Ondine (1939)

Réseau positif
  AMOUR
  Bertha


service


animaux mythiques







arbres


Le nom aussi grandissait chaque année!... J'ai cru qu'une femme n'était pas le guide qui vous mène au repas, au repos, au sommeil, mais le page qui rabat sur le vrai chasseur tout ce que le monde contient d'indomptable et d'insaisissable. Je me sentais de force à rabattre sur vous la licorne, le dragon, et jusqu'à la mort. Je suis brune. J'ai cru que dans cette forêt mon fiancé serait dans ma lumière, que dans chaque ombre il verrait ma forme, dans chaque obscurité mon geste. Je voulais le rouler au cœur de cet honneur et de cette gloire des ténèbres dont je n'étais que l'appeau et le plus modeste symbole. Je n’avais pas peur. Je savais qu'il serait vainqueur de la nuit, puisqu'il m'avait vaincue moi-même. Je voulais qu'il fût le chevalier noir... Pouvais-je penser qu'un soir tous les sapins du monde allaient écarter leurs branches devant une tête blonde?
( p.778, Acte II, sc.1V)
  Le Chambellan

théâtre



art du magicien


Mon cher poète, quand vous aurez mon âge, vous trouverez la vie un théâtre par notre languissant. Elle manque de régie à un point incroyable. Je l'ai toujours vue retarder les scènes à faire, amortir les dénouements. Ceux qui doivent y mourir d'amour, quand ils y arrivent, c'est péniblement et dans leur vieillesse. Puisque j'ai un magicien sous la main, je vais enfin m'offrir le luxe de faire se dérouler la vie à la vitesse et à la mesure non seulement de la curiosité, mais de la passion humaine... ( p.775, Acte II, sc.1)
  Le Chevalier Hans

nature


créatures
mythologiques


personnage mythique


objets familiers



effet lumineux



religion



religion



religion





rongeur

corps
Que tous les lacs du monde soient mes beaux-pères, les fleuves mes belles-mères, j'accepte avec joie! Je suis très bien avec la nature. ( p.762, Acte I, sc. 8)

Ce devait être à peu près cela le chant des sirènes.
( p. 764, Acte I, sc. 8)


Qu'étaient les liens d'Ulysse, à côté de tes bras!
( p.765, Acte I, sc. 8)

Il a fallu toute ma vie. Depuis mon enfance, un hameçon m'arrachait à ma chaise, à ma chaise, à ma barque, à mon cheval... Tu me tirais à toi... ( p.766, Acte I, sc.9)

Une blonde. Le soleil passe où elle passe.
( p.777, Acte II, sc.1V)

J'accuse cette femme de trembler d'amour pour moi, de n'avoir que moi pour pensée, pour nourriture pour Dieu. Je suis le dieu de cette femme, entendez-vous!
( p.816, Acte 3, sc.4)

Elle pousse l'amour au blasphème.
( p.817, Acte 3, sc.4)

Je sais ce que je dis. J'ai des preuves. Tu t'agenouilles devant mon image n'est-ce pas, Ondine? Tu baisais l'étoffe de mes vêtements! Tu faisais tes prières en mon nom!
( p.817, Acte 3, sc.4)

J'étais né pour vivre entre mon écurie et ma meute.. Non. J'ai été pris entre toute la nature et toute la destinée, comme un rat. ( p.824, Acte 3, sc. 6)

Depuis que tu es partie, tout ce que mon corps faisait de lui-même, il faut que je le lui ordonne. Je ne vois que si je dis à mes yeux de voir. Je ne vois le gazon vert que si je dis à mes os eux-mêmes. Un moment d'inattention, et j'oublierai d'entendre, de respirer... Il est mort parce que respirer l'embêtait dira-t-on... Il est mort d'amour...
( p.825, Acte 3, sc. 6)
  Ondine
poissons






objets quotidiens





animaux
aquatiques






animaux aquatiques







animaux
aquatiques




solitude


particularités de
la nature


corps




vêtement


phénomènes météorologiques



personnage mythique






imprimerie



glace


flore








ménage







objets du quotidien
C'est un peu bête, les truites. Elle n'avait qu'à éviter les hommes, si elle voulait pas être prise. Moi aussi je suis bête. Moi aussi je suis prise. ( p.753, Acte I, sc.5)

C'est d'être tout ce qu'aime mon seigneur Hans, tout ce qu'il est. D'être ce qu'il a de plus beau et ce qu'il a de plus humble. Je serai tes souliers, mon mari, je serai ton souffle. Je serai le pommeau de ta selle. Je serai ce que tu pleures, ce que tu rêves... Ce que tu mange là, c'est moi...
( p.757, Acte I, sc. 6)

C'est un exemple. Une fois que les chiens de mer ont formé leur couple, Hans, ils se quittent jamais plus. À un doigt l'un de l'autre, ils nagent des milliers de lieues sans que la tête de la femelle reste de plus dune tête en arrière... Est-ce que le roi et la reine vivent aussi proches? La reine légèrement en retrait du roi, comme il convient...
( p.767-768, Acte I, sc.9)

Mais les chiens de mer aussi ont des occupations terriblement distinctes! Ils ont à chasser, à poursuivre parfois des bancs de milliards de harengs, qui se dispersent devant eux en milliards d'éclairs. Ils ont des milliards de raisons de s'en aller l'un à gauche, l'autre à droite. Et pourtant, toute leur vie, ils vivent collés et parallèles. Une raie ne passerait pas entre eux.
...
Justement, parlons de courants: les chiens de mer ont à lutter aussi contre vingt, contre cent courants! Il en est des glacés, des chauds. Le chien de mer pourrait aimer les froids, la chienne de mer les tièdes... Des courants plus forts que flux et reflux... Qui écartèlent les navires. Et cependant, il n'écartent pas d'un pouce mâle et femelle chien de mer... ( p.768, Acte I, sc.9)

Depuis que je t'aime, ma solitude commence à deux pas de toi. ( p.768, Acte I, sc.9)

...qui ferait que nous serions soudés l'un à l'autre comme le sont certains jumeaux.. ( p.768, Acte I, sc.9)

Les bras des hommes leur servent surtout à se dégager. Oh non, plus j'y pense, plus je vois que c'est le seul moyen pour que mari et femme ne soient pas à la merci d'une envie, d'une humeur. ( p.768, Acte I, sc.9)

Ce serait une ceinture de chair qui nous tiendrait à la taille. J'y ai pensé. Elle serait souple, elle ne nous empêcherait pas de nous embrasser. ( p.769, Acte I, sc.9)

Le tonnerre ni le déluge ne chasseront plus ce sourire de mes lèvres. ( p.788, Acte II, sc.10)

Le poing de la plus faible femme devient une coque de marbre pour protéger un oiseau vivant. Si j'en avais un dans ma main, votre Hercule, Altesse pourrait presser de toutes ses forces. Mais Bertha connaît les hommes. Ce sont des monstres d'égoïsme que la mort d'un oiseau bouleverse. Le bouvreuil était en sûreté dans sa main, elle l'a mollie...
( p.791, Acte II, sc.10)

Ce serait tellement plus profitable que les mots de haine des autres s'impriment sur vous en mots d'amour!... C'est ce qui arrive pour moi en tout ce qui vous concerne... ( p.804, Acte II, sc.14)

Que la glace conserve notre amour!...
( p.818, Acte 3, sc.1V)

Hans voulait faire de moi le lys du logis, la rose de la fidélité, celle qui a raison, celle qui ne faillit pas...
( p.822, Acte 3, sc.5)

C'est que j'avais prévu ce jour où il me faudrait, sans mémoire, redescendre au fond des eaux. Je dressais mon corps, je l'obligeais à un itinéraire immuable. Au fond du Rhin, même sans mémoire, il ne pourra que répéter les mouvements que j'avais près de toi. L'élan qui me portera de la grotte à la racine sera celui qui me portait de ma table à ma fenêtre, le geste qui me fera rouler un coquillage sur le sable sera celui par lequel je roulais la pâte de mes gâteaux... Je montrerai au grenier... Je passerai la tête. Éternellement, il y aura une ondine bourgeoise parmi ces folles d'ondines. ( p.826, Acte 3, sc. 6)

Elles m'appelleront l'humaine. Parce que je ne plongerai plus la tête la première, mais que je descendrai des escaliers dans les eaux. Parce que je feuilletterai des lires dans les eaux. Parce que j'ouvrirai des fenêtres dans les eaux. Tout déjà se prépare. Tu n'as pas retrouvé mes lustres, ma pendule, mes meubles. C'est que je les ai fait jeter dans le fleuve. Ils y ont leur place, leur étage. Je n'ai plus l'habitude. Je les trouve instables, flottants... Mais ce soir, hélas, ils me paraîtront aussi fixes et sûrs que le sont pour moi les remous ou les courants. Je ne saurai au juste ce qu'ils veulent dire mais je vivrai autour d'eux. Ce sera bien extraordinaire si je ne me sers pas d'eux, si je n'ai pas l'idée de m'asseoir dans le fauteuil, d'allumer le feu du Rhin aux candélabres. De me regarder dans les glaces... Parfois la pendule sonnera... Éternelle, j'écouterai l'heure... J'aurai notre chambre au fond des eaux. ( p.826, Acte 3, sc. 6)
  Le Roi des Ondins

animaux de mer






arbres





objets familiers



folie
Ondine, toi qui n'uses de métaphores que si elles parlent des chiens de mer, tu te rappelles ceux qui, un jour, en nageant, ont fait un effort. Ils traversaient sans peine l'Océan, en pleine tempête, et un jour, dans un beau golfe, sur une petite vague, un organe en eux s'est rompu. Tout l'acier de la mer était dans un ourlé de l'onde! Leurs yeux ont été huit jours plus pâles, leurs babines sont tombées. C'est qu'ils n'avaient rien, disaient-ils... C'est qu'ils mouraient... Ainsi chez les hommes. Ce n'est pas sur des chênes, des crimes, des monstres, que les bûcherons, les juges, les chevaliers errants ont leur effort, mais sur une brindille d'osier, une innocence, une enfant qui aime... Il en a pour une heure...
( p.823, Acte 3, sc.5)

Le mariage tout entier a glissé de lui comme l'anneau d'un doigt trop maigre. Il erre dans le château. Il se parle à lui-même. Il divague. C'est la façon qu'ont les hommes de s'en tirer, quand ils ont heurté une vérité, une simplicité, un trésor... Ils deviennent ce qu'ils appellent fous. Ils sont soudain logiques, ils n'abdiquent plus, ils n'épousent plus celle qu'ils n'aiment pas, ils ont le raisonnement des plantes, des eaux, de Dieu: ils sont fous. (pf.824, Acte 3, sc.5)
  LA VÉRITÉ DE LA NATURE
  Auguste

nature




flore
reptiles
C'est vrai que la nature n'aime pas se mettre en colère contre l'homme. Elle a un préjugé en sa faveur. Quelque chose en lui l'achète ou l'amuse. Elle est fière d'une belle maison, d'une belle barque, comme un chien de son collier. Elle tolère de sa part ce qu'elle n'admet d'aucune autre espèce, et les autres êtres subissent le même chantage. Tout ce qu'il y a de venin et de poison dans les fleurs et les reptiles, à l'approche de l'homme, s'enfuit vers l'ombre ou se dénonce par sa couleur même. Mais s'il a déplu une fois à la nature, il est perdu! ( p.762, Acte I, sc. 8)
  Le Chevalier Hans



règne animal








oiseaux
rituels religieux



Chaque animal sauvage étant pour le chevalier un symbole son rugissement ou son appel devient une phrase symbolique qui s'inscrit en lettres de feu sur notre esprit. Ils écrivent, si tu veux, les animaux, plutôt qu'ils ne parlent. Mais ça n'est pas varié. Chaque espèce ne vous dit qu’une phrase, et de loin, et parfois avec un accent terrible... Le cerf sur la pureté. le sanglier sur le dédain des biens de la terre... Et c'est d'ailleurs toujours le vieux mâle qui vous parle. Il y a derrière lui de petites faonnes ravissantes, des amours de petites laies... Non, c'est toujours le dix-cors ou le solitaire qui vous sermonne.
...
Les oiseaux ne vous répondent pas. J'ai été bien déçu avec les oiseaux. Ils récitent au chevalier la même litanie sur les méfaits du mensonge. J'essaye de les intéresser. Je leur demande comment ils vont, si l'année est bonne pour la mue ou la ponte, si c'est fatigant de couver. Rien à faire. Ils ne daignent. ( p. 747-748, Acte I, sc.2)
  Eugénie
phénomènes météorologiques

corps céleste
C'est assommant, ces coups de tonnerre à la fin de tes phrases! ( p.745, Acte I, sc.2)

Il est entêté comme la lune. ( p.749, Acte I, sc.2)
  La reine Yseult

organes



flore
La question ne se pose pas pour toi, ni pour aucune créature non humaine. L'âme du monde aspire et expire par les naseaux et les branchies. Mais l'homme a voulu son âme à soi. Il a morcelé stupidement l'âme générale.

Il n'y a pas d'âme des hommes. Il n'y a qu'une série de petits lots d'âme où poussent de maigres fleurs et de maigres légumes. Les âmes d'homme avec les saisons entières, avec le vent entier, avec l'amour entier, c'est ce qu'il t'aurait fallu, c'est horriblement rare. Il yen avait par hasard une en ce siècle, et en cet univers. Je regrette. Elle est prise. ( p.795, Acte II, sc.11)
  DIGNITÉ DE L'HOMME
  Bertha
maternité C'était celles d'une femme enceinte de la vie humaine, enceinte de ton futur fils, celles de ta femme! Il n'y a pas eu d'empreintes de retour. ( p.808, Acte 3, sc.1)
  Le Roi des Ondins



objets quotidiens
Si quelqu'un s'en moquait des secrets humains, c'est bien elle. Évidemment, ils ont des trésors, les hommes: l'or, les bijoux, mais ce qu'Ondine préférait, c'était leurs objets les plus vils, son escabeau, sa cuiller... Ils ont le velours, la soie; elle préférait le pilou. Elle, sœur des éléments, les trompait bassement: elle aimait le feu à cause des chenets et des soufflets, l'eau à cause des brocs et des éviers, l'air à cause des draps qu'on pend entre les saules. Si tu as à écrire, greffier, écris ceci: c'est la femme la plus humaine qu'il y ait eu, justement parce qu'elle l'était par goût.
( p.815, Acte 3, sc.4)
  PAIX
  Auguste
guerre Nous les aimons mieux que les armées. Un chevalier errant, c'est signe que la guerre est finie. ( p.747, Acte I, sc.2)
Réseau négatif
  ADULTÈRE
  Le Chevalier Hans



vocabulaire



géométrie






constructions humaines






image de l’Amour


tribunal






vie dans l’au-delà


voyage nautique
Toi qui sais tout des Wittenstein, apprends encore ceci: le jour où le malheur doit leur faire visite, les serviteurs se mettent sans raison à parler un langage solennel. Leurs phrases sont rythmées, leurs mots nobles. Tout ce que tes poètes se réservent en ce monde passe soudain aux lavandières, aux palefreniers.
Les petites gens voient soudain ce qu'ils ne voient jamais, la courbe des fleuves, l'hexagone des rayons de miel. Ils pensent à la nature. Ils pensent à l'âme... Le soir, c'est le malheur. ( p.806, Acte 3, sc.1)

Ce cri par lequel j'ai été réveillé, le matin de sa fuite : je t'ai trompé avec Bertram!... est-ce qu'il ne s'élève pas encore tous les matins du fleuve, des sources, des puits!... Est-ce que le château et la ville n'en résonnent pas, par leurs fontaines et leurs aqueducs, à toutes les heures... Est-ce que l'ondine en bois de l'horloge ne le crie pas à midi? Pourquoi s'acharne-t-elle à proclamer au monde qu'elle m'a trompé avec Bertram!... ( p.807, Acte 3, sc.1)

C'est pourtant là le procès. Qu'il se range à cette barre, l'amour, avec son derrière enrubanné et son carquois. C'est lui l'accusé. J'accuse l'amour le plus vrai d'être ce qu'il y a de plus faux, l'amour le plus déchaîné d'être ce qu'il y a de plus vil, puisque cette femme, qui ne vivait que d'amour pour moi, m'a trompé avec Bertram!
( p.817, Acte 3, sc.4)

Et un vrai adieu, vous l'entendez! Les amants qui d'habitude se disent adieu, au seuil de la mort, sont destinés à se revoir sans arrêt, à se heurter sans fin dans la vie future, à se coudoyer sans répit, à se pénétrer sans répit, puisqu'ils seront des ombres dans le même domaine. Ils se quittent pour ne plus se quitter. Mais Ondine et moi partons chacun de notre bord pour l'éternité. À bâbord le néant, à tribord l'oubli... Il ne fait pas rater cela, Ondine... Voilà le premier adieu qui se soit dit en ce bas monde.
( p.825, Acte 3, sc. 6)
  Ondine



crime



vie conjugale



feu
Si nos réponses ne s'accordent pas, c'est que nous nous sommes aimés sans retenue et sans scrupule, c'est que la passion nous a laissés sans mémoire... Seuls les faux coupables qui s'entendent répondent par les mêmes mots!
( p.819, Acte 3, sc.4)

Souvent, le soir des kermesses, tu vois les maris rentrer le dos bas, des cadeaux dans les mains. Ils viennent de tromper. L'éclat des épouses rayonne.
( p.823, Acte 3, sc.5)

Ranime ces souvenirs, qui ne vont être tout à l'heure que cendres. ( p.826, Acte 3, sc. 6)
  Le pêcheur Ulrich
animal domestique Elle a un petit aboiement, un peu rauque. Elle jappe plutôt. Ce qu'elle jappait, je me le rappelle très bien. Elle jappait: je t'ai trompé avec Bertram. ( p.813, Acte 3, sc.4)
  IMPÉRATIFS SOCIAUX
  Le Chambellan

trahison





dissimulation






feu



corps



finances
Chevalière, la cour est un lieu sacré où l'homme doit tenir sous son contrôle les deux traîtres dont il ne peut se défaire: sa parole et son visage. S'il a peur, ils doivent exprimer le courage. S'il ment, la franchise. Il n'est pas malséant non plus, s'il leur arrive de parler vrai, qu'ils aient l'air de parler faux.

Cela donne à la vérité cet aspect équivoque qui la désavantage le moins vis-à-vis de l'hypocrisie... Prenons l'exemple que dans votre innocence vous avez choisi vous-même. Je renonce à l'exemple que dans votre innocence vous avez choisi vous-même.
Je renonce à l'exemple sur l'odeur de brûlé qui était mon enfance, je le sais, et j'en souffre. Ma nourrice, quand je touchais son sein, confondait mes lèvres et mes doigts, et la légende qui veut que je tienne cette particularité de mon ancêtre Onulpe, qui plongea par mégarde son poignet dans l'huile sainte, ne m'est pas une consolation... Mais tout humide que soit ma main, mon bras est long, il touche au trône, il obtient les récompenses et les disgrâces...
( p.784, Acte II, sc.9)

Comprenez donc que la politesse est une sorte de placement, et le meilleur! ( p.785, Acte II, sc.9)
  Le Chevalier Hans

syntaxe


vocabulaire






corps





animaux aquatiques fantastiques


Ondine est bavarde et comme son seul maître de cour a été la nature, elle tient sa syntaxe des rainettes et ses liaisons du vent.

Voici l'époque des tournois et des chasses: je tremble à l'idée des paroles qu'arracheront à Ondine ces spectacles où chaque passe, chaque figure de manège, chaque volte a son nom. ( p.781, Acte II, sc. 7)

Je réclame le droit pour les hommes d'être un peu seuls sur la terre. Ce n'est pourtant pas grand ce que Dieu leur a accordé, cette surface avec deux mètres de haut, entre ciel et enfer!... Ce n'est pourtant pas tellement attrayant, la vie humaine, avec ces gamins qu'il faut laver, ces rhumes qu'il faut moucher, ces cheveux qui vous quittent!...
Ce que je demande, c'est vivre sans sentir grouiller autour de nous, comme elles s'y acharnent, ces vies extra-humaines, ces harengs à corps de femme, ces vessies à tête d'enfant, ces lézards à lunettes et à cuisses de nymphe... Au matin de mon mariage, je demande à être, dans un monde vide de leurs visites, de leurs humeurs et de leurs accouplements, seul avec ma fiancée, enfin seul.
( p.811, Acte 3, sc. 3)
  L'IRRÉEL
  Auguste

rêve


phénomènes météorologiques

pêche



nature

Quand elle est partie, tout d'elle est parti. Quand elle est partie, elle n'est jamais venue. C'est un rêve Ondine! Il n'y a pas d'Ondine. ( p.762, Acte I, sc. 8)

...elle ne nous ferait plus ses signes que par des petits éclairs, des petites tempêtes, elle ne nous dirait plus qu'elle nous aime que par des vagues sur nos pieds, de la pluie sur nos joues, ou un poisson de mer dans ma nasse à brochets, que ça ne m'étonnerait pas... ( p.762, Acte I, sc. 7)

Marquée partout de ces creux que laissent deux amoureux étendus dans le sable. Mais il y en avait cent, mille... Comme si mille couples s'étaient enlacés au bord du lac, et qu'Ondine en était la fille... (pf.763, Acte I, sc. 8)
  Bertha
êtres
surnaturels




chasse
Quelle nymphe nous allons avoir au milieu de ces pédantes ou de ces dévotes!... Qu'il va être reposant de voir enfin la nature même se donner insouciante à la musique et aux danseurs! ( p.780, Acte II, sc. 6)

Tu croyais chercher les esprits. Tu n'as jamais suivi que la piste humaine... ( p.807, Acte 3, sc.1)
  Bertram
vie dans l'au-delà Elle est chaude, l'approche de l'enfer...
( p.819, Acte 3, sc.4)
  Le premier Juge

bornage de propriété







flore






travaux champêtres















cosmos

corps célestes

Certes, il est plus aisé de juger du bornage entre les vignes de deux bourgeois que du bornage entre les hommes et les esprits, mais l'interrogatoire ici s'annonce facile.
( p.810, Acte 3, sc. 3)

Une époque? Une siècle? À ma connaissance, chevalier, il y a eu tout au plus, un jour, un seul jour. Un seul jour, j'ai senti le monde délivré de ces doubles infernaux. En août dernier, sur les coterelles, derrière Augsbourg. C'était la moisson, et aucune ivraie ne doublait chaque épi, aucune nielle chaque bleuet. Je m'étais étendu sous un cormier, une pie au-dessus de moi, que ne doublait point un corbeau. Notre Souabe s'étendait jusqu'aux Alpes, verte et bleue, sans que je visse au-dessus d'elle la Souabe des airs peuplée d'anges à bec, ni au-dessous la Souabe d'enfer avec ses démones rouges. Sur la route, un lansquenet chevauchait, que n'accompagnait point le cavalier armé de faux. Sous les mais, les moissonneurs dansaient par couples auxquels ne s'entrelaçait point un tiers visqueux, à face de brochet. La roue du moulin tournait sur sa farine sans que la ceignît une roue immense dont les rayons battaient des damnés nus. Tout était voué au travail, aux cris, aux danses, et cependant je goûtais pour la première fois une solitude, la solitude humaine... Le cor de la diligence résonnait, sans que le doublât la trompette du Jugement... C'est le seul moment de ma vie, chevalier, où j’aie senti les esprits abandonner la terre aux hommes, où un appel inattendu les ait convoqués, vers d'autres retraites, d'autres planètes... C'était évidemment, si cela durait, la fin de notre carrière mon cher collègue. Mais nous ne risquions rien! Soudain, en une seconde, le lansquenet fut rejoint par la mort, les couples se trouvèrent trois, des balais et des lances pendaient par les nuages... L'autre planète les avait déçus; ils revenaient. En une seconde, tous étaient revenus. Ils avaient tout quitté, comètes, firmaments, feux du ciel, pour revenir me voir m'éponger et me moucher avec un mouchoir à losanges... ( p.811-812, Acte 3, sc. 3)
  Le second Juge



animaux-insectes
Mais le fait est indéniable: autour de chaque geste humain, le plus bas, le plus noble, affublés à la hâte de carcasse ou de peaux en velours, le nez en groin ou le derrière en dard de guêpe, comme si c'était un miracle, ils s'amassent et forment leur ronde... ( p.811, Acte 3, sc. 3)
  Ondine

apparition
surnaturelle


apparition
surnaturelle




animaux-flore
insectes
Et pendant ce temps, ils ont dans le cœur l'image d'une espèce de démon en cirage qu'ils appellent leur ange noir...
( p.758, Acte I, sc. 7)

Je le vois ici, l'ange noir, avec son ombre de moustache. Je le vois tout nu, l'ange noir, avec ses franges en poil. Ce genre d'ange noir a une queue frisée au creux des reins. C'est bien connu. ( p.758, Acte I, sc. 7)

C'est tout petit dans l'univers, le milieu où l'on oublie, ou l'on change d'avis, où l'on pardonne, l'humanité, comme vous dites... Chez nous, c'est comme chez le fauve, comme chez les feuilles du frêne, comme chez les chenilles il n'y a ni renoncement, ni pardon. ( p.794-795, Acte II, sc.11)
  Le second pêcheur
oiseaux



poissons
Elle est comme les coqs de bruyère, on peut s'approcher quand elle chante! ( p.809, Acte 3, sc.1I)

...qu'elles peuvent le rejoindre sur le ventre comme l'anguille l'étang... ( p.809, Acte 3, sc.2)
  MENSONGE
  Le Chevalier Hans

animaux
Au fond, nous autres hommes sommes tous les mêmes, mon vieux pêcheur. Vaniteux comme des pintades.
( p.752, Acte I, sc.5)
  Ondine

reptiles
J'aime mieux mes cheveux en filasse, comme elle dit, que ses nattes comme des serpents. Regardez-la, Altesse, elle a des vipères pour cheveux! ( p.792, Acte II, sc.11)
  La reine Yseult


amas
La transparence. Ils en ont peur. Elle leur paraît le pire secret. Dès que Hans verra que tu n'es pas un résidu de souvenirs, un amas de projets, un entassement d'impressions et de volontés, il aura peur, tu seras perdue.
( p.796, Acte II, sc.11)