L'Apollon de Bellac (1942)

Réseau positif
  AMOUR
  Agnès
vol




vol



corps masculin
Là où il y a un homme, je suis comme une voleuse dans un grand magasin qui sent sur son cou le souffle de l'inspecteur. ( p.897, sc.2)

J'ai envie de me débarrasser à toute force de l'objet volé et de le lui lancer en criant: laissez-moi fuir!
( p.897, sc.1I)

Leurs yeux de chien me plaisent, leur poil, leurs grands pieds. Et ils ont des organes bien à eux qui m'attendrissent, leur pomme d'Adam au repas par exemple. Mais dès qu'ils me regarder ou me parlent, je défaille. ( p.898, sc.2)
  LA VÉRITÉ DE LA BEAUTÉ
  Agnès
temps
saisons


matières premières



image
Ils sont si loin de moi. Et on ne touche pas le jour. Et on n'étreint pas l'automne. Je voudrais dire qu'elle est belle à la plus belle forme humaine. ( p.918, sc.9)

Mal. Moi, j'ai de pauvres yeux d'agate et d'éponge. Tu leur fais jouer un jeu cruel. Ils ne sont pas faits pour voir la beauté suprême. Elle leur fait plutôt mal. ( p.919, sc.9)

Comme c'est beau la vie dans un homme, quand on vient de voir la beauté dans un chromo... ( p.920, sc.9)
  Monsieur de Bellac

corps et mains






personnages
littéraires









religion





effets lumineux





matériaux



orfèvrerie


géométrie
Parce que vous vous entêtez à joindre l'idée de caresse à l'idée de beauté. Vous êtes comme toutes les femmes. Une femme qui trouve le ciel beau, c'est une femme qui caresse le ciel. Ce ne sont pas vos mains qui ont à parler, ni vos lèvres, ni votre joue, c'est votre cerveau. ( p.903, sc.4)

Et chacun a sa beauté, ses beautés. Sa beauté de corps: ceux qui sont massifs tiennent bien à la terre, ceux qui sont dégingandés pendent bien du ciel. Sa beauté d'occasion: le bossu sur le faîte de Notre-Dame est un chef-d'œuvre et ruisselle de beauté gothique. Il suffit de l'y amener. Sa beauté d'emploi enfin: le déménageur a sa beauté de déménageur. Le Président de Président. Le seul mécompte, c'est quand ils les échangent, quand le déménageur prend la beauté du Président, le Président du déménageur.
( p.914, sc. 8)

Que c'est le dieu de la beauté même qui vous ait visitée ce matin. Peut-être d'ailleurs est-ce vrai. C'est ce qui vous a vernie, et vous émeut, et vous oppresse... Et que soudain il se dévoile. Et que c'est moi. Et que je vous apparaisse dans ma vérité et mon soleil. Regardez-moi, Agnès. Regardez l'Apollon de Bellac. ( p.918, sc.9)

Des détails, naturellement? En voici: ma taille est une fois et demie la taille humaine. Ma tête est petite, et mesure le septième de mon corps. L'idée de l'équerre est venue aux géomètres de mes épaules, et l'idée de l'arc à Diane de mes sourcils. Je suis nu, et l'idée des cuirasses est venue aux orfèvres de cette nudité... ( p.918, sc.9)

Les yeux de la beauté sont implacables. Mes yeux sont d'or blanc et mes prunelles de graphite. L'idée de la mort est venue aux hommes des yeux de la beauté sont ravissants. Ils sont ce qui ne marche pas, ce qui ne touche pas terre, ce qui n'est jamais maculé. Jamais prisonnier. Les doigts en sont annelés et fuselés. Le second avance extraordinairement sur l'orteil, et de la cambrure, l'idée est venue aux poètes de l'orbe et de la dignité. ( p.919, sc.9)
  Le Président


révélation




corps humain






jouets



soleil-eau




objets familiers


révélation





miroirs



tradition chrétienne
Cette maison que je préside croupissait jusqu'à ce matin dans la tristesse, dans la paresse et dans la crasse. Vous l'avez effleurée, et je ne la connais plus. Mon huissier est devenu poli au point de saluer son ombre sur le mur. Mon secrétaire général entend assister au conseil en bras de chemise.
Comme les taches de soleil au printemps, de toutes les poches de ces Messieurs surgissent des miroirs où Monsieur Lépédura contemple avec orgueil la pomme d'Adam de Monsieur Lépédura, Monsieur Rasemutte avec volupté la verrue de Monsieur Rasemutte; que leur avez-vous fait? J'achète à votre prix votre recette. Elle est inestimable.
( p.909, sc. 7)

Ainsi les enfants remontent leur poupée mécanique. Mes fantoches sont remontés de frais dans la joie de vivre.
( p.909, sc. 7)

Le soleil l'(Agnès) habite et l'eau des sources.
( p.910, sc. 8)

Les femmes sont en ce bas monde pour nous dire ce qu'Agnès nous dit. On ne les a pas arrachées au fer de notre propre côte, pour qu'elles se lamentent sur la mauvaise foi des dissolvants pour ongles, ou médisent de leurs sœurs les femmes.
Elles sont sur terre pour dire aux hommes qu'ils sont beaux. Et celles qui doivent le plus dire aux hommes qu'ils sont beaux ce sont les plus belles. Et ce sont celles-là d'ailleurs qui le disent. ( p.913, sc. 8)

Merci, miroirs. Merci, reflets. Merci à tout ce qui me renverra désormais mon image ou ma voix. Merci, bassins de Versailles! Merci, écho! ( p.915, sc. 8)

Je n'attends plus rien. Je lui offre. Et je n'ai aucun remords. Jésus aussi a préféré Madeleine. ( p.916, sc. 8)
Réseau négatif
  MENSONGE
  Agnès

sculpture



effets lumineux



nature
Qu'elle est belle, quand vous vous redressez! On dirait celle du Penseur de Rodin... ( p.902, sc. 3)

Comme tu es beau, mon petit, mon grand lustre! Plus beau quand tu es allumé? Ne dis pas cela... Les autres lustres, oui. Les lampadaires, les becs de gaz, toi pas. Regarde, le soleil joue sur toi, tu es le lustre à soleil. La lampe Pigeon a besoin d'être allumée, ou l'étoile. Toi pas. Voilà ce que je voulais dire. Tu es beau comme une constellation, comme une constellation le serait, si au lieu d'être un faux lustre, pendu dans l'éternité, avec ses feux mal distants, elle était ce monument de merveilleux laiton, de splendide carton huilé, de bobèches en faux baccarat des Vosges et des montagnes disposées à espace égal qui sont ton visage et ton corps. ( p.904, sc.4)
  Monsieur de Bellac


objets familiers



êtres surnaturels






personnages
mythiques et
littéraires



décor



personnage
mythologique





règne animal



art dramatique


Ils croient qu'ils sont laids, mais qu'il est une femme qui peut les voir beaux, ils s'accrochent à elle. Elle est pour eux le lorgnon enchanté et régulateur d'un univers à yeux déformants. Ils ne la quittent plus.
( p.899, sc.2)

Cela va trop bien. J'ai déchaîné le diable. J'aurais dû me méfier de votre prénom. Mes lectures du XVIIIe auraient dû me rappeler que c'est avec les naïves qu'on fait en un jour les monstres...
( p.908, sc. 6)

Mais quand ce débat touche au cœur même de la vie humaine, comment me retenir! Depuis Adam et Ève, Samson et Dalila, Antoine et Cléopâtre, la question homme-femme reste entière et pendante entre les sexes. Si nous pouvons la régler une fois pour toutes aujourd'hui, ce sera tout bénéfice pour l'humanité! ( p.913, sc. 8)

Comment voulez-vous que le Président soit beau avec un entourage, dans un décor qui lui ressasse qu'il est laid?
( p.914, sc. 8)

Le seul Narcisse coupable est celui qui trouve les autres laids. Voyons, madame, comment le Président pouvait-il être inspiré pour ses dictées ou pour ses notes sous des yeux aussi peu indulgents? ( p.915, sc. 8)


Parce que l'œil du chien est fidèle et vous voit tel que vous êtes. Et un lion vous aurait inspiré des circulaires plus éloquentes encore, car le lion voit trois fois grandeur nature et à double relief. ( p.915, sc. 8)

Apprenez votre pensée à toucher. Supposez qu'il nous arrive ce qui arrive dans les pièces qui ont de la tradition, ce qui devrait arriver dans une vie qui se respecte... ( p.918, sc.9)
  L'huissier

art japonais

corps et silhouette
C'est avec les silhouettes que les Japonais ont fait ce qu'ils ont de mieux, les ombres chinoises. Et une silhouette dure. On a sa silhouette jusqu'à la mort.
Et après. Le squelette a sa silhouette. Mais ces nigaudes confondent silhouette et corps, et si l'autre niais prête tant soit peu l'oreille, c'est fait, elles se gâchent la vie, les imbéciles... On ne vit pas avec des silhouettes, mon enfant! ( p.902, sc. 3)
  IMPÉRATIFS SOCIAUX
  Agnès
effets lumineux

objets quotidiens


Voilà ma vie! Elle est d'ombre et de chair compressée, un peu meurtrie. Voilà ma conscience : c'est une cage d'escalier. ( p.919, sc.9)
  Le Président

flore




vêtements



objets familiers










objets familiers



photo-cinéma
Ce n'est point seulement que la maussaderie pousse sur votre peau comme l'agaric sur l'écorce, infiniment plus douce au toucher d'ailleurs, du châtaignier.
( p.910, sc. 7)

Cette gêne qui me prenait non seulement devant toi, mais devant tout ce qui est toi ou à toi, tes vêtements, tes objets. Ton jupon oublié sur un dos de fauteuil me raccourcissait de dix centimètres l'échine, comment aurais-je eu mes vraies dimensions? Tes bras sur un guéridon, et je me sentais une jambe plus courte que l'autre. Ta lime à ongles sur la table, et il me manquait un doigt: ils me disaient que j'étais laid. Et ta pendule en onyx des Alpes me le répétait chaque seconde. Et ton Gaulois mourant sur la cheminée! Pourquoi avais-je froid, à regarder le feu? C'est que ton Gaulois mourant me répétait dans son râle que j'étais laid. Il disparaîtra dès ce soir. Je ne tiendrai plus mes vérités et mon teint que de la flamme! ( p.914, sc. 8)

Il sera ce soir à la fonte. Avec les autres conjurés. Avec ton page florentin, qui de ses cuisses gantées insultait les miennes, avec ta bayadère à la grenouille qui de son ombilic tournait mon pauvre nombril en dérision. Jusqu'à tes chaises Directoire à dessus de crin qui disaient à mon derrière que je suis laid, et en le grattant. ( p.915, sc. 8)
Tu l'(la laideur) emportes avec toi. Tu l'as en pellicule sur l'âme et sur les yeux... ( p.917, sc. 8)
  Thérèse
corps


personnage mythologique

évasion
Mais tout de moi: mon cœur, mes artères, mes bras, te crient la vérité! Mes jambes! ( p.914, sc. 8)

J'avais laissé Oscar. Je retrouve Narcisse.
( p.915, sc. 8)

Je me réfugie dans le monde où la laideur existe.
( p.917, sc. 8)