2-L’odjoho : le rituel public

Odjoho désigne en langue Mbéti les réjouissances populaires, une grande kermesse reposant sur les danses, les festins et des rituels magico-religieux. Ces événements qui ont lieu dans un village durant 2 à 3 jours et nuits, regroupent les habitants de plusieurs villages, de toutes les générations; étaient jadis une manifestation de grande importance dans la perspective de la transmission d’une génération à une autre des schèmes de l’éthique Mbéti. Car l’atmosphère ludique et parfois permissive autorisait certains comportements tant de la part des parents que des enfants réduisant ainsi les barrières statutaires et favorisait des échanges inattendus entre les générations. Ainsi les parents pouvaient, par exemple, participer avec leurs enfants à des jeux ou des danses (un peu licencieuses) d’habitude réservés aux adolescents. Le père qui est de nature austère et craint par les enfants pouvait se laisser aller à des confidences sur son adolescence tumultueuse... C’est au cours de l’odjoho que les adolescents ou les jeunes pouvaient aborder librement avec les adultes certains sujets inabordables en temps normal comme la sexualité, la sorcellerie, les évènements douloureux intervenus dans leur lignage... C’était une sorte de forum sur la culture ethnique. Mais au fil des décennies, la configuration de l’odjoho a totalement changé pour devenir un rituel réservé exclusivement aux sociétés initiatiques et secrètes. Il est devenu, à la différence du kesa ¹⁰⁰ de l’ongondji ¹⁰¹ la manifestation publique de grande envergure qui permet à certaines institutions magico-religieuses d’associer les néophytes à leur dynamique. Dans le Ndjobi, l’odjoho est subdivisé en trois phases: l’odjoho okièhè, le lèyoho et l’odjoho onènè.