Chant 3 : Texte en Mbéti

Traduction

Le Mvandé-officiant qui martèle durant trois à six minutes cette incantation présente la mort comme l’ultime sanction-vengeance d’une transgression de la loi. Détruire un bien collectif est considéré comme un égocentrisme similaire à un homicide. Il s’agit pour le Mvandé-officiant de faire jauger aux non-initiés les risques encourus. Autant la mort est redoutée de tous, autant son impact négatif peut être utilisé comme un moyen de faire prendre conscience de la gravité de certains actes. Ainsi la mort-sanction ne permettra pas au déviant d’accéder à l’ancestralité mais elle le conduira à dans l’anonymat. Elle symbolisera surtout la déviance. Enfin, quel que soit le cas de figure, l’esprit de l’incantation recoupe celui du chant, du conte et du proverbe dans le système de socialisation Mbéti. La substance verbale qui en ressort cristallise une philosophie dont on saisit la profondeur en analysant ces caractéristiques sémantiques et les commentaires qu’en font les aînés ou les parents.

La socialisation collective du Ndjobi est spécifique parce qu’elle associe à l’action des initiés à celle des esprits ancestraux, gémellaires et cosmiques. Elle repose aussi sur la ’sanction magique’ pour réprimer la déviance. Même la sensibilisation concerant la protection contre la sorcellerie procède d’abord de la socialisation de masse avant de prendre une allure répressive.

Notes
121.

Moli est un rituel vindicatif similaire au lembini. Il est effectué, dans la plupart des cas, par un officiant dont la compétence est reconnue par ses pairs. Malheureusement il a été souvent utilisé par les sorciers.