il leur a fait inventer le toit en charpente troyen et la voûte thébaine, le rouge phrygien et l'indigo grec, l'univers sait bien qu'il n'entend pas préparer ainsi aux hommes deux chemins de couleur et d'épanouissement, mais se ménager son festival, le déchaînement de cette brutalité et de cette folie humaines qui seules rassurent les dieux. C'est de la petite politique, j'en conviens. Mais nous sommes chefs d'État, nous pouvons bien entre nous deux le dire: c'est couramment celle du Destin. (p. 534, Acte II, scène 13).
Elle [Hélène] est une des rares créatures que le destin met en circulation sur la terre pour son usage personnel. Elles n'ont l'air de rien. Elles sont parfois une bourgade, presque un village, une petite reine, presque une petite fille, mais si vous les touchez, prenez garde! C'est là la difficulté de la vie de distinguer, entre les êtres et les objets, celui qui est l'otage du destin. Vous pouviez toucher impunément à nos grands amiraux, à nos rois. Pâris pouvait se laisser aller sans danger dans les lits de Sparte ou de Thèbes, à vingt généreuses étreintes. Il a choisi le cerveau le plus étroit, le cœur le plus rigide, le sexe le plus étroit... Vous êtes perdus. (p. 536, Acte II, scène 14).
  ADULTÈRE
  Hélène

nettoyage




chasse





objets familiers



technique


Je ne les [les hommes] déteste pas. C'est agréable de les frotter contre soi comme de grands savons. On en est toute pure... (p. 496, Acte I, scène 8).
L'homme qui découvre la faiblesse dans une femme, c'est le chasseur à midi qui découvre une source. Il s'en abreuve. Mais n'allez pourtant pas croire, parce que vous avez convaincu la plus faible des femmes, que vous avez convaincu l'avenir. Ce n'est pas en manœuvrant des enfants qu'on détermine le destin...
(p. 496, Acte I, Scène 9).
Je choisis les événements comme je choisis les objets et les hommes. Je choisis ceux qui ne sont pas pour moi des ombres. Je choisis ceux que je vois.
(p. 497, Acte I, Scène 9).
Toute la pourpre de toutes les coquilles ne me le [Ménélas] rendrait pas visible.
(p. 498, Acte I, Scène 9).
  Pâris

objets familiers


liaison amoureuse


vêtement

Il [Ménélas] a regardé filer mon canot comme si le vent emportait ses vêtements.
(p. 481, Acte I, Scène 4).

Mais je préfère de tous les passions cette façon dont Hélène ne m'aime pas. (p. 482, Acte I, Scène 4)

Une reine nue est couverte par sa dignité.
(p. 527, acte II, scène 12).
  Ulysse
oiseau aquatique L'eau sur le canard marque mieux que la souillure sur la femme.
(p.527, Acte II, scène 12).