1.1- L’impact extra ethnique du Ndjobi au niveau régional

Il faut distinguer ici les incidences régionales des incidences nationales (quelles soient sociales ou politiques) parce que les cadres géographiques, les acteurs, le contexte social, le niveau de leur portée, les enjeux et les motivations sont différents. Ainsi la fiabilité des rites ordaliques et vindicatifs, par exemple, est un facteur déterminant dans une perspective régionale; tandis qu’elle n’a aucune incidence sur le pouvoir politique au niveau national qui, dans l’optique de la recherche de la cohésion nationale et de sa légitimation par les groupes humains, focalisera son attention sur leur représentativité symbolique, non pas dans ses structures sociales, mais à travers ses appareils de propagande. Dans le premier cas, les acteurs sont des ruraux et l’attente sociale est la résolution des problèmes liés à leur vécu quotidien; tandis que dans le second cas, il s’agit des hommes politiques, des intellectuels surtout citadins dont la visée demeure la conservation d’une position acquise ou une promotion professionnelle ou politique à l’échelle du pays ou d’une administration.

Cette distinction spécifie non seulement les enjeux régionaux des enjeux nationaux mais surtout elle confère à certains facteurs une portée singulière dans des situations précises qu’ils perdent lorsqu’ils sont placés dans un autre contexte social. Il y a là une production référentielle qui singularise les cadres géographiques et culturels. En même temps s’établit une différenciation symbolique qui reproduit certains schèmes dans les représentations sociales.

L’analyse de l’impact régional du Ndjobi nécessite une mise en perspective historique qui circonscrit la problématique au niveau régional et la situation qui prévalait entre 1969 et 1977: la prolifération des attaques en sorcellerie à travers certaines pratiques comme l’andjimba, le mombandzi, le mouandza..., la systématisation des actions répressives des autorités judiciaires régionales contre les auteurs des actes déviants, l’action du devin-guérisseur Oto entre 1970 et 1973 et celle des groupes anti-andjimba dans les préfectures de Makoua et d’Owando à partir d’Octobre 1975145.

Le climat délétère créa un sentiment d’insécurité généralisée au niveau régional qui engendra divers comportements: le soupçon d’appartenance à un groupe de sorciers, la méfiance vis à vis des voisins, et le renforcement du système de protection individuelle et lignagère. Et l’ampleur du phénomène fut telle que certains chefs des villages (à l’instar des chefs lignagers et familiaux) Mina, Oka-Bambo, Oyabi, Omboye, Ontchouomo, Tsama, Yaba-Mbéti... prirent l’initiative individuellement de protéger l’ensemble des habitants contre d’éventuelles agressions sorcellaires extérieures qui rappelaient l’ère des razzias. Certains villages acquirent même la réputation d’inviolabilité de leurs espaces qui s’apparentait à une sorte de fortification invisible et magique érigée autour des habitats. Ces mesures préventives n’ont pas pour autant éradiqué les attaques en sorcellerie dans le terroir. Paradoxalement, cela laissait supposer qu’elles étaient perpétrées par les habitants de ces villages en connivence avec ces chefs villageois. Cette hypothèse se confirma dans certains villages tels que Tsama ou M. L F, Mboma ou M. K, Yaba-Mbéti ou M A P...avaient reconnu quelques années plus tard leur culpabilité. Elle donnait l’impression t d’impuissance des Mbéti face à la sorcellerie.

C’est dans cette optique, il faut évoquer l’initiative de M. Ongolo l’un des anciens chefs du village de Tsama vers 1950. A l’occasion de l’officialisation du nouveau site du village, il avait rendu public un acte qu’il avait conçu et réalisé à l’insu des autres dignitaires lignagers (c’est-à-dire le collège des sages). Il s’agissait de la protection magique de cet espace contre tout acte maléfique. Et pour signifier sa détermination et la portée de son acte, il avait juré devant les siens que la foudre ne s’abattrait jamais sur Tsama. Et que si cela arrivait un jour, les habitants verraient Ongolo nu (qu’il soit vivant ou mort) traverser son village; et l’auteur de cet acte succomberait dans les jours suivants son acte quel que soit son lieu de résidence146. Mais ce pacte d’inviolabilité de l’espace de Tsama a été rompu en avril 1988 par les effets concomitants de la foudre et de la tornade. En effet, la foudre s’est abattue sur le bâtiment central du Collège dont la toiture fut, quelques minutes plus tard, emportée par la tornade. Ongolo a-t-il apparu dans le village? L’auteur de cet acte est-il mort ? Personne à Tsama n’a la preuve de cette apparition mystérieuse, ni des conséquences supposées sur l’auteur de cet acte. Ne s’agissait-il pas d’un acte visant à rassurer les habitants de cette localité ou à montrer son charisme pendant la période coloniale où les chefs de lignage et de village étaient de plus en plus sollicités par les leurs ?

Le sentiment d’insécurité et cette nécessité de sécurisation accroissent dans d’autres communautés le recours à des amulettes ou d’autres objets magiques. Mais certains d’entre eux se trouvent floués par les concepteurs d’amulettes. En effet, il arrivait que le concepteur de l’amulette soit aussi un sorcier. Selon son gré, il pouvait pendant sa conception soit introduire une composante mortelle, soit subtiliser un élément symbolique de la personnalité du sollicitant (tel que les cheveux ou les rognures des ongles) pour un autre usage. Ainsi l’amulette ne protégera le lignage ou la famille que pendant deux ou trois ans, pour devenir mortelle plus tard. Un malien nommé M.T.147 profita de la naïveté de certaines personnes dans la ville d’Etoumbi et ses environs. Or ce comportement n’est pas de nature à rassurer les sollicitants dupés; mais plutôt à créer un sentiment de suspicion sur tous ceux qui prétendent maîtriser certains phénomènes magico-religieux.

A ce premier facteur d’instabilité, il faut ajouter la conflictualité souvent vive ou latente entre les groupes ethniques, consécutive à certains comportements qui ont touché leurs membre ou leur personnalité collective à un moment donné de leur existence, pour jauger la nature des rapports interethniques et saisir réellement l’impact du Ndjobi chez les Kouyou, Makoua, Mbochi, Likouba... Quelques faits suffiront pour dégager la complexité des rapports interethniques dans la région de la Cuvette malgré les apparences d’une cohabitation pacifique entre des groupes ethniques.

Comme il existe quelques structures administratives et industrielles dans cette région, les populations des préfectures où elles sont installées les considèrent comme un patrimoine collectif au point que, malgré leur vétusté, elles sont prêtes à tout pour les conserver sur leur terroir contre certaines décisions administratives de délocalisation; même si leur répartition territoriale privilégie certaines zones au détriment d’autres. Ainsi la tentative très maladroite des autorités nationales de regrouper les directions régionales des diverses structures administratives à Owando (Chef-lieu de la région de la région de la Cuvette) fut à l’origine de diverses tensions entre les groupes ethniques censés tirer profit de cette mesure et ceux qui étaient lésés.

La première décision de transférer la direction régionale des travaux publics et la sécurité sociale de la commune de Makoua à Owando en 1973 déclencha une tension entre les Kouyou et les Makoua. Les seconds accusant les premiers, à travers le Chef de l’Etat148 (d’origine Kouyou), de vouloir affaiblir la position administrative (datant de l’ère coloniale)149 de leur préfecture. La population de cette préfecture s’était alors mobilisée pour manifester sa désapprobation en séquestrant les fonctionnaires et en menaçant de les exécuter en cas d’application. Ensuite l’un des coups d’Etat manqués contre le régime l’année suivante, organisé par quelques officiers d’origine Makoua, détériora totalement les relations interethniques au point que même les rencontres sportives opposant les équipes appartenant aux deux préfectures s’achevaient souvent par des disputes impliquant les sportifs et les populations locales.

Toujours la même année 1973, les autorités décidèrent de délocaliser l’huilerie de la commune d’Etoumbi vers Owando. Là encore la mobilisation des habitants notamment les Mbéti, Tégué, Kota, les Ngaré et les Mboko et les barricades érigées dans les rues menant à l’huilerie par les ouvriers armés de machettes et de haches firent échec à cette tentative. Là encore la responsabilité des détenteurs du pouvoir de l’époque est mise en cause. Si bien que lors d’une de ses visites dans la préfecture de Kellé, ils ont dû se justifier publiquement sur cette affaire sans pouvoir convaincre les habitants de ces localités. Selon ces derniers, se profile toujours la stratégie hégémonique des Kouyou sur la région à travers cette tentative pour rassembler les structures économiques et administratives dans leur pays.

Enfin l’un des faits graves qui illustre la détérioration des rapports entre les Kouyou et les Mbéti sera l’assassinat de deux fonctionnaires Mbéti par un groupe d’hommes Kouyou à Owando en août 1976 en représailles, semble-t-il, de l’assassinat politique du caporal chef de la police Ongoka (d’origine Kouyou) à Etoumbi. En réalité, il s’agissait déjà des débuts de la lutte pour le pouvoir entre les Kouyou et les Mbochi. Et l’assassinat de ce caporal chef fut transformé en règlement de compte entre le chef et son adjoint par le pouvoir politique pour justifier la vengeance des Kouyou sur les deux fonctionnaires Mbéti à Owando; l’auteur désigné de cet acte avait été, en effet, un caporal de la police d’origine Mbéti.

Ces quelques exemples illustrent la conflictualité existant entre quelques groupes ethniques; mais cela ne revient pas à dire que cette situation est généralisée à l’échelle régionale. Certaines relations interethniques sont très bonnes au point que la cohabitation pacifique dynamise les échanges. C’est le cas entre les Ngaré et les Makoua, les Ngaré et les Mbéti ou les Tégué et les Mbochi, les Mbochi et les Likouba...

Cependant ce choix d’exemples conflictuels vise à montrer le climat d’hostilité qui prévalait à l’époque entre certaines communautés de la région pour mieux saisir l’important rôle joué du Ndjobi dans un contexte de lutte hégémonique. Et ce contexte fait que chaque groupe ethnique cherche à affirmer son identité, sa force ou sa supériorité à la fois par des moyens naturels et magiques, institutionnels ou officieux. Ceux qui détiennent réellement les instruments du pouvoir étatique peuvent, par exemple, les utiliser pour montrer leur supériorité tandis que ceux en sont dépourvus emploieront souvent ces moyens occultes.

Ces faits peuvent paraître anodins pour certains observateurs. Mais ils ont ici un sens particulier parce qu’ils transcrivent de manière explicite la nature des rapports interethniques. Ce contexte fait que l’impact du Ndjobi ne peut être analysé qu’à travers quelques variables comme la fiabilité des rites ordaliques, vindicatifs et thérapeutiques, la mort des initiés non-Mbéti (qui étaient des sorciers très redouté dans leur milieu) quand ils tentent de récidiver ou refusent d’admettre leur culpabilité pour des homicides confirmés par le rite ordalique, l’éradication des différentes attaques en sorcellerie d’origine étrangère perpétrées et utilisées par les Mbéti dans leur pays, la fiabilité de la protection magique du Ndjobi pour certains initiés contre les tentatives des sorciers membres de ces groupes ethniques, la mort des assassins des deux fonctionnaires Mbéti à Owando.

En effet les chefs de fouoyi du pays Mbéti avaient constaté que les initiations au Ndjobi des membres des communautés voisines (notamment Makoua, Kouyou, Mbochi...) avaient pour objet primordial la recherche de la vérité dans des affaires de sorcellerie, d’homicide ou de guérison pour une maladie maléfique qui leur était difficile à guérir. Souvent les rituels du Ndjobi étaient le dernier recours lorsque leurs propres procédures avaient échoué. Et l’importance de ces affaires nécessitait obligatoirement la présence des différents protagonistes pour qu’il n’y ait pas de subterfuge, permettant de nier sa culpabilité ou l’innocence de la partie adverse. Cette exigence amenait à prendre toutes les précautions et à révéler le résultat aux protagonistes pour qu’il n’y ait pas de dissimulation des faits.

Certains Anga-ndjobi citent souvent l’exemple du père d’un ancien dignitaire du régime congolais (de 1977 à 1992) qui fut initié en août 1984 parce que pesait sur lui le soupçon de sa culpabilité dans le décès de son épouse. Le rite ordalique avait alors confirmé sa culpabilité qu’il nia. Comme le prescrivent les normes du Ndjobi dans ce cas de figure, les Mvandé-officiants du fouoyi lui ont accordé six mois d’observation. Mais il mourut deux mois après son initiation. Et l’un de ses accolytes contraint à l’initiation reconnut les faits pour échapper au même destin.

Pour la recherche de la guérison des maladies attribuées aux sorciers, la fiabilité de la thérapie ndjobiste attire beaucoup de malades non-Mbéti dans les village-fouoyi. Souvent ces derniers sont orientés par leurs devins-guérisseurs ou par des personnes ayant été soignées par ces procédés. Et la particularité de ces rituels est non seulement la guérison du malade mais aussi le décès de l’auteur de l’acte maléfique. Ce qui est à la fois rassurant pour la victime qui n’aura plus à redouter son bourreau et accroît dans ces communautés la confiance en la fiabilité du Ndjobi. La mort, par exemple, au village d’Etouomi d’un de ses habitants en 1985 (qui était soupçonné d’être l’auteur d’agressions sorcellaires sur les adolescents scolarisés) après l’initiation au fouoyi d’Akoua d’une de ses victimes ou celle des assassins des deux fonctionnaires Mbéti à Owando consécutif à la réalisation du rite vindicatif (lembini) effectué dans un fouoyi du pays Mbéti (avec l’aval de tous les Anga-fouoyi du pays Mbéti), sont symptomatiques de la capacité du Ndjobi à sanctionner les déviants en dehors du pays Mbéti.

Dans le même ordre, j’avais analysé précédemment (cf. Chapitre IV le lembini) la mort des auteurs de l’empoisonnement d’un élève-officier (d’origine Mbéti) de l’Ecole Miltaire de Madagascar. Il s’agit de montrer l’efficacité répressive du Ndjobi sur les meurtriers sur les Mbéti quelque soit leur résidence ou le lieu où l’acte était commis de. Ce qui suppose la maîtrise de plusieurs paramètres qui affaiblissent la protection de son auteur.

Enfin la fiabilité de la protection des initiés Mbéti en dehors de leur terroir qui s’inscrit dans la perspective d’une lutte pour l’hégémonie territoriale entre le Ndjobi et les andjimba est une des données essentielles. En effet, beaucoup d’initiés avaient été l’objet de multiples tentatives d’empoisonnement mystérieuses ou d’attaques en sorcellerie de la part des non-Mbéti qui visaient souvent à tester leur capacité de protection. Et on constatait que dans la plupart des cas, leurs auteurs mouraient après leur échec ou tombaient malades. Le devin-guérisseur A.V.(d’origine Mbéti) qui, durant près deux ans, avait travaillé dans la commune de Makoua reconnaissait qu’il avait d’abord subi des tentatives d’intimidation physique de la part des sorciers de la localité. Mais son obstination avait amené ces derniers à changer de tactique en procédant par plusieurs agressions sorcellaires qui échouèrent. L’un d’eux tombé malade avouait publiquement sa participation à une tentative d’agression contre lui. D’autres affaires de même type concernant certains fonctionnaires initiés ont été signalées à Owando, Boundji, Ewo, Brazzaville...

Ces faits mettent en évidence la fiabilité ou plutôt la supériorité de l’efficacité magique attribuée au Ndjobi par rapport aux pratiques maléfiques répandues et redoutées dans ces communautés. Ces pratiques sont connues au niveau national comme l’andjimba, le mouandza ou le mombandzi. Et certains membres de ces groupes ethniques, au comportement ostentatoire, ne s’offusquent pas de les utiliser contre les éventuels ennemis. Tandis que le Ndjobi est perçu, au contraire, dans ces groupes ethniques comme un antidote universel contre les diverses pratiques maléfiques. Cette perception confère aux Mbéti même non-initiés une invulnérabilité supposée par rapport aux membres d’autres communautés de la région. Cette opinion découle d’une idée très répandue qui fait du Mbéti ipso facto un initié au Ndjobi. Ce qui est d’ailleurs erroné. Il en est de même pour la fiabilité du Ndjobi ou du mouandza. L’un et l’autre échouent dans certains cas.

Néanmoins cette identification réciproque entre Ndjobi et Mbéti et la qualité d’antidote universel qui lui est attribuée rectifient certaines idées préconçues qui surestimaient les capacités de nuire, par les moyens surhumains, des uns par rapport aux autres. Le Mbéti est donc redouté au tant que le Makoua, le Mbochi, le Kouyou... sur le plan magico-religieux. Par conséquent le Ndjobi contemporain devient, à l’instar de l’Ompièlè et du Gaulle (les deux principales versions du Ndjobi originel qui ont jadis marqué les rapports entre les Mbéti et leurs voisins), l’une des variables qui incarne mieux l’identité Mbéti. Et l’identification du Mbéti au Ndjobi confond la personnalité de l’individu avec la puissance magique de la société initiatique. Cette double perception (du Ndjobi et du Mbéti) établit une sorte d’équilibre des forces dans la région dans la mesure où les Makoua, les Mbochi, les Kouyou... ne sont plus les seuls capables d’actes mortels, ostentatoires ou répressifs.

Il s’agit là, en réalité, de nouveaux phénomènes qui résultent de l’urbanisation et de l’intensification des relations interethniques qui caricaturent certaines fonctions des systèmes magico-religieux et les fondent dans l’univers des pratiques maléfiques. Et pourtant, elles sont devenues, de ce fait, un moyen pour chaque groupe humain dans un monde de plus en plus concurrentiel et conflictuel, d’affirmer son identité et de valoriser son habitus. Et de cette manière, aucun système n’échappe de quelque manière que ce soit à une sorte de prosélytisme diffus. L’expansionnisme culturel, au travers de la vulgarisation des catégories normatives, des modes d’action... devient une stratégie générale; même si ces systèmes n’ont pas encore atteint le niveau des religions universalistes. Il semble influencer le comportement des autorités politiques locales.

Notes
145.

Les autorités judiciaires décidèrent l’incarcération de tous les sorciers après avoir obtenu leurs aveux lors des rituels divinatoires publics effectués par le devin-guérisseur Oto; qui devait aussi déposséder les sorciers de leurs objets magiques maléfiques et les neutralisait. Cette action s’achevait toujours pour chaque sorcier par l’absorption d’une potion magique. Et la récidive était, de facto, sanctionnée par la mort du sorcier. Nombreux furent condamnés à de lourdes peines de prison par le tribunal d’Owando. Sur cette lancée fut créé officieusement dans la commune de Makoua (entre 1975-1977) un ’groupe de justiciers’ chargé de traquer et d’exécuter les adjimba déjà identifiés. Il les enlevait la plupart du temps la nuit à leur domicile. Ces derniers étaient, dès leur arrestation, enfermés dans de gros sacs (fabriqués en fibres ) auquel les justiciers accrochaient des gros cailloux pour qu’il atteigne facilement le lit du fleuve Likouala-Mossaka. Ensuite ils les jetaient à l’eau sous une pluie diluvienne vers 4 heures du matin pour qu’il n’y ait pas de témoin à cette sorte d’exécution sommaire. A cela, il faut ajouter les exécutions publiques par pendaison ou par décapitation.

146.

L’un des petits- fils d’Ongolo et actuel chef du village de Tsama m’avit raconté certains actes effectués lors de son règne. Par exemple, on lui attribua, pendant la colonisation, la disparition du village au moment où les administrateurs coloniaux venaient effectuer le recrutement des futurs militaires pour les guerres mondiales ou pour les travaux de construction du C.F.C.O, des ports de Brazzaville et Pointe-Noire... Le village de Tsama disparaissait souvent de la carte dès que ces derniers l’approchaient; sans qu’ils n’arrivent à expliquer ce phénomène. Si bien que Tsama n’a pas eu d’anciens combattants, ni d’ouvriers pour les grands travaux effectués au Congo à cette époque.

147.

M. T, habitant Etoumbi, fut expulsé du Congo en 1976. Il serait l’auteur de funestes manoeuvres ayant abouti à de multiples naissances d’enfants handicapés dans cette commune. L’acte qui révéla aux habitants d’Etoumbi sa puissance magique fut la sanction qu’il infligea à l’amant de son épouse. Le sexe de ce dernier resta en érection après l’acte sexuel durant 48 heures. Il a fallu que M.T.(qui avait reconnu sa responsabilité dans cet acte) administre une potion sur l’organe affecté pour que le malade recouvre, quelques heures plus tard, sa santé.

148.

Il faut souligner que de 1968 à 1977 le Président de la République Marien Ngouabi était d’origine kouyou, suivi d’un autre Kouyou M. Yhombi Opangault de 1977 à 1979. Ce règne Kouyou prit fin avec l’arrivée au pouvoir de Sassou-Nguesso, d’origine Mbochi de 1979 à 1992, originaire de la région de la Cuvette comme ses prédécesseurs.

149.

En effet le seul Lycée à l’époque est celui de la commune de Makoua. Il y a aussi le séminaire catholique, deux collèges, les directions régionales de la sécurité sociale et des travaux publics, un dispensaire, une supérette de l’Etat, un aérodrome, une ferme et une unité de transformation de manioc faisant de cette commune la mieux équipée du Nord-Congo.