DEUXIEME PARTIE : L’ESSOR DU NDJOBI au Congo

L’essor du Ndjobi contemporain chez les Mbéti, les Tégué et les Wandji... du Congo et du Gabon suppose une adhésion de ces peuples à sa philosophie, à ses catégories normatives, à son mode d’action, à ses fonctions, à sa finalité et à ses objectifs. Il est aussi un indicateur intéressant pour observer son impact sur l’organisation sociale de ces groupes ethniques, sur les rapports inter-ethniques et surtout les relations entre le Ndjobi et les structures étatiques. Car sa multifonctionnalité fait apparaître une tendance hégémonique pouvant déboucher sur un conflit avec les autres structures ethniques et étatiques, ou une violence normative qui instituerait alors une perception monolithique des phénomènes sociaux. Mais cet essor du Ndjobi est d’autant plus intéressant d’analyser que nous sommes dans un pays à option politique marxiste-léniniste qui ’fait de la Religion (c’est-à-dire le système magico-religieux) l’opium du peuple’ et l’écueil majeur au développement socio-économique. Le système magico-cultuel est perçu comme une survivance du passé, un élément de l’obscurantisme ethnique notoire, un facteur d’aliénation et d’arriération culturelle cumulant toutes ces implications néfastes. Or cette conception marxisante de la religion transposée en Afrique occulte totalement l’importance du système magico-religieux dans l’organisation sociale, économique et politique de ces sociétés. Elle élude ainsi certaines problèmes fondamentaux. Car le développement économique et culturel, par exemple, des pays industrialisés comme le Japon, les U.S.A, l’Allemagne, la France... qui, malgré leur laïcité officielle, ont su conserver une place significative à la religion et à divers invariants de leur culture, ne remet-il pas en cause une telle perception? Et l’essor du Ndjobi pose explicitement le double problème de l’interdépendance entre les structures ethnique et étatique et du rapport entre elles.